Le SNPI au Congrès mondial du CII, sous le signe du pouvoir infirmier

9 juin 2025

Du 9 au 13 juin 2025, la com­mu­nauté infir­mière inter­na­tio­nale se donne rendez-vous à Helsinki, au pays du soleil de minuit, pour le 30e Congrès mon­dial du Conseil International des Infirmières (CII). Un événement majeur auquel par­ti­cipe une délé­ga­tion du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI), pour porter haut la voix des infir­miè­res fran­çai­ses et défen­dre une vision enga­gée, humaine et ambi­tieuse des soins.

Un nombre record de plus de 6.500 infir­miè­res et infir­miers, venus de tous les conti­nents, ont répondu à l’appel. Car ce congrès n’est pas qu’un ras­sem­ble­ment scien­ti­fi­que : il est devenu un véri­ta­ble car­re­four mon­dial du lea­der­ship infir­mier, un creu­set d’idées, de luttes par­ta­gées et d’allian­ces dura­bles entre les pro­fes­sion­nel­les du soin. Dans un contexte mon­dial marqué par les crises sani­tai­res, les ten­sions géo­po­li­ti­ques et les iné­ga­li­tés socia­les, la soli­da­rité pro­fes­sion­nelle fran­chit les fron­tiè­res.

Le thème de cette édition, « Le pou­voir des infir­miè­res pour chan­ger le monde », résonne comme un appel à l’action. Il rap­pelle que les infir­miè­res ne se conten­tent pas d’exé­cu­ter des actes tech­ni­ques : elles trans­for­ment les sys­tè­mes, accom­pa­gnent les tran­si­tions, et font pro­gres­ser l’accès à la santé dans tous les ter­ri­toi­res, auprès de toutes les popu­la­tions.

"Ce pou­voir s’exerce chaque jour, dans le secret d’une cham­bre d’hôpi­tal ou à domi­cile, au chevet d’un enfant ou d’un aîné, dans les quar­tiers popu­lai­res comme dans les zones iso­lées. Il s’exprime aussi dans la capa­cité à faire enten­dre les besoins des patients, à cons­truire des par­cours coor­don­nés, à pro­po­ser des poli­ti­ques de santé plus justes et inclu­si­ves. Ce congrès en est la démons­tra­tion éclatante : le soin est une force poli­ti­que, sociale et humaine". pré­cise Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

Un enga­ge­ment pour la qua­lité et la sécu­rité des soins

Parmi les ses­sions phares du congrès, la ques­tion de la sécu­rité et de la qua­lité des soins cen­trés sur la per­sonne occupe une place cen­trale. Face à l’épuisement des soi­gnants, à la mul­ti­pli­ca­tion des envi­ron­ne­ments à risque et à la perte de sens dans les orga­ni­sa­tions, les infir­miè­res tirent la son­nette d’alarme.

Comment garan­tir des soins sûrs sans ratio mini­mum ? Comment pro­té­ger les patients sans pro­té­ger les soi­gnants ? Ces ques­tions tra­ver­sent tous les pays, et le SNPI y apporte sa voix, riche des com­bats menés en France pour la reconnais­sance des condi­tions de tra­vail comme enjeu de santé publi­que. Cette ses­sion abor­dera notam­ment la mise en œuvre du Plan d’action mon­dial pour la sécu­rité des patients 2021-2030, en croi­sant les exper­ti­ses inter­na­tio­na­les.

Le SNPI repré­sente la France au GNU Global Nurses United la fédé­ra­tion des syn­di­cats d’infir­miè­res et de tra­vailleurs de la santé de plus de 30 pays, qui se ras­sem­ble pour inten­si­fier la lutte contre l’aus­té­rité, la pri­va­ti­sa­tion et les atta­ques contre la santé publi­que, et pour œuvrer en faveur des droits des infir­miè­res et des tra­vailleurs et de l’amé­lio­ra­tion des soins aux patients pour tous. C’est en lien avec les mili­tan­tes de Californie, d’Australie et de Corée du Sud que le SNPI a pu convain­cre les par­le­men­tai­res de voter à l’una­ni­mité la loi du 29 jan­vier 2025 ins­tau­rant un nombre mini­mum de soi­gnants par patient hos­pi­ta­lisé.

