Gliomes : lien cancer et téléphone portable

Cancer et portable

15 mai 2014

Il faut utiliser une oreillette (filaire ou bluetooth) ou éloigner le téléphone portable de sa tête dans les secondes qui suivent la numérotation, et chaque fois qu’il n’y a qu’une ou deux barrettes sur le téléphone.

Des cher­cheurs fran­çais ont mis en évidence le risque accru de tumeurs pour les uti­li­sa­teurs inten­sifs de télé­phone mobile. Au-delà de trente minu­tes par jour, soit plus de quinze heures d’appels par mois, la pru­dence est requise : les ris­ques de déve­lop­per un gliome, l’un des can­cers du cer­veau les plus cou­rants, sont mul­ti­pliés par quatre.

C’est la conclu­sion tirée par une équipe de cher­cheurs bor­de­lais de l’ISPED, l’Institut de santé publi­que, d’épidémiologie et de déve­lop­pe­ment, dans une étude publiée dans la revue scien­ti­fi­que Occupational and Environmental Medecine (qui dépend du groupe British Medical Journal). : http://oem.bmj.com/content/early/2014/05/09/oemed-2013-101754.short?g=w_oem_ahead_tab

L’objec­tif était d’ana­ly­ser l’asso­cia­tion entre l’expo­si­tion au télé­phone mobile et les tumeurs du sys­tème ner­veux cen­tral pri­mai­res (glio­mes et ménin­gio­mes) chez les adul­tes. Ces don­nées sup­plé­men­tai­res appuient les conclu­sions anté­rieu­res concer­nant une asso­cia­tion pos­si­ble entre une uti­li­sa­tion inten­sive du télé­phone mobile et les tumeurs céré­bra­les.

L’étude, bap­ti­sée « Cerenat », regroupe toutes les tumeurs céré­bra­les, béni­gnes ou mali­gnes, sur­ve­nues entre juin 2004 et mai 2006 chez les per­son­nes de plus de 15 ans. Les cher­cheurs bor­de­lais ont ana­lysé le profil des mala­des uti­li­sa­teurs de télé­phone por­ta­ble dans quatre dépar­te­ments fran­çais : la Gironde, le Calvados, la Manche et l’Hérault. Ils ont ensuite com­paré ces pro­fils avec celui de rési­dents de ces dépar­te­ments, du même âge, de même sexe, uti­li­sant eux aussi des télé­pho­nes por­ta­bles mais n’ayant pas eu de tumeur au cer­veau.

Pour les scien­ti­fi­ques, impos­si­ble de déter­mi­ner un seuil cri­ti­que à partir duquel le risque aug­mente signi­fi­ca­ti­ve­ment, mais selon eux, le kit mains libres est à pri­vi­lé­gier, et les excès de consom­ma­tion doi­vent être limi­tés.

La plus grosse étude réa­li­sée à ce jour sur les ris­ques des por­ta­bles est l’étude Interphone menée dans 13 pays (Allemagne, Australie, Canada, Danemark, Finlande, France, Israël, Italie, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Suède) et pilo­tée par le Centre inter­na­tio­nal de recher­che sur le cancer (Circ, émanation de l’OMS).

Dans ses conclu­sions ren­dues publi­ques en 2010, elle avait fait appa­raî­tre un risque de gliome de 40% supé­rieur et un risque de ménin­giome de 15% supé­rieur pour les per­son­nes décla­rant une uti­li­sa­tion fré­quente et habi­tuel­le­ment « du même côté de la tête que la tumeur ».

Réunis à Lyon en 2011 à l’ini­tia­tive de l’Organisation mon­diale de la santé (OMS), une tren­taine d’experts inter­na­tio­naux avaient estimé que l’usage du por­ta­ble pou­vait être can­cé­ro­gène pour l’homme et réclamé que de nou­vel­les études soient menées sur l’uti­li­sa­tion inten­sive et sur le long terme des télé­pho­nes por­ta­bles. En atten­dant, ils avaient plaidé pour l’uti­li­sa­tion de « kits mains libres » et la pra­ti­que des SMS.

L’Institut natio­nal de pré­ven­tion et d’éducation pour la santé a ras­sem­blé sur un site les recom­man­da­tions essen­tiel­les sur le bon usage du por­ta­ble. Il faut uti­li­ser une oreillette (filaire ou blue­tooth) ou éloigner le télé­phone por­ta­ble de sa tête lors­que les émissions d’ondes sont les plus fortes. En par­ti­cu­lier dans les secondes qui sui­vent la numé­ro­ta­tion, et chaque fois qu’il n’y a qu’une ou deux bar­ret­tes sur le télé­phone, dans les zones où la récep­tion est mau­vaise (par­kings sou­ter­rains, ascen­seurs, lieux confi­nés). Lorsque l’on achète un appa­reil, « il faut pri­vi­lé­gier les télé­pho­nes ayant le DAS (débit d’absorp­tion spé­ci­fi­que) le plus faible.

A l’inverse, d’autres équipes n’ont pas conclu à l’exis­tence d’une telle asso­cia­tion, mais leur finan­ce­ment par les opé­ra­teurs de télé­pho­nie a semé le doute. Au-delà de ces débats, la démons­tra­tion de la noci­vité des por­ta­bles est com­pli­quée par plu­sieurs fac­teurs. L’uti­li­sa­tion du télé­phone mobile est une pra­ti­que récente. Les appa­reils ont changé, émettant moins de radio­fré­quen­ces, mais le nombre d’uti­li­sa­teurs a explosé et l’usage inten­sif, notam­ment chez les jeunes, est plus répandu. La len­teur du déve­lop­pe­ment de cer­tai­nes tumeurs céré­bra­les, comme les ménin­gio­mes, ne permet pas encore une réponse com­plète avec cer­ti­tude.

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