Le logement : facteur d’éclatement des classes moyennes

27 janvier 2011

Se loger : un défi en région parisienne ou dans les grandes agglomérations françaises, mais aussi un frein à la mobilité quand cela n’est pas à l’origine d’un licenciement.

Pour défi­nir les clas­ses moyen­nes, la CFE-CGC a décidé de rete­nir la défi­ni­tion pré­sen­tée dans son enquête inti­tu­lée "Le loge­ment, fac­teur d’éclatement des clas­ses moyen­nes ?".

Ainsi, pour mesu­rer l’effet de dif­fé­ren­cia­tion des clas­ses moyen­nes selon les reve­nus, celles-ci ont été par­ta­gées en trois grou­pes de reve­nus de taille com­pa­ra­ble (avec un tiers des ména­ges dans chacun d’entre eux) :
 La "classe moyenne infé­rieure" ras­sem­ble ceux qui gagnent plus de 1000 euros et moins de 1 800 euros (salaire brut men­suel) pour une per­sonne seule. En appli­quant un coef­fi­cient de 1,5* pour pren­dre en compte l’effet de mutua­li­sa­tion de leurs res­sour­ces et de leurs dépen­ses, ce seuil de revenu est de 2 700 euros pour un couple.
 La "classe moyenne inter­mé­diaire" est com­po­sée des ména­ges qui gagnent entre 1 800 euros et 2 500 euros (entre 2700 et 3 750 euros à deux).
 La "classe moyenne supé­rieure" ras­sem­ble ceux qui gagnent entre 2 500 euros et 4 400 euros (entre 3 750 et 6 600 euros à deux).

S’appuyant sur ce cri­tère du revenu, on dis­tin­gue trois stra­tes au sein des clas­ses moyen­nes :
 La classe moyenne infé­rieure : 17 % de la popu­la­tion active,
 La classe moyenne inter­mé­diaire : 16 % de la popu­la­tion active,
 La classe moyenne supé­rieure : 15 % de la popu­la­tion active.

Les ména­ges dont le revenu excède 4 400 euros par mois pour une per­sonne seule ou 6 600 euros pour un couple ont été clas­sés parmi les "hauts reve­nus".

On appli­que ensuite + 0,4 par per­sonne sup­plé­men­taire.
Exemples :
 Un couple avec 1 enfant/Coefficient = 1,9
 Un couple avec 2 enfants/Coefficient = 2,3
 Un couple avec 3 enfants/Coefficient = 2,7

Le loge­ment : fac­teur d’éclatement des clas­ses moyen­nes

Se loger : un défi pour l’enca­dre­ment en région pari­sienne ou dans les gran­des agglo­mé­ra­tions fran­çai­ses, mais aussi un frein à la mobi­lité quand cela n’est pas à l’ori­gine d’un licen­cie­ment.

Pour mesu­rer ce phé­no­mène et pré­pa­rer les moyens pour y faire face, la CFE-CGC a orga­nisé le 20 novem­bre 2009, un col­lo­que "le loge­ment : fac­teur d’éclatement des clas­ses moyen­nes". L’occa­sion de pré­sen­ter les conclu­sions de la grande enquête réa­li­sée par l’Université Paris-Dauphine auprès d’adhé­rent(e)s de la CFE-CGC et d’un échantillon repré­sen­ta­tif de la popu­la­tion fran­çaise de 4 000 per­son­nes.
http://www.cfecgc.org/ewb_pages/div/TRLogementnov09.php

Pour plus de détails :
http://www.cfecgc.org/e_upload/pdf/loge­ment­nov2010.pdf

Quels sont les enjeux du loge­ment des clas­ses moyen­nes ? Après
dix ans de forte aug­men­ta­tion des prix de l’immo­bi­lier et des
loyers, le loge­ment pau­pé­rise-t-il les clas­ses moyen­nes ? Ontelles
des par­cours rési­den­tiels plus heur­tés ? Des coûts du loge­ment
péna­li­sant ? Telles sont les ques­tions cen­tra­les qui ont été le
fil conduc­teur de l’étude.

