Le Conseil Régional de l’Ordre Infirmier IDF alerte la Ministre

28 septembre 2008

Par courrier du 16 septembre 2008, le CROI d’ile de France adresse ses amendements au projet de loi Bachelot "Hôpital Patient Santé Territoire", et lui demande d’attendre la mise en place de l’Ordre National pour toucher au décret d’actes infirmier

Madame la Ministre,

Le Conseil Régional de l’Ordre des Infirmiers de l’Ile de France que je pré­side, a été ins­tallé dans ses fonc­tions le 4 sep­tem­bre der­nier et repré­sente 80 000 infir­miers et 8 dépar­te­ments.

Dans le cadre de la mis­sion de coor­di­na­tion des Conseils dépar­te­men­taux que lui confère l’Art L.4312-5., je viens par la pré­sente renou­ve­ler la plus vive inquié­tude des infir­miers d’Ile de France concer­nant :

1 Les modi­fi­ca­tions de textes régis­sant la pro­fes­sion d’infir­mière et notam­ment celles concer­nant tes arti­cles L 4161-1 et R 4311-1 à 15 du Code de la Santé Publique pré­vues sans atten­dre que notre Conseil National soit opé­ra­tion­nel. Bien que ces modi­fi­ca­tions ne soient pas pour l’ins­tant insé­rées dans votre projet « Hôpital, patients, santé et ter­ri­toi­res » , les infir­miers n’ont à ce jour aucune assu­rance que ce projet d’arti­cle (déjà rédigé par vos ser­vi­ces en total désac­cord avec les prin­ci­paux syn­di­cats repré­sen­ta­tifs et la majo­rité des conseils dépar­te­men­taux de l’ordre des infir­miers) ne fera pas l’objet au der­nier moment d’un amen­de­ment, remet­tant en cause notre décret d’actes, qui est le texte fon­da­men­tal de note exer­cice.

2 La décou­verte par la pro­fes­sion, à la lec­ture de votre projet de loi « Hôpital, patients, santé et ter­ri­toi­res » de votre choix de faire dis­pa­raî­tre les infir­miers de toutes les fonc­tions, reconnais­sance de res­pon­sa­bi­li­tés et de repré­sen­ta­ti­vité, pour­tant essen­tiel­les à la qua­lité et la sécu­rité des soins, que ce soit au sein de l’hôpi­tal comme en ambu­la­toire. Par exempte, le fait que la Commission des Soins infir­miers, de réé­du­ca­tion et médico-tech­ni­que des Etablissements de Santé soit tota­le­ment igno­rée choque par­ti­cu­liè­re­ment la com­mu­nauté infir­mière hos­pi­ta­lière.

Le Président de la République a rap­pelé lors de son dépla­ce­ment à Bletterans le 18 sep­tem­bre der­nier « qu’avec moins de huit infir­miè­res pour mille habi­tants, notre pays est parmi les moins bien dotés de l’OCDE » et que nous étions « en droit d’atten­dre pour notre santé un niveau de qua­lité et de sécu­rité encore meilleur que celui dont nous béné­fi­cions au volant de notre voi­ture ou dans un avion ! »

Je me per­mets donc d’atti­rer par­ti­cu­liè­re­ment voire atten­tion sur le cons­tat fran­çais de désaf­fec­tion de la pro­fes­sion infir­mière, qui s’ins­talle de manière bien plus aiguë et plus dura­ble que ce que le Ministère de la santé veut bien le reconnaî­tre. La majo­rité des autres pays de l’OCDE ont amé­lioré ce défi­cit par une reconnais­sance légi­time du rôle des infir­miers tant en ce qui concerne leur exer­cice, que ce qui concerne leur for­ma­tion.

Ce défi­cit d’attrac­ti­vité ne pourra pas être résolu en France uni­que­ment par des mesu­res orga­ni­sa­tion­nel­les, et encore moins par des mesu­res visant aujourd’hui à nier tota­le­ment le rôle par­ti­cu­lier que joue au quo­ti­dien les infir­miers dans la réa­lité médi­cale de notre pays. Ces mesu­res sem­blent, aux yeux de la pro­fes­sion, domi­nées par le prin­cipe d’économie, au détri­ment d’une légi­time reconnais­sance, d’une for­ma­tion et d’une qua­li­fi­ca­tion néces­sai­res pour faire face à tous les enjeux aux­quels les infir­miers doi­vent et veu­lent répon­dre.

Même si aujourd’hui la plu­ri­dis­ci­pli­na­rité peut être un moyen de mieux pren­dre en charge les patients, ce concept sédui­sant ne peut faire oublier que les infir­miers, avec les méde­cins et les sages femmes, sont les seuls pro­fes­sion­nels de santé à assu­rer la per­ma­nence et la conti­nuité des soins à l’hôpi­tal comme en ville.

Je tiens donc à relayer une fois de plus avec les Conseils dépar­te­men­taux d’Ile de France la très vive inquié­tude et désap­pro­ba­tion de l’ensem­ble de la pro­fes­sion tous sec­teurs confon­dus. Notre Conseil est en par­fait accord avec les conseils dépar­te­men­taux d’Ile de France, qui vous ont deman­dés notam­ment d’atten­dre la mise en place de l’Ordre natio­nal des Infirmiers pour tra­vailler sur ces évolutions, qui ne doi­vent pas souf­frir d’un texte rédigé dans l’urgence et sans les inter­lo­cu­teurs concer­nés.

Je vous prie de bien vou­loir trou­ver ci-joint les pro­po­si­tions d’amen­de­ments à la loi HPST que nous vous sou­met­tons.

L’ambi­tion d’amé­lio­rer la sécu­rité et la qua­lité des soins pour tous les patients que les infir­miers trai­tent et sui­vent au quo­ti­dien, au domi­cile jusque dans les ser­vi­ces les plus tech­ni­ques, en col­la­bo­ra­tion avec les méde­cins, et en coor­di­na­tion avec les autres pro­fes­sion­nels de santé est noire préoc­cu­pa­tion prin­ci­pale. « La poli­ti­que de santé est une poli­ti­que dont les résul­tats se jugent des années plus tard » a indi­qué N. Sarkozy. Les infir­miers sou­hai­tent ardem­ment que cette poli­ti­que ne se fasse pas, par pré­ci­pi­ta­tion et manque de pers­pec­tive soi­gnante, au détri­ment des patients.

En vous remer­ciant par avance de l’atten­tion que vous por­te­rez à cette demande, je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l’assu­rance de ma consi­dé­ra­tion hau­te­ment dis­tin­guée.

La Présidente du Conseil Régional de l’ordre des infir­miers, Kine VEYER

Partager l'article