Coopération entre professionnels de santé : l’ensemble des ordres des professions de santé désapprouve l’arrêté du 31.12.09

15 janvier 2010

Le Comité de liai­son des ins­ti­tu­tions ordi­na­les du sec­teur de la santé (CLIO Santé), qui réunit les sept Conseils natio­naux des Ordres des pro­fes­sions de santé, désap­prouve tota­le­ment les dis­po­si­tions conte­nues dans un arrêté, daté du 31 décem­bre 2009 et publié au Journal offi­ciel du15.01.10, rela­tif à la pro­cé­dure appli­ca­ble aux pro­to­co­les de coo­pé­ra­tion entre pro­fes­sion­nels de santé prévus par l’arti­cle 51 de la loi HPST du 21 juillet 2009. Ces dis­po­si­tions pré­voient que des pro­fes­sion­nels, qui n’ont pas les titres néces­sai­res, puis­sent pra­ti­quer des actes ou des acti­vi­tés qui ne relè­ve­raient pas de leur domaine de com­pé­tence légal, dans le cadre de pro­to­co­les de coo­pé­ra­tion, après avoir reçu l’auto­ri­sa­tion du direc­teur géné­ral de l’agence régio­nale de santé (ARS).

Les Conseils natio­naux tra­vaillent ensem­ble, depuis de nom­breux mois, sur ce sujet d’avenir pour l’évolution des pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les et pour une meilleure réponse aux besoins de santé de la popu­la­tion. Les contri­bu­tions appor­tées à l’élaboration de cet arrêté et les impor­tan­tes réser­ves sou­mi­ses lors d’une concer­ta­tion préa­la­ble n’ont pour­tant pas été prises en compte par le minis­tère de la santé et des sports.

Le CLIO santé exprime de vives inquié­tu­des sur ces futurs pro­to­co­les de coo­pé­ra­tion dont le modèle-type figu­rant en annexe de l’arrêté ne se réfère à aucune des clau­ses essen­tiel­les qui devraient être défi­nies natio­na­le­ment avec le concours des Ordres et des auto­ri­tés qua­li­fiées, dont la Haute Autorité de Santé (HAS). Ces pro­to­co­les ne com­por­te­ront ainsi aucune garan­tie pour les usa­gers sur les qua­li­fi­ca­tions et les com­pé­ten­ces des pro­fes­sion­nels impli­qués, ainsi que sur la régu­la­rité et les moda­li­tés de leur exer­cice.

Il déplore également que, dans l’arrêté ainsi publié, une auto­ri­sa­tion de coo­pé­ra­tion, sur un pro­to­cole de nature juri­di­que­ment déro­ga­toire, puisse s’effec­tuer par le direc­teur géné­ral de l’ARS sans consul­ta­tion et avis préa­la­ble des ins­tan­ces ordi­na­les quant au res­pect des règles déon­to­lo­gi­ques des pro­fes­sions impli­quées et aux besoins de santé sur le ter­ri­toire consi­déré.

Enfin, on ne peut que s’inter­ro­ger sur le para­doxe d’une telle volonté régle­men­taire à l’heure où doit se mettre en place le dis­po­si­tif per­met­tant aux pro­fes­sion­nels de santé de satis­faire à leur obli­ga­tion de déve­lop­pe­ment pro­fes­sion­nel continu, en valo­ri­sant les com­pé­ten­ces pro­fes­sion­nel­les acqui­ses durant leur car­rière (for­ma­tion ini­tiale et for­ma­tion conti­nue). Il est, en effet, d’une inconce­va­ble légè­reté que le minis­tère de la santé et des sports envi­sage qu’un pro­fes­sion­nel puisse dis­pen­ser des soins auprès d’un patient alors même que ces actes n’entrent pas dans son champ légal d’exer­cice, au vu d’une simple attes­ta­tion déli­vrée par une entité dépour­vue de com­pé­tence en la matière.

Le minis­tère ouvre ainsi la porte aux déri­ves que pour­raient engen­drer ces nou­vel­les moda­li­tés d’exer­cice, alors que les obli­ga­tions de com­pé­tence, de qua­lité et de conti­nuité des soins, qui sont du res­sort des ins­ti­tu­tions ordi­na­les, ne pour­ront pas être véri­fiées.

Pour le CLIO santé, il est néces­saire d’orga­ni­ser la coo­pé­ra­tion entre pro­fes­sion­nels sur les ter­ri­toi­res avec les repré­sen­tants ordi­naux des pro­fes­sions concer­nées afin d’assu­rer aux patients la qua­lité et la sécu­rité des soins atten­dues.

Sur un sujet d’une impor­tance aussi grande pour l’orga­ni­sa­tion de la prise en charge des patients dans un modèle ouvert de coo­pé­ra­tion entre pro­fes­sion­nels sur les ter­ri­toi­res, le CLIO Santé demande donc au minis­tère de la santé d’appor­ter les modi­fi­ca­tions indis­pen­sa­bles à cet arrêté afin de repren­dre un chemin col­la­bo­ra­tif avec les Ordres des pro­fes­sions concer­nées.

Les 7 Ordres des pro­fes­sion­nels de santé :
 Ordre National des Chirurgiens Dentistes
 Ordre National des Infirmiers
 Ordre National des Masseurs Kinésithérapeutes
 Ordre National des Medecins
 Ordre National des Pédicures Podologues
 Ordre National des Pharmaciens
 Ordre National des Sages-femmes

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