Dérive HAS sur les obligations vaccinales des soignants

31 mars 2023

La mis­sion pre­mière de la HAS est d’amé­lio­rer la qua­lité des soins et la sécu­rité des patients, pas de faire de la poli­ti­que. Sa recom­man­da­tion sur les obli­ga­tions vac­ci­na­les des soi­gnants porte atteinte à sa cré­di­bi­lité et à son indé­pen­dance. Sur 700.000 infir­miè­res, moins d’un mil­lier a refusé la vac­ci­na­tion COVID au nom de croyan­ces.

La HAS a orga­nisé une consul­ta­tion publi­que sur les vac­ci­na­tions aujourd’hui obli­ga­toi­res pour les pro­fes­sion­nels, soit les vac­ci­na­tions contre la diph­té­rie, le téta­nos, la polio­myé­lite, l’hépa­tite B et la Covid-19. Les retours de cette consul­ta­tion ser­vaient à enri­chir, com­plé­ter et fina­li­ser la recom­man­da­tion défi­ni­tive de la HAS, qui a été publiée le 30 mars 2023 :
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3424589/fr/obli­ga­tions-vac­ci­na­les-des-pro­fes­sion­nels-la-has-publie-le-1er-volet-de-ses-tra­vaux

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC a répondu à cette consul­ta­tion écrite, à l’occa­sion de son conseil natio­nal du 24 février 2023. Vous trou­ve­rez ci-des­sous notre réponse :

L’obli­ga­tion vac­ci­nale COVID pour les soi­gnants est un sujet de débat et de contro­ver­ses dans de nom­breux pays. Certains esti­ment que la vac­ci­na­tion doit être une déci­sion per­son­nelle, tandis que d’autres sou­tien­nent qu’elle est un impé­ra­tif éthique envers les patients et la société dans son ensem­ble.

En tant que pro­fes­sion­nels de la santé, les soi­gnants ont un devoir envers leurs patients de faire tout ce qui est en leur pou­voir pour les pro­té­ger contre les mala­dies et les infec­tions. La vac­ci­na­tion est l’un des moyens les plus effi­ca­ces de pré­ve­nir la trans­mis­sion des mala­dies infec­tieu­ses, y com­pris le COVID-19.

Il est également impor­tant de consi­dé­rer l’impact que la sup­pres­sion des obli­ga­tions vac­ci­na­les pour­rait avoir sur la pro­pa­ga­tion de la mala­die, en par­ti­cu­lier parmi les popu­la­tions les plus vul­né­ra­bles. Les pro­fes­sion­nels de santé jouent un rôle cru­cial dans la pré­ven­tion et le trai­te­ment des mala­dies infec­tieu­ses, et leur refus de se faire vac­ci­ner peut avoir des consé­quen­ces graves pour la santé publi­que.

COVID 19

En refu­sant de se faire vac­ci­ner, les soi­gnants pren­nent le risque de contrac­ter le virus et de le trans­met­tre à leurs patients, met­tant ainsi en danger la vie de ceux qu’ils sont censés pro­té­ger. De plus, en refu­sant de se faire vac­ci­ner, ces soi­gnants envoient un mes­sage néga­tif à la popu­la­tion, décou­ra­geant les gens de se faire vac­ci­ner et contri­buant ainsi à pro­lon­ger la pan­dé­mie.

Par consé­quent, main­te­nir l’obli­ga­tion vac­ci­nale COVID pour les soi­gnants est un impé­ra­tif éthique. Les soi­gnants ont une res­pon­sa­bi­lité envers leurs patients et la société dans son ensem­ble de faire tout ce qui est en leur pou­voir pour pro­té­ger la santé publi­que. Refuser de se faire vac­ci­ner va à l’encontre de cet impé­ra­tif éthique et peut avoir des consé­quen­ces graves pour la santé publi­que.

Bien sûr, il est impor­tant de reconnaî­tre que chaque indi­vidu a le droit de pren­dre des déci­sions en matière de santé qui lui convien­nent le mieux, en fonc­tion de ses croyan­ces. Cependant, en tant que pro­fes­sion­nels de la santé, les soi­gnants ont une res­pon­sa­bi­lité par­ti­cu­lière envers leurs patients et la société, et cette res­pon­sa­bi­lité doit être prise en compte lorsqu’il s’agit de déci­der de l’obli­ga­tion vac­ci­nale COVID pour les soi­gnants.

