Margarines et yaourts « anticholestérol » : quelle efficacité ?

12 juillet 2014
Les aliments enrichis en phytostérols comme les margarines ou les produits laitiers frais par exemple ont-ils un effet bénéfique sur les maladies cardiovasculaires ? Dans un avis rendu public le 25 juin 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime que si les phytostérols contribuent à la réduction du cholestérol sanguin, leur bénéfice sur la prévention des maladies cardiovasculaires n’est pas démontré.
L’Anses indique en effet que les maladies cardiovasculaires sont multifactorielles, la diminution d’un seul facteur de risque n’entraînant pas automatiquement la diminution du risque de maladie. Par conséquent, l’Anses recommande :
aux personnes soucieuses de leur taux de cholestérol de consulter un professionnel de santé afin de connaître notamment les mesures hygiéno-diététiques les plus adaptées à leur situation,
aux consommateurs de produits enrichis en phytostérols de veiller à atteindre a minima les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) en fruits et légumes afin de compenser la baisse de bêta-carotène engendrée par la consommation de ces produits,
aux enfants d’éviter la consommation de produits enrichis en phytostérols,
aux femmes enceintes et allaitantes d’éviter la consommation de produits enrichis en phytostérols.
Les phytostérols sont des composés naturels présents dans les plantes (graines des oléagineux notamment). Les phytostanols sont issus de l’hydrogénation des phytostérols. Ayant une structure proche de celle du cholestérol, ces composés entrent en compétition avec lui au niveau intestinal et limitent ainsi son absorption.
Sur la base de la littérature scientifique disponible, l’allégation indiquant que les phytostérols et les phytostanols diminuent le cholestérol sanguin, et précisant que diminuer le cholestérol sanguin peut réduire le risque de maladies coronariennes, est autorisée dans la réglementation européenne.
Suite à certaines interrogations, l’Association de consommateurs UFC-Que choisir a saisi l’Anses afin qu’elle évalue le risque et le bénéfice liés à la consommation de produits alimentaires enrichis en phytostérols et phytostanols.
Une analyse du marché français des produits enrichis en phytostérols montre qu’ils se concentrent actuellement sur trois secteurs : les margarines, les produits laitiers frais et assimilés et les sauces condimentaires et représentent environ 4% de leurs parts de marché respectives.
Une expertise mettant en évidence de nombreuses incertitudes
Si les phytostérols contribuent en effet à une réduction moyenne d’environ 10 % de la cholestérolémie totale et de la teneur en LDL-Cholestérol circulant (communément appelé « mauvais cholestérol »), la variabilité individuelle de réponse aux phytostérols est grande. Chez environ 30 % des sujets, la consommation d’aliments enrichis en phytostérols n’induit pas de baisse de LDL-Cholestérol.
La consommation d’aliments enrichis en phytostérols entraîne par ailleurs une augmentation des concentrations plasmatiques en phytostérols dont les conséquences sur le risque cardiovasculaire ne sont pas connues.
De plus, une baisse de la concentration plasmatique en β-carotène est également observée suite à la consommation de phytostérols, ce qui est susceptible d’augmenter le risque cardiovasculaire.
Enfin, il n’existe pas d’études portant sur les effets des phytostérols directement sur les événements cardiovasculaires qui permettraient de statuer sur la résultante des effets des phytostérols sur l’ensemble de ces paramètres intermédiaires (LDL-Cholestérol, phytostérols plasmatiques, β-carotène plasmatique). A ce jour, on ne peut donc pas conclure sur les effets des phytostérols sur la prévention des risques cardiovasculaires.