Aspirine en prévention cardiovasculaire : remise en cause

16 septembre 2018
Si l’intérêt de la prévention secondaire par aspirine après infarctus du myocarde ou AVC, est démontré. Par contre, la place de l’aspirine, en prévention primaire du risque cardiovasculaire chez le diabétique, est remise en question par les dernières études.
Plus de 32 000 professionnels de santé de 156 pays étaient présents au Congrès de la Société européenne de cardiologie, qui s’est déroulé à Munich du 25-29 août 2018. L’aspirine a constitué l’un des sujets phare de ce congrès. En effet, son intérêt chez le diabétique sur le risque cardiovasculaire pourrait être compensé par son risque hémorragique.
Deux grands essais présentés à Munich, l’un chez le patient diabétique, et l’autre chez le sujet à risque cardiovasculaire modéré, suggèrent une absence d’intérêt de l’aspirine pour la prévention primaire cardiovasculaire.
L’étude britannique Ascend (publiée dans le New England Journal of Médicine) a analysé chez 15 480 patients diabétiques (dans 94 % de type 2) sans antécédent cardiovasculaire, les effets d’une administration de 100 mg/j d’aspirine.
Après un suivi médian de 7 ans, la prise d’aspirine s’est certes traduite par une réduction de 12 % des événements cardiovasculaires sévères (infarctus du myocarde, AVC et AIT, décès cardiovasculaires). Mais, cet effet a été obtenu au prix d’un accroissement de 29 % des hémorragies majeures, le plus souvent d’origine gastro-intestinale. Ces chiffres contrebalancent l’intérêt préventif de l’aspirine. Ce qui pourrait avoir des répercussions importantes pour les millions de personnes dans le monde qui ont un diabète mais n’ont pas encore développé de complication cardiovasculaire.
La deuxième étude, Arrive (publiée dans The Lancet) réalisée sur 12 546 patients, a aussi débouché sur des résultats mitigés pour la prévention primaire des infarctus du myocarde et des AVC chez les patients à risque cardiovasculaire modéré. Et le nombre d’hémorragies gastro-intestinales a été doublé sous aspirine. En raison de sa faible efficacité et du risque hémorragique qu’elle entraîne, les chercheurs déconseillent donc la prise d’aspirine en prévention primaire, c’est-à-dire chez des personnes à risque jugé modéré et n’ayant jamais été victimes d’un accident
vasculaire.
Les propriétés anti-inflammatoires de l’aspirine sont reconnues depuis longtemps. Sa capacité à dissoudre les caillots sanguins n’est pas remise en cause, et elle a toute son utilité en ce qui concerne la prévention secondaire des risques cardiovasculaires. Mais, si ce médicament est efficace pour prévenir les récidives, il semble inutile en l’absence de toute prédisposition ou pathologie cardiovasculaire. La meilleure façon d’éviter l’apparition de maladies cardiovasculaires est surtout d’éliminer les principaux facteurs de risque, à savoir le tabac, une alimentation déséquilibrée et la sédentarité.
Par contre, l’aspirine à faibles doses (75-100 mg/jour), a fait la preuve de son efficacité dans la prévention secondaire justifiée en cas de maladie coronaire ou encore cérébrovasculaire. Le bénéfice est patent à la suite des situations cliniques suivantes : syndrome coronaire aigu (SCA), accident vasculaire cérébral (AVC) ou encore accident ischémique transitoire (AIT). Ces notions ont été établies au travers de plus de 200 études qui regroupent au total plus de 200 000 patients.
Sources :
ESC 2018 : l’aspirine remise en question https://www.egora.fr/actus-medicales/cardio-vasculaire-hta/41246-esc-2018-l-aspirine-remise-en-question?nopaging=1
Prendre de l’aspirine en prévention primaire : peu efficace et risqué http://www.mutualistes.com/aspirine-risque-hemorragie
Prévention des AVC et des infarctus : l’aspirine serait inutile https://www.e-sante.fr/prevention-des-avc-et-des-infarctus-laspirine-serait-inutile/breve/615854
L’aspirine en prévention primaire de la maladie cardiovasculaire https://www.jim.fr/medecin/pratique/recherche/e-docs/laspirine_en_prevention_primaire_de_la_maladie_cardiovasculaire_sur_la_ligne_darrive_e__173374/document_actu_con.phtml