Lorsque des troubles cognitifs sont présents, comment concilier sécurité et liberté ?

24 juin 2024

Pour accom­pa­gner un proche qui a des trou­bles cog­ni­tifs, la ques­tion cru­ciale est de savoir com­ment garan­tir la sécu­rité tout en res­pec­tant la liberté et la dignité des per­son­nes concer­nées. Il est essen­tiel de trou­ver un équilibre entre pro­tec­tion et auto­no­mie afin de favo­ri­ser une qua­lité de vie opti­male.

Les trou­bles cog­ni­tifs affec­tent des fonc­tions men­ta­les telles que la mémoire, le rai­son­ne­ment, et la com­pré­hen­sion. Ces trou­bles peu­vent décou­ler de diver­ses condi­tions, y com­pris la mala­die d’Alzheimer, les acci­dents vas­cu­lai­res céré­braux, ou les trau­ma­tis­mes crâ­niens. Les symp­tô­mes varient selon la cause et la gra­vité, mais ils peu­vent inclure des pertes de mémoire, des dif­fi­cultés de com­mu­ni­ca­tion, et des trou­bles du juge­ment.

La sécu­rité des per­son­nes attein­tes de trou­bles cog­ni­tifs est une préoc­cu­pa­tion majeure :
 Les per­son­nes peu­vent se perdre ou se retrou­ver dans des situa­tions dan­ge­reu­ses en raison de la déso­rien­ta­tion.
 La mani­pu­la­tion d’appa­reils électroménagers ou d’objets tran­chants peut être ris­quée.
 Une mau­vaise ges­tion des médi­ca­ments peut entraî­ner des sur­do­sa­ges ou des omis­sions de doses cru­cia­les.
 Les per­son­nes attein­tes de trou­bles cog­ni­tifs peu­vent être plus vul­né­ra­bles aux abus finan­ciers, émotionnels ou phy­si­ques.

Respecter la liberté et l’auto­no­mie des per­son­nes attein­tes de trou­bles cog­ni­tifs est tout aussi cru­cial que garan­tir leur sécu­rité. L’auto­no­mie favo­rise la dignité, le bien-être émotionnel, et la qua­lité de vie. Voici quel­ques stra­té­gies pour conci­lier sécu­rité et liberté :
 Adapter le domi­cile pour mini­mi­ser les ris­ques. Cela peut inclure l’ins­tal­la­tion de ser­ru­res sécu­ri­sées, de détec­teurs de fumée et de gaz, ainsi que l’élimination des dan­gers poten­tiels.
 Utiliser des dis­po­si­tifs tels que des sys­tè­mes de loca­li­sa­tion GPS pour les per­son­nes à risque d’errance, des détec­teurs de mou­ve­ment pour sur­veiller les mou­ve­ments à domi­cile, et des rap­pels de prise de médi­ca­ments auto­ma­ti­sés.
 Élaborer des plans de soins qui res­pec­tent les capa­ci­tés et les pré­fé­ren­ces indi­vi­duel­les. Cela impli­que une col­la­bo­ra­tion étroite avec des pro­fes­sion­nels de santé, des aidants, et la per­sonne concer­née.
 Encourager la par­ti­ci­pa­tion à des acti­vi­tés qui appor­tent du sens et du plai­sir. Les acti­vi­tés phy­si­ques, socia­les et intel­lec­tuel­les adap­tées peu­vent amé­lio­rer la qua­lité de vie et réduire les com­por­te­ments pro­blé­ma­ti­ques.
 Former les aidants sur les meilleu­res pra­ti­ques pour gérer les trou­bles cog­ni­tifs, tout en leur four­nis­sant un sou­tien émotionnel et des res­sour­ces pour éviter l’épuisement.

Les déci­sions concer­nant la sécu­rité et la liberté des per­son­nes attein­tes de trou­bles cog­ni­tifs doi­vent également pren­dre en compte les aspects légaux et éthiques. Il est essen­tiel de res­pec­ter les droits de la per­sonne, y com­pris son droit à la vie privée et à l’auto­dé­ter­mi­na­tion. Les inter­ven­tions doi­vent être pro­por­tion­nel­les et fon­dées sur le prin­cipe de la moin­dre res­tric­tion néces­saire.

Les infir­miers jouent un rôle cen­tral dans la ges­tion des trou­bles cog­ni­tifs, en assu­rant un équilibre entre sécu­rité et liberté.
 Les infir­miers réa­li­sent des évaluations régu­liè­res de l’état cog­ni­tif et phy­si­que des patients. Ils sur­veillent les signes de déclin ou de chan­ge­ment dans la condi­tion, ajus­tant les plans de soins en consé­quence.
 Ils veillent à l’admi­nis­tra­tion cor­recte des médi­ca­ments, éduquant les patients et les aidants sur l’impor­tance de la régu­la­rité et des effets secondai­res poten­tiels. Les infir­miers peu­vent également orga­ni­ser des sys­tè­mes de rappel pour aider les patients à pren­dre leurs médi­ca­ments à temps.
 Les infir­miers four­nis­sent des for­ma­tions et un sou­tien aux aidants, leur ensei­gnant com­ment gérer les symp­tô­mes des trou­bles cog­ni­tifs, com­ment uti­li­ser les équipements de sécu­rité, et com­ment réagir en cas de crise.
 Ils encou­ra­gent et aident les patients à par­ti­ci­per en auto­no­mie à des acti­vi­tés qui sti­mu­lent leurs capa­ci­tés cog­ni­ti­ves et phy­si­ques, tout en veillant à ce que ces acti­vi­tés soient sûres et adap­tées à leur niveau de fonc­tion­ne­ment.
 Les infir­miers assu­rent la coor­di­na­tion des soins entre les dif­fé­rents pro­fes­sion­nels de santé, les patients, et leurs famil­les, assu­rant une com­mu­ni­ca­tion fluide et une prise en charge cohé­rente et inté­grée.
 Ils appor­tent un sou­tien émotionnel essen­tiel aux patients et aux famil­les, aidant à gérer le stress, l’anxiété et les sen­ti­ments de perte asso­ciés aux trou­bles cog­ni­tifs.

Concilier sécu­rité et liberté pour les per­son­nes attein­tes de trou­bles cog­ni­tifs néces­site une appro­che équilibrée et indi­vi­dua­li­sée. Il s’agit de pro­té­ger sans sur­pro­té­ger, de sou­te­nir sans infan­ti­li­ser, et de res­pec­ter la dignité de chaque indi­vidu. Les infir­miers jouent un rôle cru­cial dans ce pro­ces­sus, en assu­rant un suivi médi­cal rigou­reux, en éduquant et en sou­te­nant les aidants, et en pro­mou­vant l’auto­no­mie des patients. En com­bi­nant des amé­na­ge­ments pra­ti­ques, des tech­no­lo­gies d’assis­tance, des soins per­son­na­li­sés, et un sou­tien aux aidants, il est pos­si­ble de créer un envi­ron­ne­ment sécu­ri­sant et épanouissant pour les per­son­nes attein­tes de trou­bles cog­ni­tifs pré­cise Thierry Amouroux, le porte-parole du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI.

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