Les antidépresseurs : règles de bonne pratique
1er juin 2014
L’Académie de Médecine vient de publier un rapport de 15 pages (Commission Psychiatrie et santé mentale)
Les médicaments antidépresseurs suscitent périodiquement dans les médias et le grand public des interrogations quant à leur bon usage étant affirmé qu’ils seraient trop souvent voire mal prescrits en France en particulier par les médecins généralistes.
Les médicaments antidépresseurs doivent être prescrits dans le respect des règles de bonne pratique : diagnostic d’épisode dépressif majeur ou de trouble relevant de ce type de traitement, posologie et durée de prescription adéquats.
On connaît trop peu les effets de ces molécules sur le foetus et l’enfant : ceci ne justifie pas de méconnaitre les états dépressifs de la femme durant ou après la grossesse ou de l’enfant et l’adolescent. Les antidépresseurs sont un moyen de réduire le risque suicidaire chez l’enfant ou l’adolescent, l’adulte jeune ou âgé.
L’efficacité des antidépresseurs sur les symptômes émotionnels dépressifs ou anxieux est désormais bien établie : le risque de facilitation de conduites suicidaires par ces molécules est cependant mentionné. Mieux prescrire les antidépresseurs repose sur un meilleur repérage des
symptômes justifiant le diagnostic d’épisode dépressif ou de trouble anxieux y compris chez l’enfant et le sujet âgé, sur un suivi attentif de l’évolution des symptômes.
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
1) Les critères utilisés pour l’aide au diagnostic de trouble dépressif notamment dans les enquêtes épidémiologiques et les outils de mesure de l’intensité des symptômes dépressifs et de l’évolution sous l’action des traitements pharmacologiques doivent être enseignés à tout médecin : ils sont une aide au repérage de la symptomatologie et aux décisions thérapeutiques, en particulier prescrire ou ne pas prescrire un antidépresseur.
2) Bien prescrits les antidépresseurs ont un effet anti suicidaire. Cependant la mise en route d’un traitement antidépresseur doit se faire après évaluation des facteurs de risque de conduite suicidaire. Les règles de bonnes pratiques doivent être respectées : réévaluation hebdomadaire de l’état du patient pendant le premier mois, bimensuelle pendant le 2ème mois au moins mensuelle ensuite, posologie réduite chez les sujets âgés ou fragilisés par un handicap mental.
3) Des études portant sur les effets des antidépresseurs chez l’enfant sont hautement souhaitables :
pour en évaluer l’efficacité selon l’âge de l’enfant,
pour apprécier les conséquences neurodeveloppementales et biologiques
de l’introduction de tels agents sur un cerveau en développement.
La primoprescription d’un antidépresseur chez les sujets de moins de 18 ans doit être réservée aux médecins spécialistes en pédiatrie et/ou en psychiatrie.
4) Certains états pathologiques nécessitent un traitement antidépresseur au long cours : la non disponibilité plus ou moins transitoire de certains médicaments antidépresseurs en officine devrait être prévenue par des actions adéquates des autorités de santé auprès des industriels concernés.