6 milliards pour l’hôpital : lorsque l’on est beaucoup à se partager un petit gâteau, chacun n’a que des miettes !

25 juin 2020

Six milliards c’est ridicule pour 1,7 millions de salariés

Le minis­tère a enfin donné un chif­fre, un mois après l’ouver­ture du Ségur. Six mil­liards pour réno­ver l’hôpi­tal et assu­rer la reva­lo­ri­sa­tion des soi­gnants.

Mais il y a 1,7 mil­lions de sala­riés dans la santé :
- 1,2 mil­lions dans les hôpi­taux de la Fonction Publique Hospitalière FPH,
- et 500.000 dans les EHPAD et cli­ni­ques du sec­teur privé (280.000 à la FEHAP, 148.000 à la FHP, 21.000 à UNICANCER, …).

A titre de com­pa­rai­son :
- RENAULT 48.000 sala­riés, 5 mil­liards
- AIR FRANCE 45.000 sala­riés, 7 mil­liards

Le compte n’y est pas non plus pour les « haus­ses ciblées qui concer­ne­raient notam­ment les caté­go­ries soi­gnan­tes (infir­miers, aides-soi­gnants) et médico-tech­ni­ques (tech­ni­ciens de labo­ra­toire, mani­pu­la­teurs radio) » car il y a 500.000 infir­miè­res sala­riées, 390.000 aides-soi­gnants, 45.000 tech­ni­ciens de labo­ra­toi­res, et 35.000 manip radio. « Lorsque l’on est beau­coup à se par­ta­ger un petit gâteau, chacun n’a que des miet­tes ! » résume Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC.

« Par ailleurs, le gou­ver­ne­ment pré­cise dans son docu­ment du 19 juin que les reva­lo­ri­sa­tions néces­si­tent un arti­cle de loi, à l’occa­sion du projet de loi de finan­ce­ment de la sécu­rité sociale (PLFSS), qui sera débattu à l’automne, et voté au plus tard en décem­bre. Il faudra ensuite la paru­tion des textes régle­men­tai­res (décret et arrêté), les agents n’auront donc rien sur leur bul­le­tin de paie avant fin décem­bre. Parler de hausse des salai­res au 1er juillet est délé­tère car cela donne de faux espoirs aux soi­gnants, sou­vent confron­tés à une perte de reve­nus fami­liaux du fait de leur conjoints vic­ti­mes de la crise économique. »

La demande de reva­lo­ri­sa­tion sala­riale est simple : les pro­fes­sion­nels infir­miers sont sous-payés en France selon toutes les enquê­tes inter­na­tio­na­les et natio­na­les (OCDE, INSEE, DRESS). « Pour attein­dre le salaire infir­mier moyen euro­péen, nous récla­mons une hausse sala­riale de 300 euros par mois pour tous les infir­miers sala­riés (public ou privé), quel que soit leur grade ou leur ancien­neté, sous forme de points d’indi­ces (pas de primes) », annonce Thierry Amouroux. « Mais nos reven­di­ca­tions sont aussi de rou­vrir des lits et créer des postes. Rendez-nous les 11,3 mil­liards d’économies impo­sées aux hôpi­taux depuis 10 ans ! »

Voir l’inter­ven­tion du SNPI sur CNEWS le 25 juin 2020 (extrait vidéo 2mn)

- https://www.la-croix.com/France/A-sadres­sent-6-mil­liards-deuros-annon­ces-Olivier-Veran-2020-06-25-1201101887
- https://www.infir­miers.com/actua­li­tes/revue-de-presse/6-mil­liards-euros-somme-pro­po­see-oli­vier-veran-reva­lo­ri­ser-salai­res-soi­gnants.html
- https://www.fran­cet­vinfo.fr/sante/mala­die/coro­na­vi­rus/salaire-des-soi­gnants-une-future-hausse-en-juillet_4017597.html
- https://www.cadu­cee.net/actua­lite-medi­cale/14971/segur­de­la­sante-le-snpi-denonce-la-fake­news-sur-une-hausse-des-salai­res-de-juillet-pour-les-soi­gnants.html
- https://www.actu­soins.com/332928/hausse-des-salai­res-pour-les-soi­gnants-en-juillet-le-snpi-denonce-une-ope­ra­tion-de-com­mu­ni­ca­tion.html