Il n’est pas accep­ta­ble de confier la santé des patients à des pro­fes­sion­nels qui, en refu­sant la vac­ci­na­tion, expri­ment une méfiance impor­tante envers la science et la méde­cine fondée sur des preu­ves. Cela irait à l’encontre des valeurs du soin et de la confiance néces­saire dans la rela­tion de soins. La cré­di­bi­lité des soi­gnants fait bar­rage aux déri­ves et thèses cons­pi­ra­tion­nis­tes.

En tant qu’éducateurs de santé, les infir­miers ont une res­pon­sa­bi­lité par­ti­cu­lière, née de la rela­tion de confiance avec les patients. D’abord réti­cents à la vac­ci­na­tion Covid, les fran­çais se sont majo­ri­tai­re­ment fait vac­ci­ner car ils ont été convain­cus par leur méde­cin réfé­rent et leur infir­mière de famille. Ce rôle éducatif sur les trai­te­ments, la pré­ven­tion et la vac­ci­na­tion est basée aussi sur l’exem­pla­rité.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI estime donc que l’obli­ga­tion de vac­ci­na­tion des soi­gnants contre le COVID 19 doit être main­te­nue.

DTP

Le SNPI est par­ti­cu­liè­re­ment sur­pris que la HAS ques­tionne sur ces vac­cins, qui n’ont jamais sou­levé de réti­cen­ces dans la popu­la­tion.

Le SNPI consi­dère que la posi­tion de la HAS est dérai­son­na­ble, lorsqu’elle estime que « Hors Mayotte, les obli­ga­tions vac­ci­na­les contre la diph­té­rie, le téta­nos et la polio­myé­lite pour­raient être levées pour tous les pro­fes­sion­nels et étudiants, mais res­tent recom­man­dées, au même titre que dans la popu­la­tion géné­rale adulte ».

Le SNPI estime qu’il faut garder l’esprit de la régle­men­ta­tion de 2018 sur l’élargissement de l’obli­ga­tion vac­ci­nale. Revenir sur l’obli­ga­tion pour les soi­gnants enver­rait un mes­sage néga­tif à la popu­la­tion, qu’il avait fallu convain­cre face à une cou­ver­ture vac­ci­nale insuf­fi­sante entrai­nant la réap­pa­ri­tion d’épidémies (rou­geole, encé­pha­lite). Dans le contexte actuel, il est indis­pen­sa­ble que les vac­cins obli­ga­toi­res pour les enfants, le soient également pour les soi­gnants, que leur exer­cice expose davan­tage aux ris­ques.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI estime que l’obli­ga­tion de la vac­ci­na­tion contre le DTP doit être main­te­nue.

Hépatite B

Le SNPI sou­tient la posi­tion de la HAS, lorsqu’elle consi­dère que « l’immu­ni­sa­tion contre l’hépa­tite B devrait rester obli­ga­toire pour les pro­fes­sion­nels exer­çant dans un établissement » et que « l’immu­ni­sa­tion contre l’hépa­tite B devrait être rendue obli­ga­toire pour les pro­fes­sion­nels libé­raux ».

Par contre, le SNPI est opposé à l’idée de lais­ser au « méde­cin du tra­vail, sous la res­pon­sa­bi­lité de l’employeur, et en col­la­bo­ra­tion avec l’équipe opé­ra­tion­nelle d’hygiène EOH dans les établissements de santé et médico-sociaux » l’appré­cia­tion de l’expo­si­tion au risque de conta­mi­na­tion. Cela pose un pro­blème de clarté de l’objec­tif de santé publi­que, qui ne se limite pas au risque indi­vi­duel.

Pour le SNPI, il faut sim­pli­fier les recom­man­da­tions, et non pas faire une règle selon les sec­teurs, car les pro­fes­sion­nels peu­vent passer plu­sieurs fois d’un sec­teur d’acti­vité à l’autre. Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI estime que la vac­ci­na­tion contre l’hépa­tite B devrait être géné­ra­lisé à tous les soi­gnants en acti­vité.

