Reconnaître la crise suicidaire et réagir
3 novembre 2013
Chaque année près de 10 500 personnes décèdent par suicide (soit trois fois plus que par accidents de la circulation) et près de 220 000 tentatives de suicide donnent lieu à un contact avec le système de soins. Le suicide est rarement une recherche de la mort, il vise d’abord la fin d’une souffrance, c’est pourquoi le plus souvent il est accessible à une forme de prévention.
La crise suicidaire est une crise psychique dont le risque majeur est le suicide. Il s’agit d’un moment dans la vie d’une personne, où celle-ci se sent dans une impasse et confrontée à des idées suicidaires de plus en plus envahissantes. Face à la souffrance, le suicide apparaît alors progressivement comme le seul moyen de trouver une issue à cet état de crise.
Toutefois, cet état est réversible et temporaire.
Les facteurs de risques
Le suicide est un phénomène multifactoriel complexe, dont une cause précise ne peut être définie, où les différents facteurs interagissent les uns avec les autres ; la simple addition des facteurs de risque ne suffit donc pas à évaluer le risque suicidaire.
Trois types de facteurs de risque peuvent néanmoins être distingués :
– Les facteurs primaires : les troubles psychiatriques, notamment la dépression, les antécédents personnels et familiaux de suicide, la communication d’une intention suicidaire ou une impulsivité ; ils sont en interaction, ont une valeur d’alerte importante au niveau individuel et surtout pourront être influencés par les traitements ;
– Les facteurs secondaires : les pertes parentales précoces, l’isolement social, le chômage, les difficultés financières et professionnelles, les événements de vie négatifs ; ils sont observables dans l’ensemble de la population et faiblement modifiables par la prise en charge et n’ont qu’une faible valeur prédictive en l’absence de facteurs primaires ;
– Les facteurs tertiaires : appartenance au sexe masculin, âge (grand âge et jeune âge) ; ils ne peuvent être modifiés et n’ont de valeur prédictive qu’en présence de facteurs primaires et secondaires.
Les signes d’alerte
Le repérage de la crise suicidaire s’appuie sur 3 types de signes :
– L’expression d’idées et d’intention suicidaires La personne en crise va verbaliser certains messages directs ou indirects « je veux mourir », « je n’en peux plus, je voudrais partir, disparaître ».
– Des manifestations de crise psychique
La personne peut éprouver des malaises divers : fatigue, anxiété, tristesse, irritabilité et agressivité, des troubles du sommeil, une perte du goût aux choses, un sentiment d’échec et d’inutilité, une mauvaise image de soi et un sentiment de dévalorisation, une impuissance à trouver des solutions à ses propres problèmes, des troubles de la mémoire, une perte d’appétit ou une boulimie, une rumination mentale, une appétence alcoolique et tabagique…
– Dans un contexte de vulnérabilité
La dépression, l’impulsivité (décision ou acte brutal, incontrôlable, qui écarte le reste, tendance à l’agir, démesure dans la réponse, non-contrôle de l’affectivité, réaction brute sans souplesse, sans élaboration), des affections psychiatriques déjà existantes, les facteurs de personnalité ainsi que l’alcoolisme et la toxicomanie y tiennent une place importante. Dans ce contexte, l’histoire familiale individuelle, des événements de vie douloureux (déplacement, perte d’un être cher, etc.) peuvent être des éléments de précipitation de la crise suicidaire.
Ces premiers signes ne sont, dans leur majorité, ni spécifiques ni exceptionnels pris isolément. C’est leur regroupement, leur association ou leur survenue comme une rupture par rapport au comportement habituel qui doivent alerter l’entourage, le conduire à suspecter l’existence d’une crise suicidaire et à provoquer une investigation complémentaire par le médecin. L’approche de bienveillance, d’écoute, de dialogue et d’accompagnement de l’entourage est un élément essentiel pour l’engagement de cette prise en charge.
Les premières attitudes recommandées sont les suivantes : l’entourage proche doit essayer d’établir un lien et une relation de confiance en adoptant une attitude de bienveillance, d’écoute, de dialogue et d’alliance qui favorisera le recours aux réseaux d’aide et de soin.
En cas d’urgence
avec risque suicidaire avéré : idées suicidaires, projet/scénario de suicide, et/ou accès à des moyens létaux
– Se rapprocher des services d’urgence
– Appeler le Samu 15 ou le 112 (numéro européen)
Les dispositifs d’écoute
Tous ces services d’écoute sont anonymes
– SOS Amitié :
Service d’écoute destiné à accueillir la parole de celles et ceux qui, à un moment de leur vie, traversent une période difficile.
Tel.01 42 96 26 26
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24, 7j/7
Site internet : www.sos-amitie.org
– Suicide Ecoute :
Ecoute des personnes confrontées au suicide.
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24, 7j/7 au 01 45 39 40 00
Site internet de l’association : www.suicide-ecoute.fr
– SOS Suicide Phénix :
Accueil et écoute de toute personne confrontée à la problématique du suicide
Ligne nationale au 0 825 12 03 64 (de 16 h à 23 h)
Permanence d’écoute par messagerie accessible depuis le site internet de l’association : www.sos-suicide-phenix.org
– Fil Santé Jeunes :
Ecoute, information et orientation des jeunes dans les domaines de la santé physique, psychologique et sociale.
Ligne d’écoute téléphonique anonyme et gratuite 7j/7 de 8h à minuit au 32 24 ou 01 44 93 30 74 (depuis un portable)
Site internet : www.filsantejeunes.com
– Phare Enfants – Parents :
Accueil et écoute téléphonique pour les parents d’enfants suicidés ou d’enfants en situation de mal-être.
Numéro azur 0810 810 987 (du lundi au vendredi de 9h à 18h).
Service d’écoute par messagerie vivre chez phare.org
Site internet : www.phare.org
Pour lus de détails, sur le site de la HAS :http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/suicicourt.pdf