Mise en danger des patients sous traitement anticoagulant

19 février 2009

Expérimentation des nouveaux modes de rémunération : la FNI dénonce la mise en danger des patients sous traitement anticoagulant par le gouvernement.

La Fédération Nationale des Infirmiers, dans un cour­rier du 19 février, alerte le Conseil National de l’Ordre des Médecins, et les ser­vi­ces minis­té­riels concer­nés sur les ris­ques sani­tai­res inhé­rents à une pra­ti­que en court dans la maison de santé de Saint-Amant-En-Puisaye, visant à délé­guer le suivi et l’adap­ta­tion des doses d’anti­coa­gu­lants des patients aux secré­tai­res médi­ca­les en fonc­tion des résul­tats d’exa­mens bio­lo­gi­ques.

C’est un docu­ment dif­fusé par la Direction de la Sécurité Sociale le 13 jan­vier 2009 pré­sen­tant l’état d’avan­ce­ment des expé­ri­men­ta­tions des nou­veaux modes de rému­né­ra­tion qu’elle entend déve­lop­per dans six régions à comp­ter du pre­mier tri­mes­tre 2009 qui a attiré l’atten­tion de la FNI.

Les ser­vi­ces du minis­tère de la Santé (D.S.S.-D.H.O.S.) met­tent en avant dans le nou­veau modèle économique qu’ils pro­meu­vent, entre autres indi­ca­teurs d’effi­cience des pres­crip­tions, une « pra­ti­que inno­vante » déjà en vigueur dans cette maison de santé, elle-même pré­sen­tée comme modèle de réfé­rence lors de la syn­thèse des EGOS en pré­sence de Madame BACHELOT-NARQUIN.
Cette pra­ti­que, qui consiste pour les méde­cins géné­ra­lis­tes à délé­guer à des secré­tai­res médi­ca­les le suivi et l’adap­ta­tion des doses d’AVK en fonc­tion des résul­tats d’INR, aurait eu pour avan­tage sur une période d’un an de réduire de 50% le nombre de consul­ta­tions médi­ca­les pour 60 patients, géné­rant une économie de 6.600 €.

Au moment même où les libé­raux de santé lan­cent une grande cam­pa­gne de com­mu­ni­ca­tion pour aler­ter l’opi­nion et les par­le­men­tai­res sur les consé­quen­ces de l’étatisation du sys­tème de soins ambu­la­toire conte­nue dans la loi HPST et les ris­ques d’une santé au rabais, la FNI s’inter­roge sur la per­ti­nence des indi­ca­teurs d’effi­cience des pres­crip­tions rete­nues par la D.S.S. dans ce dos­sier, et d’un rai­son­ne­ment économique d’aussi courte vue en regard des ris­ques iatro­gé­ni­ques.

La FNI ne doute pas que l’Ordre National des Médecins et l’Académie de méde­cine sau­ront appré­cier avec la même rigueur qu’ils l’ont fait pour la revac­ci­na­tion anti­grip­pale par les infir­miers cette pra­ti­que en cours dans la maison de santé aman­di­noise.

Se réfé­rant à l’arti­cle R. 4127-30 du Code de la santé publi­que défi­nis­sant l’exer­cice illé­gal de la méde­cine et le com­pé­rage en la matière, elle s’inter­roge sur la res­pon­sa­bi­lité pro­fes­sion­nelle des méde­cins qui, selon la D.S.S., délè­guent à leurs secré­tai­res médi­ca­les une acti­vité pour laquelle elles ne sont ni qua­li­fiées, ni auto­ri­sées par la loi. D’autant plus que, dans ce cas précis, il s’agit d’anti­coa­gu­lants dont on sait que les doses effi­ca­ces sont très pro­ches des doses poten­tiel­le­ment léta­les.

Paris, le 19 février 2009

Philippe TISSERAND
Président de la F.N.I.

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