Les missions de l’infirmière définies par les sénateurs dans la PPL 2025

21 mai 2025

Le 5 mai 2025, les séna­teurs ont voté à l’una­ni­mité la « loi infir­mière », qui réac­tua­lise les textes qui régis­sent la pro­fes­sion : la loi de 1978 (défi­ni­tion et mis­sions), le décret d’exer­cice de 2004 (actes et com­pé­ten­ces) et l’arrêté de 2009 (réfé­ren­tiels d’acti­vi­tés, de com­pé­ten­ces et de for­ma­tion).

Après 20 ans d’attente, nous saluons cette loi, qui porte les espoirs de la pro­fes­sion, et nous remer­cions les dépu­tés qui en mars 2025 ont su inté­grer les atten­tes des orga­ni­sa­tions infir­miè­res :
 Ainsi, lors de son pas­sage en Commission des Affaires Sociales le 5 mars, ce texte avait été amé­lioré sur plu­sieurs points, avec en par­ti­cu­lier l’ajout de « l’orien­ta­tion » qui va flui­di­fier le par­cours du patient, et faci­li­ter le main­tien à domi­cile des per­son­nes âgées.
 Le 10 mars, les dépu­tés ont également adop­tés notam­ment les amen­de­ments sur le pre­mier recours, la reconnais­sance du rôle rela­tion­nel, la conci­lia­tion médi­ca­men­teuse,...

Selon la loi adop­tée par les séna­teurs le 5 mai 2025, les mis­sions de l’infir­mier sont les sui­van­tes :
 1° Dispenser des soins infir­miers pré­ven­tifs, cura­tifs, pal­lia­tifs, rela­tion­nels ou des­ti­nés à la sur­veillance cli­ni­que, pro­cé­der à leur évaluation et contri­buer à la conci­lia­tion médi­ca­men­teuse ;
 2° Contribuer à l’orien­ta­tion de la per­sonne ainsi qu’à la coor­di­na­tion et à la mise en œuvre de son par­cours de santé ;
 2° bis Dans le cadre de son rôle propre, en accès direct, et dans le cadre de son rôle pres­crit, par­ti­ci­per aux soins de pre­mier recours défi­nis à l’arti­cle L. 1411-11 ;
 3° Participer à la pré­ven­tion, aux actions de dépis­tage, aux soins éducatifs à la santé, à la santé au tra­vail, à la pro­mo­tion de la santé et à l’éducation thé­ra­peu­ti­que de la per­sonne et, le cas échéant, de son entou­rage ;
 4° Concourir à la for­ma­tion ini­tiale et à la for­ma­tion conti­nue des étudiants, de ses pairs et des pro­fes­sion­nels de santé placés sous sa res­pon­sa­bi­lité ;
 5° Mobiliser les don­nées pro­ban­tes dans la pra­ti­que pro­fes­sion­nelle et concou­rir à la recher­che, notam­ment dans le domaine des scien­ces infir­miè­res.

« III. – L’infir­mier par­ti­cipe à la mis­sion de ser­vice public de per­ma­nence des soins dans les condi­tions fixées à l’arti­cle L. 6314-1.

« IV. – Un décret en Conseil d’État, pris après avis des repré­sen­tants des pro­fes­sion­nels, pré­cise les domai­nes d’acti­vi­tés et de com­pé­ten­ces de l’infir­mier.

« Un arrêté du minis­tre chargé de la santé fixe, pour chacun de ces domai­nes d’acti­vi­tés, la liste des actes et soins réa­li­sés par les infir­miers. La publi­ca­tion et l’actua­li­sa­tion de cet arrêté don­nent lieu à une négo­cia­tion sur la rému­né­ra­tion des infir­miers afin de tenir compte, en fonc­tion des dif­fé­rents lieux d’exer­cice, des évolutions de com­pé­ten­ces envi­sa­gées. Cette négo­cia­tion prend aussi en compte la péni­bi­lité du métier. »

*******

Par contre, la Commission des affai­res socia­les du Sénat a sup­primé l’amen­de­ment voté par les dépu­tés, qui reconnais­sait enfin les soins rela­tion­nels comme une mis­sion infir­mière à part entière. Et cela a été confirmé par le vote en séance plé­nière du Sénat le 5 mai 2025.

Ce n’est qu’une ligne. Une phrase sup­pri­mée dans un amen­de­ment. Mais pour les infir­miè­res, c’est un effa­ce­ment en règle de ce qui fait le cœur de leur pro­fes­sion.

C’est une déci­sion lourde de sens. Car der­rière chaque injec­tion, chaque pan­se­ment, il y a un mot qui ras­sure, une main qui sou­tient, un regard qui com­prend. Le soin rela­tion­nel, ce n’est pas du temps perdu : c’est sou­vent le seul temps qui soigne vrai­ment. Celui où l’on expli­que un pro­to­cole, où l’on entend une peur, où l’on huma­nise un par­cours de soins devenu froid et mor­celé.

Alors que 640.000 infir­miè­res atten­daient une reconnais­sance offi­cielle de cette mis­sion quo­ti­dienne, le Sénat efface d’un revers ce que l’Assemblée avait ins­crit. Un geste qui qui nie la réa­lité humaine du soin, et tra­duit un mépris pour notre pro­fes­sion.

L’infir­mière n’est pas une tech­ni­cienne médi­cale. Elle est une pro­fes­sion­nelle de santé à part entière. La pro­fes­sion attend mieux. Mieux que l’oubli. Mieux que la réduc­tion. Elle attend que l’on reconnaisse ce que chaque patient res­sent ins­tinc­ti­ve­ment : que le soin com­mence là où com­mence le lien.

Voir ci-des­sous la réac­tion indi­gnée du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI :
https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Soins-rela­tion­nels-colere-des-infir­mie­res-sur-l-incom­pre­hen­si­ble-recul-du-Senat.html

********

La PPL infir­mière doit être pro­chai­ne­ment étudiée et votée en Commission mixte pari­taire CMP, et les décrets d’appli­ca­tion seraient publiés au cours de l’été.

La com­mis­sion mixte pari­taire (CMP) est une com­mis­sion com­po­sée de sept dépu­tés et sept séna­teurs. Elle a pour mis­sion d’abou­tir à la conci­lia­tion des deux assem­blées sur un texte commun. Font partie de la délé­ga­tion le pré­si­dent et le rap­por­teur de la com­mis­sion. Les autres sièges sont attri­bués, au sein de la délé­ga­tion de chaque assem­blée, en pro­por­tion de l’impor­tance des grou­pes de chaque assem­blée.

********

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Chlordécone : quand l’État empoisonne et que les infirmières tentent de réparer

Combien de générations faudra-t-il encore pour réparer le désastre du chlordécone ? Aux (…)

Bébés qui meurent, enfants qui dorment dehors : le double abandon français

En France, en 2025, deux chiffres devraient nous empêcher de dormir. D’un côté, la mortalité (…)

Plan Bayrou : une brutalité sans précédent contre les patients et les soignants

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) dénonce un plan d’économies de (…)

Médicaments cytotoxiques : sauver des vies en risquant la sienne

Ils sauvent des vies. Mais ils menacent aussi celles qui les administrent. Dans les services (…)

Protéger ceux qui soignent, c’est protéger la santé des français

À la suite d’une agression commise contre une infirmière libérale, une vingtaine d’organisations (…)

Notre voix, notre profession : pas de porte-parole autoproclamé pour les infirmiers !

Paris le 20 août 2025 - À l’heure où notre système de santé traverse une période de tension et (…)