Car les études sont sans appel. Une recher­che menée au Royaume-Uni sur 19 mil­lions d’hos­pi­ta­li­sa­tions démon­tre qu’en pas­sant de dix à six patients par infir­mière, les chan­ces de survie bon­dis­sent de 20 %. Selon The Lancet, chaque patient sup­plé­men­taire confié à une infir­mière aug­mente de 7 % le risque de mor­ta­lité. Et en France ? Les soi­gnants doi­vent gérer deux fois plus de patients que ce que pré­voient les stan­dards inter­na­tio­naux (6 à 8 selon les patho­lo­gies). Ce n’est plus de la ten­sion : c’est de la mise en danger.

Former pour trans­for­mer

Conduite par sa Présidente Virginie Flamisset, la délé­ga­tion du SNPI sera également atten­tive aux échanges sur la for­ma­tion infir­mière, enjeu stra­té­gi­que pour répon­dre aux défis démo­gra­phi­ques, tech­no­lo­gi­ques et sociaux du XXIe siècle. Loin d’un simple for­ma­tage tech­ni­que, il s’agit de former des pro­fes­sion­nels capa­bles de com­pren­dre les déter­mi­nants de la santé, de s’adap­ter à des contex­tes com­plexes et de pren­dre des déci­sions éclairées au plus près des besoins.

Les modè­les éducatifs inno­vants pré­sen­tés — simu­la­tion, for­ma­tion inter­pro­fes­sion­nelle, lea­der­ship — font écho aux reven­di­ca­tions du SNPI pour une for­ma­tion infir­mière portée à quatre ans en France, à l’image de la majo­rité des pays euro­péens et des stan­dards inter­na­tio­naux. Car il est temps de reconnaî­tre plei­ne­ment l’exper­tise infir­mière, de valo­ri­ser les com­pé­ten­ces de ter­rain, et de pré­pa­rer les géné­ra­tions futu­res à un exer­cice auto­nome, res­pon­sa­ble et éthique.

Éthique, régu­la­tion, reconnais­sance

Enfin, les ques­tions éthiques et régle­men­tai­res sont au cœur des débats. À l’heure où les pra­ti­ques évoluent, où les res­pon­sa­bi­li­tés s’élargissent, où les dilem­mes se mul­ti­plient dans des sys­tè­mes par­fois déshu­ma­ni­sés, les infir­miè­res rap­pel­lent que leur bous­sole reste celle du soin juste. Encadrer les pra­ti­ques, garan­tir la qua­lité des for­ma­tions, pro­mou­voir des stan­dards inter­na­tio­naux fondés sur la dignité et la com­pé­tence : autant de chan­tiers défen­dus par le CII… et relayés par les syn­di­cats comme le SNPI.

En par­ti­ci­pant à ce 30e congrès mon­dial, une semaine après le congrès inter­na­tio­nal fran­co­phone du SIDIIEF, le SNPI affirme sa volonté de tisser des liens dura­bles avec les col­lè­gues du monde entier, de contri­buer à la dif­fu­sion des savoirs, et d’ins­crire la voix des infir­miè­res fran­çai­ses dans les gran­des orien­ta­tions inter­na­tio­na­les. Parce que les défis de santé sont mon­diaux, les répon­ses doi­vent l’être aussi.

Dans un monde frag­menté, les infir­miè­res ras­sem­blent. Dans un monde en muta­tion, elles inno­vent. Et dans un monde en souf­france, elles soi­gnent — pour de vrai, pour long­temps, et pour tous.

***********

Le pro­gramme du Congrès : https://icn­congress.org/220/agenda

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Vacciner aujourd’hui pour protéger l’autonomie demain : un enjeu central du bien vieillir

Vieillir en bonne santé n’est pas un luxe. C’est la condition d’une société qui assume son (…)

De Bruxelles à Paris : le même combat pour protéger les patients et les vulnérables

Quand un gouvernement décide de réduire massivement les dépenses publiques, ce ne sont jamais (…)

Diabète, surpoids, cancers : le Nutri-Score peut changer la santé publique

Informer pour prévenir. Prévenir pour protéger. La prévention n’est pas un slogan : c’est le (…)

PLFSS 2026 : unir la voix des patients et des soignants pour un système plus juste

Quand le budget devient un prétexte pour restreindre l’accès aux soins, ce sont toujours les (…)

Ecoles mal ventilées : un risque massif ignoré par les municipalités

Chaque jour, 6,4 millions d’enfants respirent un air dont personne ne leur garantit la qualité. (…)

Tribune "La qualité de l’air dans les écoles est un enjeu crucial"

Tribune. Depuis la pandémie, beaucoup de promesses ont été faites sur la qualité de l’air dans (…)