Etablissements de soins : le point de rupture est atteint

17 avril 2016
Entre injonctions paradoxales (augmenter l’activité avec moins d’agents), recherche d’une rentabilité immédiate, rationalisation des flux de patients en GHM (Groupe homogène de malades), et standardisation des procédures de soins, les professionnels de santé sont en grande souffrance.
Cette maltraitance institutionnelle se développe sur une grande échelle, mais les directions adoptent la politique de l’autruche face aux difficultés psychiques de leurs salariés, ou font illusion en mettant en œuvre des plans de prévention cosmétiques sans prise sur le réel.
La souffrance au travail fait l’objet d’une attention croissante à cause des drames qu’elle provoque et de la dégradation du travail qu’elle entraîne à l’hôpital pour les soignants et les malades.
Mais au quotidien, on assiste à un management sans ménagement (rationalisation, standardisation, mutualisation) qui sacrifie les missions sociales et humanistes de l’hôpital, et débouche sur l’épuisement professionnel et la souffrance au travail.
Lorsqu’on nous oblige à revenir sur vos jours de repos, à enchaîner les gardes de l’après-midi avec celles du matin, les directions nous poussent à la faute, d’où l’explosion des erreurs de soins et des Événements indésirables graves (EIG), qui ont doublés en un an, avec la surcharge de travail des soignants.
A l’hôpital, les nouvelles formes de management des directions, les nouvelles organisations du travail amènent à une déshumanisation du travail. Non seulement l’institution ne prend plus soin de ceux qui prennent soin, mais elle les maltraite.
Le travail infirmier est envahi de tâches administratives qui éloignent du cœur de métier, obligeant à suivre des règles, à respecter des procédures, à se préoccuper davantage de la traçabilité des actes accomplis (en remplissant des fichiers et en cochant des cases), que de la qualité des soins et de la satisfaction des besoins des personnes soignées.