Les erreurs de médication : une étude du CII
14 janvier 2009
Le Conseil International des Infirmières signale que "86% des erreurs de médication commises par les médecins, les pharmaciens et d’autres praticiens sont détectées par les infirmières".
Ainsi que le CII le rappelle dans une prise de position officielle, la sécurité des patients est un aspect fondamental de la qualité et des soins infirmiers. Selon certains experts, les erreurs de médication sont l’une des principales causes de décès et d’invalidité.
Ces erreurs causent davantage de décès chaque année que les accidents du travail. Plusieurs études laissent entendre que les médecins, les gestionnaires de services de santé et les infirmières elles-mêmes estiment que la sécurité des patients ressortit avant tout de la responsabilité de la profession infirmière. Étant donné que les infirmières occupent une place centrale dans la sécurité des patients, le danger existe que les erreurs puissent leur être imputées plutôt qu’à des dysfonctionnements systémiques.
Or, l’évidence montre que la vigilance des membres de la profession infirmière protège les patients contre les pratiques dangereuses. Par exemple, une étude a prouvé que 86% des erreurs de médication commises par les médecins, les pharmaciens et d’autres praticiens sont détectées par les infirmières avant qu’elles ne déploient leurs effets négatifs. La sécurité des patients doit donc être abordée sous l’angle d’une approche globale impliquant tous les membres de l’équipe soignante ainsi que l’encadrement.
Pourquoi les erreurs de médication se produisent-elles ?
Chaque étape des soins aux patients engendre un certain potentiel d’erreur et de risque pour la sécurité des patients. La complexité des systèmes de santé actuels peut susciter certains dangers pour la sécurité des patients. Pour prévenir les erreurs de médication, il convient de comprendre les facteurs qui en sont à l’origine.
Dans une étude 5 portant sur les erreurs de prescription, il est montré que les facteurs les plus courants associés aux erreurs sont :
Les confusions dans le nom du médicament ou dans sa forme abrégée, ou dans la forme de son dosage.
Les erreurs de calcul de dosage.
Le dosage atypique, inhabituel ou dangereux.
De même que pour d’autres problèmes de sécurité, les erreurs de médication sont dues au facteur humain ou à des dysfonctionnements systémiques. Elles peuvent donc résulter de problèmes liés à la pratique, aux produits, aux procédures ou aux systèmes. D’autres facteurs contribuent aussi à l’apparition d’erreurs de médication : insuffisances dans la formation, pressions dues à la surcharge de travail, mauvaise appréhension des risques.
Caractéristiques des erreurs de médication
Les trois types d’erreurs les plus fréquentes sont :
L’erreur par omission (un médicament prescrit n’est pas administré).
Le dosage erroné (la dose, la force ou la quantité de médicament diffère de celle prescrite).
Les erreurs de nature, le médicament administré n’étant pas celui prescrit.
Une analyse des erreurs de médication peut permettre aux professionnels et aux gestionnaires de santé d’identifier quels médicaments, ou catégories de médicaments, sont le plus souvent à la source d’erreurs, et prendre ainsi des mesures pour les prévenir ou en limiter l’occurrence.
Des systèmes de santé sans reproche
On estime que 60% à 80% des événements indésirables qui surviennent dans les soins de santé sont imputables à des erreurs humaines. Par exemple, une analyse des anesthésies pratiquées montre que l’erreur humaine est à l’œuvre dans 82% des incidents évitables ; les 18% restants sont imputables à des défaillances du matériel.
Cependant, constater que des accidents sont dus à des erreurs humaines ne doit pas conduire à accuser des individus particuliers ni à les stigmatiser. La réaction habituelle en cas d’erreur est de chercher des coupables et de les punir (licenciement, procès), ou de prendre d’autres mesures visant à prévenir la réapparition de l’événement indésirable. Pourtant, une analyse correcte montrerait qu’il est peu probable qu’une erreur soit due à un seul acte commis par un seul prestataire de soins de santé. De même, le fait de rejeter la responsabilité sur un individu ne corrige en rien les facteurs de risques sous-jacents. Bien qu’une action punitive se justifie parfois (notamment en cas de négligence délibérée), elle n’est pas un moyen efficace d’empêcher la répétition d’une erreur.
Les êtres humains commettent des erreurs pour toute une série de raisons souvent liées au contexte de travail. Les infirmières et les autres professionnels de la santé comptent parmi les mains-d’œuvre les mieux formées et les plus attachées à la qualité de leur travail. La question n’est pas celle de la présence de mauvais travailleurs de la santé dans les systèmes de soins, mais celle de la perfectibilité des systèmes eux-mêmes.
Dans sa prise de Position officielle sur la sécurité des patients, le CII se déclare favorable à une approche globale, basée sur la transparence et l’ouverture, excluant toute démarche culpabilisante à l’encontre de l’individu et comprenant les mesures nécessaires à la correction des facteurs humains et systémiques à la source d’événements indésirables
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