La pénurie infirmière représente la plus grande menace pour la santé mondiale

15 mai 2022

À l’occa­sion de la Journée inter­na­tio­nale des infir­miè­res, le CII demande d’inves­tir dans les soins infir­miers ainsi que dans la pro­tec­tion et la sécu­rité des infir­miè­res

Le Conseil International des Infirmières (CII) pré­sente La pro­fes­sion infir­mière, une voix faite pour diri­ger : Investir dans les soins infir­miers et res­pec­ter les droits pour garan­tir la santé mon­diale. Cette publi­ca­tion a pour but d’aider les infir­miè­res et les gou­ver­ne­ments à trans­for­mer les stra­té­gies mon­dia­les en actions concrè­tes au niveau local de même qu’à amé­lio­rer la pra­ti­que cli­ni­que sur le ter­rain.

Mme Pamela Cipriano, Présidente du CII, relève que «  les infir­miè­res ont tout donné dans la lutte contre la COVID-19 et contre Ébola, dans les zones sinis­trées et dans les zones de guerre. Et pour­tant, elles sont tou­jours confron­tées au manque de per­son­nel et de pro­tec­tion, à de lour­des char­ges de tra­vail et à des salai­res trop bas. Le temps est venu de pren­dre des mesu­res concrè­tes pour assu­rer la sécu­rité au tra­vail, pro­té­ger les infir­miè­res et sau­ve­gar­der leur santé phy­si­que et men­tale.

Les femmes for­ment 70% de la main-d’oeuvre en santé au niveau mon­dial mais occu­pent seu­le­ment 25% des postes de direc­tion. Ce sont elles qui occu­pent les emplois sous-évalués et les moins bien payés, tout en assu­mant les soins et le tra­vail domes­ti­que non rému­né­rés. Or, il est pos­si­ble d’auto­no­mi­ser les femmes et de défen­dre l’égalité des sexes en inves­tis­sant dans les soins infir­miers.

Plusieurs rap­ports publiés récem­ment mon­trent qu’il faut inves­tir dès main­te­nant dans les soins infir­miers pour pou­voir espé­rer rele­ver les défis sani­tai­res de demain. Nous devons cesser de sous-évaluer les soins infir­miers et de sous-inves­tir dans la pro­fes­sion. Il est temps d’agir.

Pour cela, nous pou­vons nous baser sur les recom­man­da­tions de l’OMS, qui ont été approu­vées par les États Membres. Nous savons ce qu’il faut faire. Il faut arrê­ter de parler et passer à l’action pour sou­te­nir nos infir­miè­res – et c’est exac­te­ment ce que pro­pose la docu­men­ta­tion que le CII publie à l’occa­sion de la Journée inter­na­tio­nale des infir­miè­res. »

Le Directeur géné­ral du CII, ajoute que « la valeur des infir­miè­res pour nos sys­tè­mes de santé, de même que pour la paix et la sécu­rité mon­dia­les, n’est jamais appa­rue aussi clai­re­ment. De même, il est plus qu’évident que l’on ne pro­tège pas assez les infir­miè­res et les autres tra­vailleurs de la santé, comme le montre la tra­gé­die que cons­ti­tue la mort de plus de 180 000 agents en raison de la COVID-19. Il ne faut pas hési­ter à dire qu’il s’agit d’un pro­blème de volonté poli­ti­que, dans la mesure où les solu­tions qui per­met­traient de remé­dier à cette situa­tion déplo­ra­ble exis­tent, mais ne sont pas appli­quées.

Par son ampleur, la pénu­rie mon­diale d’infir­miè­res est l’une des plus gran­des mena­ces pour la santé dans le monde. Mais les gou­ver­ne­ments ne lui accor­dent pas l’atten­tion qu’elle mérite. L’accès aux soins de santé est essen­tiel à la sécu­rité, à la sûreté, à la réus­site économique et à l’équité des socié­tés. Cependant, cet objec­tif ne sera atteint que si nous dis­po­sons d’assez d’infir­miè­res pour pro­di­guer les soins néces­sai­res.

C’est pour­quoi les gou­ver­ne­ments devraient de toute urgence accor­der la prio­rité aux inves­tis­se­ments dans les soins infir­miers et le per­son­nel de santé, vu leur impor­tance pour l’avenir de toutes les socié­tés. »

Le rap­port publié par le CII à l’occa­sion de la Journée inter­na­tio­nale des infir­miè­res en 2022 est une « boîte à outils » ali­gnée sur plu­sieurs docu­ments très impor­tants, notam­ment les Orientations stra­té­gi­ques mon­dia­les de l’OMS pour les soins infir­miers et obs­té­tri­caux 2021-2025 ; le rap­port de l’OMS sur La situa­tion du per­son­nel infir­mier dans le monde ; et l’étude de l’International Centre on Nurse Migration inti­tu­lée « Pérenniser et fidé­li­ser les effec­tifs en 2022 et au-delà ». Le rap­port du CII appuie, en par­ti­cu­lier, la mise en œuvre des Orientations stra­té­gi­ques de l’OMS : il donne en effet les conseils pra­ti­ques dont ont besoin les par­ties concer­nées pour attein­dre leurs objec­tifs. Il pré­sente en outre des études de cas repré­sen­tant autant de mesu­res appli­quées concrè­te­ment. C’est en cela que le rap­port du CII cons­ti­tue une « boîte à outils » offrant des conseils mul­ti­sec­to­riels à des inter­ve­nants issus d’hori­zons divers.

