Les usagers plébiscitent un système de santé solidaire privilégiant le financement collectif (68%) plutôt qu’individuel (14%).

5 avril 2010

C’est l’un des principaux enseignements de la consultation en ligne « Santé solidaire en danger ? », réalisée par l’institut LH2 pour le CISS. 4219 personnes y ont participé entre le 16 novembre 2009 et le 31 janvier 2010.

Les usa­gers expri­ment une forte volonté de soli­da­rité sur la base d’un triple cons­tat :
- un effri­te­ment, pres­que una­ni­me­ment perçu et cri­ti­qué, des piliers de la santé soli­daire ;
- la néces­sité de pri­vi­lé­gier le recours aux contri­bu­tions col­lec­ti­ves pour répon­dre à l’enjeu du finan­ce­ment des dépen­ses de santé ;
- l’expres­sion d’atten­tes en matière de ges­tion et d’orga­ni­sa­tion du sys­tème de santé pour opti­mi­ser les dépen­ses en la matière.

L’effri­te­ment des piliers de la santé soli­daire :
- Un sys­tème de soins qui n’est pas perçu comme garan­tis­sant un égal accès aux soins selon les reve­nus pour 7 répon­dants sur 10.
- Un niveau de prise en charge des dépen­ses par la Sécurité sociale peu satis­fai­sant dans près de 70 % des répon­ses.
- La per­cep­tion d’un glis­se­ment des rem­bour­se­ments du régime obli­ga­toire vers les mutuel­les pour plus de 80 % des répon­dants

Face au désen­ga­ge­ment de l’Assurance mala­die, un rôle crois­sant des com­plé­men­tai­res santé qui n’est pas sans consé­quen­ces finan­ciè­res pour les assu­rés
- Des niveaux de rem­bour­se­ment moin­dres du régime de base qui impo­sent le recours à une assu­rance com­plé­men­taire pour près de 90 % des répon­dants.
- Près de 80 % des répon­dants cons­ta­tent une aug­men­ta­tion du coût des assu­ran­ces com­plé­men­tai­res, ce qui peut même faire envi­sa­ger chez cer­tains la baisse du niveau de cou­ver­ture ou la recher­che d’un contrat moins cher.
- Le refus d’un rôle plus impor­tant des com­plé­men­tai­res dans le rem­bour­se­ment cor­ré­lant l’oppo­si­tion quasi una­nime (86%) d’un rôle décrois­sant de l’assu­rance mala­die.

Le recours néces­saire aux contri­bu­tions col­lec­ti­ves pour répon­dre au finan­ce­ment des dépen­ses de santé

Il faut d’abord noter que plus des ¾ des répon­dants envi­sa­gent les dépen­ses de santé non pas comme un far­deau pour la col­lec­ti­vité, mais comme un inves­tis­se­ment posi­tif pour la société : à leurs yeux l’enjeu ne porte donc pas sur leur réduc­tion mais sur leurs sour­ces de finan­ce­ment.

Dans ce contexte, s’il faut contri­buer davan­tage, les efforts consen­tis doi­vent rester col­lec­tifs pour 68% des répon­dants et par­ta­gés entre tous les usa­gers (89% des répon­dants s’oppo­sent à l’aug­men­ta­tion des for­faits et fran­chi­ses qui pèsent sur les seuls mala­des).

Des atten­tes en matière de ges­tion et d’orga­ni­sa­tion du sys­tème de santé
- Une répar­ti­tion jugée iné­gale des pro­fes­sion­nels et struc­tu­res de santé sur le ter­ri­toire.
- La coor­di­na­tion des soins n’est pas non plus jugée opti­male, sur­tout entre méde­cine de ville et hos­pi­ta­lière (seuls 56% se jugent bien orien­tés dans ce contexte).
- La pré­ven­tion n’est pas res­sen­tie comme suf­fi­sam­ment prise en compte dans les pra­ti­ques médi­ca­les par 7 répon­dants sur 10.

Pour amé­lio­rer le sys­tème de soins, des contrain­tes d’ins­tal­la­tion et de rému­né­ra­tion des pra­ti­ciens sont jugées légi­ti­mes
- Pour opti­mi­ser le sys­tème, et alors que la France connaît un pro­blème de démo­gra­phie médi­cale, trois quarts des répon­dants (et 81% à la cam­pa­gne) sont favo­ra­bles au fait de limi­ter la liberté d’ins­tal­la­tion des méde­cins.
- La même pro­por­tion est par ailleurs favo­ra­ble au fait d’enca­drer davan­tage leur rému­né­ra­tion.

La loi HPST, qui a suivi des Etats géné­raux de l’orga­ni­sa­tion de la santé trop confi­den­tiels, ne per­met­tra pas à elle seule de rele­ver les défis du sys­tème de santé : finan­ce­ment de la cou­ver­ture, égalité d’accès à des soins de qua­lité pour tous et sur tout le ter­ri­toire, santé publi­que.

Nous sommes face à une crise de sys­tème qu’il convient de résou­dre en lan­çant un grand débat sur les prio­ri­tés de notre sys­tème de santé :
- Equité dans les contrain­tes pour l’ensem­ble des acteurs, usa­gers comme pour­voyeurs de soins.
- Nouvelles sour­ces de finan­ce­ment pour moder­ni­ser l’offre ambu­la­toire et répon­dre au défi de 10% du budget de la santé pour la pré­ven­tion en 2010, comme s’y est engagé le pré­si­dent de la République à Bletterans ?

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