Démission collective de 12.800 infirmières en Finlande

18 novembre 2007

Les infirmières occupent une place prépondérante dans le système de soins en Finlande, du fait d’une pénurie historique de médecins. Comme 16.000 membres du Syndicat des salariés de la santé et de l’assistance sociale (Tehy) ont annoncé leur démission collective à partir du 19 novembre, des transferts de patients ont déjà été organisés vers les pays voisins de la Finlande.

Des reva­lo­ri­sa­tions sala­ria­les ont été récem­ment pro­mi­ses à l’ensem­ble des employés muni­ci­paux (+ 9 % sur deux ans et demi). Mais les infir­miè­res sou­hai­tent obte­nir une hausse de 24 % sur 3 ans, soit entre 400 et 600 euros par mois, pour com­bler le retard accusé par la pro­fes­sion, du fait du gel des salai­res depuis les années 80. Employées par les com­mu­nes, elles gagnent actuel­le­ment 1.900 euros men­suels envi­ron, une somme très infé­rieure à la moyenne des salai­res des employés muni­ci­paux qui est de 2.500 euros.

La pré­si­dente du syn­di­cat, Jaana Laitinen-Pesola, ne voit aucune alter­na­tive. "Si le niveau des salai­res n’aug­mente pas de façon signi­fi­ca­tive, il ne nous reste plus qu’à chan­ger de bran­che ou à aller tra­vailler en Suède car les salai­res y sont supé­rieurs de 500 euros par mois".

Face à l’inef­fi­ca­cité de leur pré­cé­dent mou­ve­ment de grève (quatre semai­nes en 1995) en raison de la néces­sité de répon­dre à l’obli­ga­tion de ser­vice mini­mum, le syn­di­cat Tehy a choisi d’user de l’arme de la démis­sion col­lec­tive pour para­ly­ser le sys­tème de santé.

A la veille de l’ulti­ma­tum du 19 novem­bre, les hôpi­taux pren­nent donc la menace au sérieux et envi­sa­gent de fermer des ser­vi­ces entiers.

En effet, malgré des semai­nes de négo­cia­tions, comme les com­mu­nes (qui emploient les infir­miè­res) et le gou­ver­ne­ment (qui assure le finan­ce­ment de ces com­mu­nes) n’ont pas l’inten­tion de répon­dre aux reven­di­ca­tions des infir­miè­res et des sages-femmes, des trans­ferts de patients ont déjà été orga­ni­sés vers la Suède et l’Allemagne.

Ce type d’action col­lec­tive n’est pas sans risque. Rien ne garan­tit que les infir­miè­res retrou­ve­ront leur emploi, une fois le conflit résolu. Mais l’embau­che des démis­sion­nai­res sera une condi­tion à la signa­ture des accords col­lec­tifs, et la pénu­rie de main-d’œuvre dans les hôpi­taux devrait faci­li­ter le retour à l’emploi.

Les infir­miè­res béné­fi­cient d’un fort sou­tien de la popu­la­tion. Toute ten­dance poli­ti­que confon­due, les Finlandais ont exprimé dans plu­sieurs son­da­ges leur adhé­sion à ce mou­ve­ment, bien que l’aug­men­ta­tion des rému­né­ra­tions des infir­miè­res entraî­nera iné­vi­ta­ble­ment dans plu­sieurs loca­li­tés une pro­gres­sion des impôts. Seul un quart des per­son­nes inter­ro­gées se déclare hos­ti­les à l’action des infir­miè­res et rejette leur menace de démis­sion.

Autre arti­cle sur le sujet :
lire l’arti­cle d’Eric Favereau, grand repor­ter à Libération

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