Restaurer nos capacités à nous soigner : l’appel des organisations santé

Restaurer nos capacités à nous soigner : l'appel des organisations santé

3 avril 2020

Communiqué unitaire du 2 avril 2020 (en téléchargement en fin d’article).

La situa­tion sani­taire de la France est grave, chacun l’éprouve en ce moment en sup­por­tant le confi­ne­ment, puis­que face au coro­na­vi­rus, c’est la seule option pour pal­lier les caren­ces de notre sys­tème de santé, lui qui fut le plus per­for­mant du monde en l’an 2000 d’après l’OMS.

L’ensem­ble des orga­ni­sa­tions signa­tai­res rap­pel­lent qu’elles ont alerté inlas­sa­ble­ment depuis de lon­gues années sur cette dégra­da­tion conti­nue, et en par­ti­cu­lier tout au long de l’année 2019, lors de mani­fes­ta­tions par­ti­cu­liè­re­ment popu­lai­res parmi tous les habi­tants de notre pays.

Notre cons­tat depuis un an est dra­ma­ti­que­ment validé par la situa­tion actuelle : on manque de lits d’hôpi­taux, en par­ti­cu­lier de réa­ni­ma­tion, on manque de per­son­nel pour faire tour­ner les établissements, les EHPAD sont en grande ten­sion, les pro­fes­sion­nels fuient désor­mais l’Hôpital Public où les salai­res blo­qués malgré l’infla­tion du prix de la vie et de la charge de tra­vail font fuir autant que la perte de sens engen­drée par l’indif­fé­rence des pou­voirs publics.

Cette crise qui nous absorbe tous inten­sé­ment dans une course contre la montre épuisante mais indis­pen­sa­ble, où trop de soi­gnants meu­rent pour sauver des vies au péril de la leur, tant les condi­tions de sécu­rité sont déla­brées. A l’issue de cette crise, il faudra déter­mi­ner les res­pon­sa­bi­li­tés dans les poli­ti­ques de ration­ne­ment de notre sys­tème de santé qui coûte aujourd’hui des vies aux patients comme aux pro­fes­sion­nels. Il n’est pas accep­ta­ble que le désen­ga­ge­ment de l’État soit pallié par des cagnot­tes en ligne finan­cées par des gens qui coti­sent déjà sur leur salaire !

Chaque crise sani­taire démon­tre le dévoue­ment extra­or­di­naire des méde­cins et para­mé­di­caux, admi­nis­tra­tifs et ouvriers au sein des établissements du sani­taire, du médico-social et du social, mais entraine aussi leur départ en nombre après les crises devant l’absence de reconnais­sance dura­ble, passé les féli­ci­ta­tions dans le feu de l’action. Nous ne sur­mon­te­rons cette épreuve qu’unis !

Nous ne pou­vons pas nous conten­ter de ce sombre cons­tat, nous avons des solu­tions pour remet­tre notre sys­tème de santé au niveau qu’il n’aurait jamais dû quit­ter. Des mesu­res doi­vent et peu­vent être prises immé­dia­te­ment.

Certaines auront un effet dans un temps long, mais elles peu­vent être déci­dées rapi­de­ment ! Il faut rou­vrir des lits d’hôpi­taux là où c’est néces­saire, recons­ti­tuer les trou­pes en réem­bau­chant du per­son­nel médi­cal et non-médi­cal, admi­nis­tra­tif et ouvrier, et le payer décem­ment pour qu’il revienne notam­ment dans le ser­vice public, qui soigne chacun d’entre nous sans consi­dé­ra­tion de for­tune et sans trier les mala­des sur leur « ren­ta­bi­lité ». La gou­ver­nance des hôpi­taux doit être par­ta­gée avec tous les per­son­nels et être à l’écoute des usa­gers.

D’autres mesu­res peu­vent être prises rapi­de­ment et avoir un effet qua­si­ment immé­diat mais pour long­temps ! Les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les de per­son­nels médi­caux et para­mé­di­caux, col­lec­tifs et asso­cia­tions d’usa­gers du sec­teur de la Santé et de l’Action Sociale que nous repré­sen­tons appel­lent solen­nel­le­ment le gou­ver­ne­ment à réqui­si­tion­ner l’ensem­ble des forces indus­triel­les de notre pays afin de pro­duire les médi­ca­ments et dis­po­si­tifs néces­sai­res pour vain­cre cette épidémie mor­telle.

Cette épidémie n’est pas la pre­mière qui appa­raît depuis une ving­taine d’années, même si son ampleur est sans équivalent. La mon­dia­li­sa­tion et la défo­res­ta­tion nous ont mis en contact avec des agents patho­gè­nes inconnus et l’épidémie actuelle n’est qu’une parmi une longue série à venir : cet effort natio­nal pour res­tau­rer nos capa­ci­tés à nous soi­gner, et défi­nir une autre poli­ti­que de santé et de pro­tec­tion sociale n’est pas qu’une riposte au coro­na­vi­rus, c’est aussi un inves­tis­se­ment pour l’avenir. Il serait insensé de l’esqui­ver plus long­temps.

Le 7 avril est la jour­née mon­diale de la Santé : nous invi­tons toutes les per­son­nes qui nous sou­tien­nent chaque soir à leur balcon à affi­cher clai­re­ment ce jour-là qu’ils tien­nent à l’Hôpital Public et à notre sys­tème de Santé et de pro­tec­tion sociale qui doit avoir les moyens humains et maté­riels de fonc­tion­ner !

Tous les per­son­nels hos­pi­ta­liers et des établissements de Santé et d’Action Sociale comp­tent sur vous, et vous savez que l’inverse n’est plus à prou­ver !

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