Pénibilité et fin de carrière : les infirmières se mobilisent en Belgique

25 mars 2017
La ministre de la Santé projette de supprimer leurs heures d’aménagement de fin de carrière.
En Belgique, depuis 2006, au titre de la pénibilité, les infirmières bénéficient d’une mesure d’aménagement de fin de carrière qui lui donne droit à
36 jours de repos supplémentaires par an à partir de 55 ans
24 jours à 50 ans,
12 jours à 45 ans.
Un droit que la ministre de la Santé Maggie De Block voudrait remettre en question, en supprimant les 12 jours à 45 ans pour ne garder que les deux paliers de 50 et 55 ans. Les infirmières de Belgique manifestent pour défendre leurs droits.
http://www.lesoir.be/1464149/article/actualite/regions/liege/2017-03-20/liege-infirmieres-en-colere
https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_manifestation-du-non-marchand-pas-une-question-de-budget-mais-de-volonte-politique?id=9559979
En France :
pour les infirmières du secteur public, il n’y a plus aucune mesure de pénibilité depuis la réforme Bachelot de 2010 (chantage retraite ou salaire lors du passage en catégorie A)
pour les infirmières du secteur privé, le "compte pénibilité" est une usine à gaz inefficace et inadaptée, alors que la profession d’infirmier cumule plusieurs des dix facteurs de pénibilité au travail avec la manutention de patients, le travail de nuit, le travail en équipes successives alternantes, l’exposition à des agents chimiques dangereux comme les chimiothérapies,…
En France, le syndicat des infirmiers réclame une "reconnaissance de la pénibilité de la profession, dans le public comme dans le privé. Car l’espérance de vie d’une infirmière, c’est 78 ans, contre 85 ans pour toutes les Françaises (caisse de retraite CNRACL). De même, 30 % des aides-soignantes et 20 % des infirmières partent en retraite avec un taux d’invalidité" précise Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC), qui représente des professionnels de l’hôpital, des cliniques et des entreprises.
Pour le SNPI CFE-CGC, il faut reconnaître à nouveau la pénibilité de notre travail. La réforme des retraites de François Fillon en 2003 avait établi une bonification d’un an tous les 10 ans, qui a été ensuite supprimée par Roselyne Bachelot lors du passage en catégorie A : puisque nous étions mieux payés, notre travail n’était plus pénible...
Que l’on soit en catégorie A ou B, dans le public ou dans le privé, les conditions de travail sont les mêmes. Le SNPI CFE-CGC, syndicat des infirmières salariées, estime qu’il est aberrant que pour un même métier coexistent des âges de départ à la retraite différents. D’autant plus que les jeunes infirmiers passent régulièrement d’un exercice à l’autre. Aussi, qu’ils exercent dans le secteur public ou dans le secteur privé, nous réclamons pour les infirmières une majoration de durée d’assurance d’un an pour dix ans, au travers d’un départ anticipé à la retraite, qui reconnaît la pénibilité du métier.
Les propositions du SNPI ont été présentées aux équipes santé des candidats aux élections présidentielles ainsi que devant les parlementaires lors de plusieurs auditions :
http://www.syndicat-infirmier.com/QVT-qualite-de-vie-au-travail-des.html
http://www.syndicat-infirmier.com/L-organisation-de-l-hopital-est-devenue-une-source-d-epuisement-professionnel.html
Aménagement en fin de carrière
Pour le SNPI CFE-CGC, il convient également d’organiser les secondes parties de carrière, pour tenir compte à la fois de l’usure professionnelle et du problème de la transmission des savoirs issus de l’expérience :
pendant longtemps, le brassage dans les services entre les nouveaux savoirs théoriques apportés par les nouvelles diplômées et les savoirs pratiques issus de l’expérience acquise par les infirmières expérimentées permettait une bonne qualité des soins,
aujourd’hui, on constate déjà un déséquilibre démographique, avec beaucoup d’infirmières qui ont moins de cinq ans de diplôme, et des IDE à dix ans de la retraite,
la durée de vie professionnelle d’une IDE reste faible (12 ans), tandis que la charge de travail limite les échanges professionnels (diminution de la durée moyenne de séjour, hausse de la gravité des cas, les malades "plus légers" étant pris en charge en HAD ou en hôpital de jour) : le "compagnonnage" naturel ne sera donc plus assuré, ce qui va jouer sur les IDE, mais également les internes (lors de leur stage de six mois ils sont certes formés par les médecins du service, mais également "conseillés" par les IDE expérimentées présentes dans le service depuis des années)
Le SNPI CFE-CGC propose donc que les infirmières expérimentées, lors de leur fin de carrière, soient à mi-temps en poste dans leur service, et à mi-temps assurent :
le tutorat des nouvelles diplômées, des infirmières de l’équipe de suppléance, des infirmières intérimaires,
l’encadrement des étudiants en soins infirmiers en stage dans le pôle,
des cours en IFSI sur leur domaine d’expertise,
des consultations infirmières pour assurer l’accompagnement et l’éducation thérapeutique des patients.