En ce moment les hôpi­taux fer­ment des lits

En 20 ans, 95 ser­vi­ces d’urgen­ces et 100.000 lits ont été fermés, selon la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (Drees). « Nous deman­dons sim­ple­ment que les capa­ci­tés d’accueil à l’hôpi­tal soient dignes d’une sixième puis­sance mon­diale », résume Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, qui réclame « la réou­ver­ture de 20.000 lits. Avec 5 fois plus de lits de réa­ni­ma­tions (5000 vs 25000), l’Allemagne a eu 4 fois moins de morts par le COVID19. »

Pendant la vague épidémique, les hopi­taux ont du fermer des lits, en rédui­sant dras­ti­que­ment l’acti­vité pro­gram­mée en chi­rur­gie, ainsi que le suivi des patients chro­ni­ques :
- d’une part les cham­bres dou­bles ont été trans­for­mées en cham­bre simple,
- d’autre part en fer­mant 3 salles clas­si­ques pour ouvrir une salle COVID19, car il faut une infir­mière pour 4 à 6 patients COVID19, alors qu’il n’y a sou­vent que 2 ou 3 infir­miè­res pour 30 patients dans les salles clas­si­ques

Or depuis la mi-mai, on cons­tate sur le ter­rain, des direc­tions d’hôpi­taux qui ne rou­vrent pas les lits fermés : com­bien de patients chro­ni­ques seront ainsi sacri­fiés ?

Le sym­bole : Vous vous sou­ve­nez du manque de lits lors de la vague covid19 en Grand Est ? Pas l’ARS, qui va fermer 14 lits de réa­ni­ma­tion dans deux hôpi­taux stras­bour­geois, 7 lits sur le site de Hautepierre et 7 autres sur le nouvel hôpi­tal civil de Strasbourg
https://www.what­sup­doc-lemag.fr/arti­cle/alsace-des-fer­me­tu­res-de-lits-stras­bourg

Quelques autres exem­ples :
- CHU de Tours (37) : 350 sup­pres­sions de lits et 400 sup­pres­sions de postes
https://www.fran­ce­bleu.fr/infos/sante-scien­ces/au-chru-de-tours-les-restruc­tu­ra­tions-se-pour­sui­vent-denon­cent-les-syn­di­cats-1590502786
- hôpi­tal psy­chia­tri­que du Vinatier près de Lyon (69) : fer­me­tu­res de 120 lits et de ser­vi­ces
https://actu.fr/auver­gne-rhone-alpes/bron_69029/pres-de-lyon-le-per­son­nel-de-l-hopi­tal-le-vina­tier-depose-un-prea­vis-de-greve-pour-le-9-juin_33881351.html
- La colère des per­son­nels du CHU de Saint-Étienne (42) contre des restruc­tu­ra­tions
https://www.fran­ce­bleu.fr/infos/sante-scien­ces/la-colere-des-per­son­nels-du-chu-de-saint-etienne-apres-des-restruc­tu­ra­tions-deci­dees-en-pleine-crise-1589470679
- l’hôpi­tal de Besançon (25) sup­prime 15 lits
https://www.fran­ce­bleu.fr/infos/sante-scien­ces/en-plein-segur-de-la-sante-le-chu-de-besan­con-va-sup­pri­mer-15-lits-1590749649

Le SNPI réclame 10 % de per­son­nel en plus dans les hôpi­taux, c’est-à-dire la créa­tion de 20.000 postes. Ce qui va per­met­tre d’établir des ratios de patients par infir­mière selon les ser­vi­ces (sur l’exem­ple de la réa, dia­lyse…). Et le dou­ble­ment des effec­tifs dans les EHPAD, pour attein­dre le ratio agents/rési­dents de l’Allemagne et des pays nor­di­ques.

Voir la vidéo de 5mn, de Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, réa­li­sée lors d’une confé­rence de presse des orga­ni­sa­tions infir­miè­res, le 9 juin 2020 :

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