La boîte à outils traite des quatre domai­nes prio­ri­tai­res des Orientations stra­té­gi­ques de l’OMS : for­ma­tion, emplois, lea­der­ship et pres­ta­tion des ser­vi­ces. Sont passés en revue les avan­ta­ges d’inves­tir dans chacun de ces domai­nes ; les preu­ves du sous-inves­tis­se­ment ; les résul­tats escomp­tés d’un inves­tis­se­ment signi­fi­ca­tif ; ainsi que les mesu­res à pren­dre pour appli­quer et assu­rer le suivi de ces prio­ri­tés.

Le rap­port aborde en outre deux prio­ri­tés stra­té­gi­ques d’impor­tance cru­ciale qui sont pas­sées au pre­mier plan depuis deux ans : inves­tir à titre prio­ri­taire dans la sécu­rité des tra­vailleurs de la santé, et veiller à la santé et au bien-être des infir­miè­res.

Le rap­port pré­senté par le CII traite du far­deau sup­plé­men­taire que la pan­dé­mie repré­sente pour les sys­tè­mes de santé et le per­son­nel infir­mier. Il met en évidence les ris­ques et le manque de pro­tec­tion dont souf­fre la pro­fes­sion, tout en don­nant des preu­ves du sous-inves­tis­se­ment dans les soins infir­miers à l’échelle mon­diale. Le CII qua­li­fie d’« effet COVID » cette com­bi­nai­son de fac­teurs qui entraî­nent une aug­men­ta­tion de la charge pour le per­son­nel infir­mier.

 Les tra­vailleurs de la santé repré­sen­tent moins de 3 % de la popu­la­tion mon­diale, mais envi­ron 14% des cas de COVID-19 – une pro­por­tion qui atteint 35% dans cer­tains pays.

 Au Japon, 20 % des infir­miè­res disent avoir été vic­ti­mes de dis­cri­mi­na­tion et de pré­ju­gés dans le contexte de la pro­pa­ga­tion du virus. Aux États-Unis, 64% des per­son­nels infir­miers se sen­tent débor­dés et 67% font état de trou­bles du som­meil.

 Les agents de santé, et en par­ti­cu­lier le per­son­nel infir­mier, sont également davan­tage sus­cep­ti­bles d’être expo­sés à des com­por­te­ments offen­sants, notam­ment au har­cè­le­ment sexuel, que les autres pro­fes­sions. Aux États-Unis, on estime que les taux de vio­lence des clients à l’encontre des tra­vailleurs de santé sont 16 fois plus élevés que dans toute autre pro­fes­sion du sec­teur des ser­vi­ces.

 Pendant l’épidémie de mala­die à virus Ébola en 2014-2016, en Afrique de l’Ouest, le risque d’infec­tion parmi les tra­vailleurs de la santé était de 21 à 32 fois plus élevé que dans la popu­la­tion adulte géné­rale.

 Pratiquement tous les États Membres de l’OMS enre­gis­trent des per­tur­ba­tions des ser­vi­ces de santé liées à la pan­dé­mie ; deux tiers (66%) indi­quent que des fac­teurs liés au per­son­nel de santé sont les causes les plus cou­ran­tes de ces per­tur­ba­tions.

 En raison des pénu­ries d’infir­miè­res, du vieillis­se­ment du per­son­nel infir­mier et de l’« effet COVID-19 » tou­jours plus marqué, le CII estime que jusqu’à 13 mil­lions d’infir­miè­res seront néces­sai­res pour com­bler les pénu­ries mon­dia­les à l’avenir.

La Journée inter­na­tio­nale des infir­miè­res est célé­brée chaque année le 12 mai, date de la nais­sance de Florence Nightingale. Le CII com­mé­more tous les ans cette jour­née impor­tante en pro­dui­sant et en dis­tri­buant une docu­men­ta­tion thé­ma­ti­que accom­pa­gnée d’un ensem­ble d’éléments pro­bants.

Voir : https://www.icn.ch/fr/actua­li­tes/pour-le-cii-la-penu­rie-de-main-doeu­vre-repre­sente-la-plus-grande-menace-pour-la-sante
https://www.icn.ch/system/files/docu­ments/2022-05/ICN_IND_Toolkit_2022_French_final_low%20res.pdf

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