COCHIN : l’AP-HP infantilise ses infirmières !

15 septembre 2009

Suite à la mort du petit Ilyès en décem­bre 2008 (erreur de pro­duit d’une infir­mière, et gros dys­fonc­tion­ne­ment dans la chaine du médi­ca­ment) la direc­tion du CHU Cochin St Vincent de Paul a décidé d’un pro­gramme de "réé­du­ca­tion" de ses infir­miè­res :

Dans une salle de classe, un "sur­veillant" dis­tri­bue les copies : cinq exer­ci­ces à résou­dre dans un temps donné, pour véri­fier que les infir­miè­res connais­sent la "règle de trois" (ensei­gnée au CM2). Cette humi­lia­tion est une "for­ma­tion" obli­ga­toire pour les infir­miè­res du CHU.

Bien entendu, plu­sieurs infir­miè­res ont refusé de retour­ner sur les "bancs de l’école pri­maire", et une péti­tion cir­cule.

"Bonnet d’âne" à la direc­tion locale :
- qui ne fait pas confiance à ses infir­miè­res, qui uti­li­sent cette opé­ra­tion de base plu­sieurs fois par jour pour les "cal­culs de doses" de pro­duits à injec­ter,
- qui montre ainsi l’image et la consi­dé­ra­tion qu’ils ont pour des pro­fes­sion­nels diplô­més à bac +3 (depuis 1979), d’où le sen­ti­ment latent d’un « manque de reconnais­sance »
- qui laisse ainsi enten­dre que la seule faute du drame de noël serait du res­sort de l’infir­mière (alors que pour ce qui relève de sa res­pon­sa­bi­lité, ce n’est pas un pro­blème de calcul, mais une erreur de pro­duit) : mais com­ment un concen­tré de labo­ra­toire a pu se retrou­ver dans un ser­vice hos­pi­ta­lier ? Comment a t on pu condi­tion­ner avec une pré­sen­ta­tion iden­ti­que un "concen­tré toxi­que" avec un "pro­duit de per­fu­sion" ?

Pour sa part, le SNPI CFE-CGC consi­dère que les condi­tions de tra­vail impo­sées par l’admi­nis­tra­tion pous­sent à la faute : chaque jour, à chaque geste, chaque infir­mière vit avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Nous sommes des êtres humains, et l’erreur est humaine. Nous exer­çons une pro­fes­sion à haut risque, et nous por­tons la plus grande res­pon­sa­bi­lité qui soit : celle de la vie d’autrui.

Or, le manque de per­son­nel, de moyens, de repos et d’un cadre de tra­vail cor­rect peut deve­nir source d’erreur de la part de n’importe quel soi­gnant. Ce n’est pas l’humi­lia­tion d’une "inter­ro­ga­tion écrite de CM2"
qui va amé­lio­rer les pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les et la sécu­rité des soins !
pré­cise Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC.

Les condi­tions de tra­vail à l’hôpi­tal se sont consi­dé­ra­ble­ment dégra­dées car les établissements doi­vent faire des économies, alors on rogne sur tout, et de nom­breux postes sont sup­pri­més, les pre­miè­res années chez les admi­nis­tra­tifs et les tech­ni­ques, main­te­nant chez les soi­gnants. La dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail est telle que l’effec­tif normal est pra­ti­que­ment sem­bla­ble à l’effec­tif mini­mum du week-end, les repos dûs s’accu­mu­lent, et lors des vacan­ces sco­lai­res nous attei­gnons le point de rup­ture.

En agis­sant ainsi, les res­pon­sa­bles d’établissements créent les condi­tions pour conduire à des erreurs médi­ca­les : étant en pre­mière ligne, les infir­miè­res sont mises en situa­tion de com­met­tre des erreurs.

Selon l’Observatoire des ris­ques médi­caux (ORM), en 2006, sur 735 dos­siers, les actes de soins ont été la pre­mière cause d’acci­dent (80 %) après les actes de diag­nos­tic (11 %).

Nous invi­tons donc les infir­miè­res sala­riées qui ne l’ont pas encore fait à pren­dre sans tarder une assu­rance "res­pon­sa­bi­lité civile pro­fes­sion­nelle" , et à rem­plir une fiche d’alerte lors de chaque situa­tion dif­fi­cile, pour pré­ve­nir par écrit l’admi­nis­tra­teur de garde, et les élus du CHSCT d’une situa­tion dan­ge­reuse.

Nous vous invi­tons également à nous indi­quer les pré­sen­ta­tions médi­ca­men­teu­ses sour­ces de confu­sion , afin de cons­ti­tuer une banque de don­nées sur des pré­sen­ta­tions et étiquettes de médi­ca­ments qui majo­rent le risque d’erreur.

La situa­tion est grave, il convient de réagir en pro­fes­sion­nels pour pré­ve­nir les ris­ques.

Plus d’infor­ma­tions :

Erreurs de médi­ca­ments : règles à obser­ver

Responsabilite juri­di­que de l’infir­mière

Les erreurs de medi­ca­tion,

Comment l’erreur arrive : le point de rup­ture est atteint,

Les patients paient le prix du manque de per­son­nel et des sur­char­ges de tra­vail,

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