Ratios infirmiers : l’épuisement augmente les maladies nosocomiales

29 janvier 2023

Deux décen­nies d’études natio­na­les et inter­na­tio­na­les ont établi, de façon cons­tante, un lien très clair entre le nombre de patients par infir­mière et la santé des patients : une dota­tion ina­dé­quate en per­son­nel infir­mier entraine une aug­men­ta­tion du taux de mor­ta­lité, des infec­tions uri­nai­res, des sep­ti­cé­mies, des infec­tions hos­pi­ta­liè­res, des sai­gne­ments gas­tro­duo­dé­naux, des chocs et des arrêts car­dia­ques, des erreurs médi­ca­les, des échecs des secours, et des durées plus lon­gues que pré­vues du séjour à l’hôpi­tal. La fer­me­ture de ser­vi­ces entraine un sur­peu­ple­ment des urgen­ces avec des « soins infir­miers dans les cou­loirs, sur des bran­cards » et autres lieux inap­pro­priés.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI réclame l’appli­ca­tion des recom­man­da­tions qui décou­lent de ces études inter­na­tio­na­les :
- il faut s’enten­dre sur une charge de tra­vail com­pa­ti­ble avec des soins de qua­lité avec des ratios : pour telle spé­cia­lité, une infir­mière pour tel nombre de patients.
- amé­lio­rer les condi­tions de vie au tra­vail du per­son­nel infir­mier, afin de réduire la fati­gue chez le per­son­nel infir­mier, source d’absen­téisme
- asso­cier le per­son­nel infir­mier aux déci­sions rela­ti­ves aux soins des patients
- aug­men­ter les bud­gets alloués à la for­ma­tion et au déve­lop­pe­ment pro­fes­sion­nel continu DPC

Une étude amé­ri­caine a exa­miné le lien entre l’épuisement pro­fes­sion­nel des infir­miers et le taux d’infec­tions noso­co­mia­les dans 161 hôpi­taux de Pennsylvanie.

Les cher­cheurs cons­ta­tent dans cette étude que pour chaque patient sup­plé­men­taire attri­bué à un infir­mier, une infec­tion uri­naire sup­plé­men­taire et une infec­tion du site opé­ra­toire sup­plé­men­taire se pro­dui­sent au sein de l’hôpi­tal.

Une réduc­tion de 10% des taux d’épuisement pro­fes­sion­nel des infir­miers per­met­trait ainsi d’éviter envi­ron 4160 infec­tions et sauver 41 mil­lions de dol­lars chaque année dans le seul état de Pennsylvanie.

Les auteurs de l’étude encou­ra­gent donc les établissements de santé à amé­lio­rer la dota­tion en per­son­nel infir­mier des hôpi­taux et à amé­lio­rer leur condi­tion de tra­vail afin de réduire leur l’épuisement pro­fes­sion­nel. Une telle poli­ti­que serait moins coû­teuse que la prise en charge des infec­tions direc­te­ment liées à l’épuisement des per­son­nels infir­miers.

Source : http://www.ajic­jour­nal.org/arti­cle/S0196-6553(12)007092/abs­tract

Le burn-out des infir­miè­res asso­cié à un risque accru d’infec­tions noso­co­mia­les

Le burn-out (ou épuisement pro­fes­sion­nel) des infir­miè­res à l’hôpi­tal est asso­cié à un risque accru d’infec­tions noso­co­mia­les, selon une étude amé­ri­caine publiée dans le numéro d’août de l’American Journal of Infection Control.

Des études ont déjà mis en évidence un lien entre la sur­charge de tra­vail des infir­miè­res et cer­tai­nes infec­tions noso­co­mia­les. D’autres ont cher­ché à déter­mi­ner le meilleur para­mè­tre de défi­cit des effec­tifs à l’hôpi­tal ayant un réel impact sur les infec­tions noso­co­mia­les.

Mais aucune étude publiée jusqu’à pré­sent n’avait évalué l’asso­cia­tion entre le burn-out des infir­miè­res et les infec­tions noso­co­mia­les, sou­li­gnent Jeannie Cimiotti, de la State University of New Jersey à Newark, et ses col­lè­gues.

Les cher­cheurs ont rap­pro­ché les don­nées d’une enquête sur le burn-out des infir­miers menée en 2006 auprès de plus de 7.000 sala­riés (des femmes dans 95% des cas) dans 161 hôpi­taux de Pennsylvanie (227 lits en moyenne par établissement), avec les don­nées de sur­veillance des infec­tions noso­co­mia­les (le choix s’étant porté sur les deux plus fré­quen­tes, les infec­tions uri­nai­res sur sonde et les infec­tions du site opé­ra­toire, dont les taux étaient en moyenne de 7 et 5 pour 1.000 patients res­pec­ti­ve­ment).

Le burn-out a été évalué avec le MBI-HSS (Maslach Burnout Inventory-Human Services Survey), un score sur 22 points asso­ciés à l’atti­tude pro­fes­sion­nelle à trois dif­fé­rents niveaux (sur­tout l’épuisement émotionnel, mais également la déper­son­na­li­sa­tion et l’accom­plis­se­ment per­son­nel). Dans l’étude, plus d’un tiers des infir­miè­res avaient un burn-out élevé (défini par un score MBI-HSS de 27 ou plus pour les pro­fes­sion­nels de santé).

Globalement et en moyenne, les infir­miè­res étaient âgées de 44 ans et s’occu­paient de 5,7 patients cha­cune. L’étude a mis en évidence une asso­cia­tion sta­tis­ti­que­ment signi­fi­ca­tive entre le ratio infir­miè­res/patients ou le burn-out élevé et les deux types d’infec­tions noso­co­mia­les.

L’assi­gna­tion d’un patient sup­plé­men­taire à chaque infir­mière dans un hôpi­tal était asso­ciée à pres­que une infec­tion uri­naire sup­plé­men­taire pour 1.000 patients et à pres­que une infec­tion du site opé­ra­toire sup­plé­men­taire pour 1.000 patients. Une hausse de 10% de la pro­por­tion d’infir­miè­res souf­frant d’un burn-out élevé était asso­ciée à une aug­men­ta­tion de presqu’une infec­tion uri­naire et deux infec­tions du site opé­ra­toire pour 1.000 patients.

Inversement, si les hôpi­taux par­ve­naient à dimi­nuer la pro­por­tion d’infir­miè­res souf­frant d’un burn-out élevé (de 30% actuel­le­ment à 10%), un total de 4.160 infec­tions pour­raient être évitées et 41 mil­lions de dol­lars par an économisés.
(American Journal of Infection Control, août, vol.40, n°6, p486-490)

Voir également :
- Ratio patients soi­gnants : Infirmiers sur­char­gés, patients en danger
https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Ratio-patients-soi­gnants-Infirmiers-sur­char­ges-patients-en-danger.html
- Améliorer les ratios infir­­mière-patients est aussi ren­ta­ble !
https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Ameliorer-les-ratios-infir-miere-patients-est-aussi-ren­ta­ble-3087.html

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