Suicides d’infirmiers : le SNPI demande un moratoire sur les réorganisations

31 août 2016
Le 31 août 2016, le Magazine de la santé diffusé sur France 5 est revenu sur les cinq suicides d’infirmiers de ces dernières semaines. Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI), était l’invité de l’émission et s’est exprimé sur le sujet. "Malheureusement, nous avons moins de considération que les vitres cassées de l’hôpital Necker", déplore-t-il. "Cinq personnes se sont suicidées et pas un mot de la Ministre" (qui s’était déplacée avec le Premier Ministre à Necker).
Questionné par Michel Cymès sur la dégradation des conditions de travail, Thierry Amouroux constate qu’ "on demande aux hôpitaux de réduire leur budget année après année. La première variable d’ajustement est le personnel. Les hôpitaux comptent de moins en moins d’infirmiers pour de plus en plus de patients. Ainsi, les IDE enchaînent les actes techniques et n’accompagnent plus les patients. D’autant que nous sommes dans une logique de traçabilité. C’est pourquoi beaucoup de jeunes diplômés abandonnent leur métier et les plus anciens dépriment. Aujourd’hui, nous demandons un moratoire sur les économies faites sur la santé".
Pour Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, "les conditions de travail se dégradent un peu partout. La pression devient trop rude sur des professionnels que l’on pousse à bout (rappels sur repos, polyvalence imposée, perte de sens, sous-effectif, pression à l’activité). Ces réorganisations sont en rupture avec les valeurs soignantes, et débouchent sur une maltraitance des soignants et la mise en danger des patients."
Les patients n’en peuvent plus des attentes aux urgences, des lits dans les couloirs, aussi l’agressivité augmente : 5 703 infirmiers ont été victimes de violences en 2014, soit 15 par jour selon dernier rapport de l’ONVS.
A l’hôpital, les nouvelles formes de management des directions, les nouvelles organisations du travail amènent à une déshumanisation du travail. Non seulement l’institution ne prend plus soin de ceux qui prennent soin, mais elle les maltraite.
Le travail infirmier est envahi de tâches administratives qui éloignent du cœur de métier, obligeant à suivre des règles, à respecter des procédures, à se préoccuper davantage de la traçabilité des actes accomplis (en remplissant des fichiers et en cochant des cases), que de la qualité des soins et de la satisfaction des besoins des personnes soignées.
Avec la mise en place des GHT Groupements Hospitaliers de Territoire depuis début juillet, la "mutualisation des moyens" va se traduire par la suppression de 16.000 lits et 22.000 postes, donc les choses vont encore s’aggraver. C’est pourquoi le SNPI demande un moratoire.
Plus de détails :
Suicides des infirmiers : un mal être passé sous silence http://www.francetvinfo.fr/sante/patient/droits-et-demarches/suicides-des-infirmiers-un-mal-etre-passe-sous-silence_1803645.html
Comment nous en sommes nous arrivés : http://www.syndicat-infirmier.com/2-infirmieres-sur-les-5-du-service.html
Suicides d’infirmiers : les tutelles toujours silencieuses, la colère monte http://www.infirmiers.com/actualites/actualites/suicides-infirmiers-les-tutelles-toujours-silencieuses-la-colere-monte.html
Après cinq suicides cet été, malaise chez les infirmiers http://www.europe1.fr/societe/apres-cinq-suicides-cet-ete-malaise-chez-les-infirmiers-2835418