Pour les clas­ses moyen­nes, le loge­ment est un objet majeur
d’inves­tis­se­ment per­son­nel, qui leur permet de se dif­fé­ren­cier
d’autres caté­go­ries socia­les.
 Les clas­ses moyen­nes pei­nent à arbi­trer entre proxi­mité de
leur emploi, sou­vent situé en zone chère, envie d’espace et
sou­hait d’être pro­prié­taire.
 L’équilibre entre aspi­ra­tions, accès au lieu de tra­vail et
contrainte fi nan­cière se révèle de plus en plus diffi cile à
trou­ver. En par­ti­cu­lier pour la frac­tion la plus modeste des
clas­ses moyen­nes qui « décro­che », sous l’effet conju­gué
de la fai­blesse de son pou­voir d’achat, de la fra­gi­li­sa­tion
des par­cours pro­fes­sion­nels, de la hausse des prix immo­bi­liers
et du faible recours aux aides publi­ques.
 La classe dite infé­rieure surin­ves­tit dans le loge­ment sans
avoir ni les reve­nus, ni le crédit ban­caire, ni les aides, ni
le bénéfi ce d’un loge­ment HLM.
 Les clas­ses moyen­nes font des choix rési­den­tiels coû­teux.
Elles habi­tent plus sou­vent en zones cen­tra­les ou péri­cen­tra­les
plus chères. Le désir d’être pro­prié­taire conduit les
accé­dants des clas­ses moyen­nes à sup­por­ter un taux d’effort
de 34% en moyenne.
 La classe moyenne supé­rieure se déta­che avec des res­sour­ces,
une situa­tion pro­fes­sion­nelle stable et un crédit
2 fois plus facile qu’hier. Mais « juste assez riche et pas
trop expo­sée » pro­fes­sion­nel­le­ment par rap­port à des hauts
reve­nus.

En revan­che :
 8% des clas­ses moyen­nes habi­tent un HLM, contre 12 %
de l’ensem­ble des actifs.
 A revenu moin­dre, 11 % de la classe moyenne infé­rieure
occu­pent un loge­ment social, contre 18% des employés.

La majo­rité n’a jamais déposé de demande d’HLM.
 La quasi-tota­lité des clas­ses moyen­nes est éligible aux HLM
à Paris. Dans la réa­lité, elles n’y accè­dent pas. Et pour­tant,
l’étude le montre bien : 53% pen­sent ne pas être éligibles !
Et la classe moyenne infé­rieure, la plus éligible, est proche
de ce taux, avec 51%. De fait, les clas­ses moyen­nes sont
for­te­ment sous-repré­sen­tées dans le loge­ment social
 Même si les clas­ses moyen­nes connais­sent mieux les aides
que les autres caté­go­ries, les aides publi­ques sont peu pré­sen­tées
aux clas­ses moyen­nes. Les aides publi­ques hors
1 % sont sous pla­fond de res­sour­ces. L’APL, versée à 1/6e
des Français, exclut pres­que toutes les clas­ses moyen­nes et
la plu­part des clas­ses moyen­nes sont exclues du PTZ.

Le nou­veau prêt à taux zéro (PTZ+) va entrer en vigueur le
1er jan­vier. Il résulte des sup­pres­sions du Pass-Foncier, du PTZ
actuel et du crédit d’impôt sur les inté­rêts d’emprunt. Le PTZ+
pro­pose des mon­tants et des durées de prêts supé­rieurs. Il sera
uni­ver­sel (sans condi­tion de res­sour­ces) pour les primo-accé­dants.

Les primo accé­dants qui ne res­pec­taient pas les pla­fonds de
reve­nus de l’actuel PTZ auront plus à gagner que les autres,
puis­que les condi­tions de res­sour­ces sont sup­pri­mées. Ceci
com­pen­sera, dans la plu­part des cas, la dis­pa­ri­tion du crédit
d’impôt sur les inté­rêts d’emprunt. De même, les famil­les
nom­breu­ses seront favo­ri­sées par ce nou­veau dis­po­si­tif (par
exem­ple, les simu­la­tions mon­trent, pour tous les primo-accé­dants,
une famille avec 5 enfants, pour­rait obte­nir un prêt de
100 000 euros contre 30 000 aupa­ra­vant).

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