La vac­ci­na­tion des pro­fes­sion­nels de santé est un moyen cru­cial de pré­ven­tion des mala­dies infec­tieu­ses et de pro­tec­tion des patients vul­né­ra­bles, en par­ti­cu­lier ceux souf­frant de mala­dies chro­ni­ques ou de sys­tème immu­ni­taire affai­bli. Par consé­quent, la sup­pres­sion de ces obli­ga­tions vac­ci­na­les pour­rait poten­tiel­le­ment mettre en danger la santé des patients et dimi­nuer la qua­lité des soins, ce qui est en contra­dic­tion avec la mis­sion pre­mière de la HAS, qui a pour rôle de mesu­rer et d’amé­lio­rer la qua­lité des soins et la sécu­rité des patients.

Cette contri­bu­tion SNPI figure dans le rap­port HAS, page 41 :
https://www.has-sante.fr/upload/docs/appli­ca­tion/pdf/2023-03/resul­tats_de_la_consul­ta­tion_publi­que_sur_les_obli­ga­tions_et_recom­man­da­tions_vac­ci­na­les_des_pro­fes­sion­nels.pdf

Voir également :
 https://www.aca­de­mie-mede­cine.fr/vac­ci­na­tions-obli­ga­toi­res-des-soi­gnants-lhon­neur-dune-pro­fes­sion/

Presse :
 Covid-19 : le syn­di­cat natio­nal des infir­miers sou­haite le main­tien de l’obli­ga­tion vac­ci­nale pour les soi­gnants et qua­li­fie la déci­sion de la HAS de "dérive"
https://www.fran­cet­vinfo.fr/sante/mala­die/coro­na­vi­rus/vaccin/covid-19-le-syn­di­cat-natio­nal-des-infir­miers-sou­haite-le-main­tien-de-l-obli­ga­tion-vac­ci­nale-pour-les-soi­gnants-et-qua­li­fie-la-deci­sion-de-la-has-de-derive_5744477.html
 Covid-19 : le syn­di­cat natio­nal des infir­miers qua­li­fie la déci­sion de lever l’obli­ga­tion vac­ci­nale de « dérive »
https://www.sudouest.fr/sante/coro­na­vi­rus/vaccin/covid-19-le-syn­di­cat-natio­nal-des-infir­miers-qua­li­fie-la-deci­sion-de-lever-l-obli­ga­tion-vac­ci­nale-de-derive-14642631.php?utm_term=Autofeed&utm_cam­paign=echo­box&utm_medium=Social-sudouest.fr&utm_source=Twitter#Echobox=1680294867
 COVID-19
Fin de l’obli­ga­tion vac­ci­nale des soi­gnants : le SNPI évoque la "dérive" de la HAS
https://www.infir­miers.com/aides-soi­gnants-ap/actua­li­tes/fin-de-lobli­ga­tion-vac­ci­nale-des-soi­gnants-le-snpi-evoque-la-derive-de-la-has
 Réintégration des soi­gnants non vac­ci­nés : plu­sieurs orga­ni­sa­tions médi­ca­les et infir­miè­res s’y oppo­sent
https://www.actu­soins.com/374087/rein­te­gra­tion-des-soi­gnants-non-vac­ci­nes-plu­sieurs-orga­ni­sa­tions-medi­ca­les-et-infir­mie­res-sy-oppo­sent.html

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

ALERTE ! Les sénateurs effacent la réalité du #soin !

Hier, la Commission des affaires sociales du Sénat a supprimé l’amendement voté par les députés, (…)

Soins relationnels : colère des infirmières sur l’incompréhensible recul du Sénat

Le geste soigne, mais c’est la relation qui guérit. Ce lien humain, au cœur du métier infirmier, (…)

Les infirmiers oubliés du pacte contre les déserts médicaux

Un désert médical n’est pas qu’un problème de médecins absents. C’est un territoire où tout un (…)

Quand les soignants deviennent les premiers patients à protéger

Le désert médical s’étend. Mais à côté du manque de médecins généralistes, un autre désert gagne (…)

Profession infirmière : il est temps que la loi rattrape le quotidien

Depuis des années, les infirmières soignent à la marge de la loi. Parce qu’entre le quotidien du (…)

Diagnostic et prescription : l’autonomie infirmière sous surveillance

Poser un diagnostic, c’est penser. Prescrire un traitement, c’est décider. Deux actes (…)