Des étudiants infirmiers formés sur DVD

14 octobre 2012

Article paru le 10.10.12 sur le Figaro formation

Cette ren­trée uni­ver­si­taire a réservé une sur­prise aux étudiants infir­miers d’Aix-en-Provence. Une sur­prise dont ils se seraient bien passés. Pour les matiè­res ne por­tant pas spé­ci­fi­que­ment sur le métier d’infir­mier, les cours ne sont plus assu­rés par un pro­fes­seur…. mais par un DVD ! « Pour une pro­fes­sion qui prône l’humain et le contact, là, on en est car­ré­ment loin », s’indi­gne une étudiante. L’aca­dé­mie d’Aix-Marseille n’est pour­tant pas la seule à agir de la sorte. Selon la Fédération natio­nale des étudiants en soins infir­miers (FNESI), 80 % des écoles d’infir­miers sont concer­nées.

À l’ori­gine de ce pro­blème, le décret de 2009 concer­nant la for­ma­tion des 90.000 étudiants infir­miers fran­çais. Pour leur garan­tir une meilleure reconnais­sance, le minis­tère entame « l’uni­ver­si­ta­ri­sa­tion » de leurs trois années d’études. Depuis cette date, le diplôme d’infir­mier donne droit à un grade de licence. En contre­par­tie, sur leurs 2100 heures de for­ma­tions théo­ri­ques, 500 au mini­mum doi­vent être assu­rées par des uni­ver­si­tai­res. Notamment en bio­lo­gie, socio­lo­gie ou psy­cho­thé­ra­pie.

Un pro­blème pra­ti­que surgit immé­dia­te­ment. « Nous n’avions pas assez d’ensei­gnants méde­cins pour tous les Ifsi », avoue Jean-Marc Thourancheau, direc­teur géné­ral adjoint de l’Agence régio­nale de santé (ARS) en Franche-Comté. Il existe 336 Instituts de for­ma­tion en soins infir­miers (Ifsi) en France. Jusque là, la plu­part des ensei­gnants étaient des pro­fes­sion­nels qui ne répon­dent pas aux nou­veaux cri­tè­res.

Des moyens qui se font atten­dre
En 2010, les repré­sen­tants des étudiants avaient été reçus par Roselyne Bachelot, minis­tre de la Santé. Elle avait promis des moyens sup­plé­men­tai­res pour les Ifsi, les­quels se font tou­jours atten­dre. Les ins­ti­tuts bri­co­lent donc des solu­tions. Certains ins­tal­lent un sys­tème de visio­confé­rence qui permet une cer­taine inte­rac­ti­vité. Mais beau­coup d’écoles ne dis­po­sent pas des équipements néces­sai­res. Et dif­fu­sent en lieu et place des DVD, sim­ples enre­gis­tre­ments vidéo d’un cours magis­tral…

« Il n’y a aucune inte­rac­ti­vité, si on est perdu, impos­si­ble d’inter­rom­pre le prof pour deman­der une pré­ci­sion » déplore une étudiante de l’Ifsi d’Aix. Beaucoup sou­li­gnent la mau­vaise qua­lité des vidéos. « Les pre­miers cours étaient vrai­ment mal filmés, sans sup­ports écrits, et aucune pos­si­bi­lité de revoir la vidéo » témoi­gne un élève roche­lais. La FNESI admet que le manque de profs sera dif­fi­cile à résou­dre. Les étudiants ne récla­ment d’ailleurs pas autre chose que la pos­si­bi­lité de suivre de vraies visio­confé­ren­ces.

Du côté des res­pon­sa­bles des Ifsi, on ne nie pas le pro­blème non plus. À Poitiers, des étudiants ont entendu leurs pro­fes­seurs expli­quer : « Vous êtes une année test, dans 4 ou 5 ans, le pro­gramme sera sta­bi­lisé et les lacu­nes du sys­tème DVD seront réso­lues ». Les aca­dé­mies met­tent pro­gres­si­ve­ment en place des pla­te­for­mes pour per­met­tre aux étudiants de revoir les vidéos. Certains ins­ti­tuts orga­ni­sent des cours pour expli­quer les vidéos, avec leurs anciens inter­ve­nants. Des forums d’entrai­des se déve­lop­pent. Mais sans moyens sup­plé­men­tai­res, dif­fi­cile de faire mieux. En atten­dant, les élèves infir­miers n’ont pas d’autre choix que d’essuyer les plâ­tres…

Source : http://www.lefi­garo.fr/for­ma­tion/2012/10/10/09006-20121010ART­FIG00315-des-etu­diants-infir­miers-formes-sur-dvd.php

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Chlordécone : quand l’État empoisonne et que les infirmières tentent de réparer

Combien de générations faudra-t-il encore pour réparer le désastre du chlordécone ? Aux (…)

Bébés qui meurent, enfants qui dorment dehors : le double abandon français

En France, en 2025, deux chiffres devraient nous empêcher de dormir. D’un côté, la mortalité (…)

Plan Bayrou : une brutalité sans précédent contre les patients et les soignants

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) dénonce un plan d’économies de (…)

Médicaments cytotoxiques : sauver des vies en risquant la sienne

Ils sauvent des vies. Mais ils menacent aussi celles qui les administrent. Dans les services (…)

Protéger ceux qui soignent, c’est protéger la santé des français

À la suite d’une agression commise contre une infirmière libérale, une vingtaine d’organisations (…)

Notre voix, notre profession : pas de porte-parole autoproclamé pour les infirmiers !

Paris le 20 août 2025 - À l’heure où notre système de santé traverse une période de tension et (…)