Institut national de recherche et de sécurité : danger du travail en 12 heures

3 juin 2014

L’INRS dresse un constat édifiant sur les risques pour la santé et la sécurité des personnels.

La mise en place de postes longs de 12 heures pro­gresse. Forts de ce cons­tat, des acteurs en santé et sécu­rité au tra­vail ont réa­lisé une syn­thèse de leurs obser­va­tions de ter­rain avec un tra­vail biblio­gra­phi­que pour faire le point sur cette ques­tion.

Les effets secondai­res les plus docu­men­tés de ces postes longs com­pa­rés aux postes de 8 heures sont la prise de poids, l’aug­men­ta­tion des erreurs, d’acci­dents du tra­vail et de trajet, des condui­tes addic­ti­ves, des trou­bles mus­cu­los­que­let­ti­ques et des patho­lo­gies du dos.

De plus, les sala­riés expo­sés à ces horai­res aty­pi­ques doi­vent réa­li­ser un arbi­trage entre leur santé et leur dis­po­ni­bi­lité fami­liale, et ceci fré­quem­ment au détri­ment de leur santé. Cette orga­ni­sa­tion en postes longs ne devrait être adop­tée que dans les cas d’abso­lue néces­sité et en tenant compte de pré­co­ni­sa­tions qui en limi­tent les effets néga­tifs.

L’Institut natio­nal de recher­che et de sécu­rité (INRS) a dif­fusé une mise au point sur les ris­ques de ces plan­nings pour la santé et la sécu­rité du per­son­nel, en sec­teur privé comme en public :
 syn­thèse des remon­tées de ter­rain des acteurs de la santé et de la sécu­rité au tra­vail,
 point régle­men­taire sur les textes enca­drant la durée du tra­vail,
 rappel des ris­ques liés aux tra­vail de nuit ou posté,
 revue de la lit­té­ra­ture sur les écrits publiés en anglais et fran­çais entre 1980 et 2012 et com­pa­rant les 8 heures aux 12 heures...

De cette com­pi­la­tion de sour­ces, l’INRS, asso­cia­tion créée en 1947 à direc­tion pari­taire patro­nat/syn­di­cats et liée à l’Assurance mala­die, livre un cons­tat très cri­ti­que des 12 heures.

"Les postes de tra­vail de 12 heures indui­sent des éveils pro­lon­gés. Rester éveillé 17 à 19 heures consé­cu­ti­ves ralen­tit les fonc­tions cog­ni­ti­ves et le temps de réac­tion selon un niveau équi­va­lent à celui asso­cié à une alcoo­lé­mie de 0,5 gramme/litre (1 gramme/litre pour 20 à 24 heures d’éveil)".

Pour autant, si les 12 heures s’avè­rent une "abso­lue néces­sité", il s’agit dès lors au moins de res­pec­ter des pré­co­ni­sa­tions pour en limi­ter les effets néga­tifs, argue l’INRS :
 "contre-indi­quer" ces postes longs sur des emplois à contrain­tes phy­si­ques ou men­ta­les élevées, néces­si­tant une pré­sence régu­lière ou un suivi rela­tion­nel.
 "res­pec­ter stric­te­ment les jours de repos" et "pros­crire" tout rem­pla­ce­ment fai­sant appel aux per­son­nels jus­te­ment en repos.
 inté­grer tous les temps de trans­mis­sion dans le temps de tra­vail
 ins­tau­rer de vraies pauses en cours de poste,
 veiller à l’hypo­vi­gi­lance par le tra­vail en binôme
 tenir compte des temps de trajet dans le choix de l’horaire de prise de poste.

Document en télé­char­ge­ment : http://www.inrs.fr/accueil/pro­duits/media­the­que/doc/publi­ca­tions.html?refINRS=TP%2018

"Vrai / Faux : Horaires déca­lés et tra­vail de nuit" : un ques­tion­naire inte­rac­tif pro­pose une intro­duc­tion ludi­que à la pré­ven­tion des ris­ques liés aux horai­res aty­pi­ques. http://www.inrs.fr/accueil/pro­duits/media­the­que/doc/audio­vi­suels.html?refINRS=Anim-051

Analyse CFE-CGC du tra­vail en 12 heures : http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Les-12-heures-a-l-hopi­tal.html

Document(s) joint(s) à l'article
INRS travail en 12 heures - (165.6 kio) - PDF
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