Stress professionnel : une réalité

14 septembre 2006

(position confédérale)

Depuis une quin­zaine d’années, le stress pro­fes­sion­nel appa­raît comme une menace pour la santé des indi­vi­dus et la per­for­mance économique des entre­pri­ses.

Alors que les condi­tions de tra­vail ne res­sem­blent plus à celle décri­tes par Zola, que des tech­no­lo­gies de plus en plus per­fec­tion­nées se déve­lop­pent pour sou­la­ger des tâches les plus ingra­tes et que les horai­res de tra­vail dimi­nuent régu­liè­re­ment, auto­ri­sant une plus grande place à la vie privée et aux loi­sirs, on observe un for­mi­da­ble para­doxe : jamais semble-t-il, le stress au tra­vail n’a atteint de tels niveaux. Le tra­vail n’a jamais atteint une telle den­sité, une telle com­plexité. Quand à la méca­ni­sa­tion : elle a évacué le tra­vail dyna­mi­que, aggra­vant le tra­vail sta­ti­que patho­gène pour la santé.

Le baro­mè­tre stress publié par la CFE-CGC en mars 2006 tend à mon­trer que l’évolution la plus nota­ble concerne la nette dégra­da­tion du sen­ti­ment d’avoir suf­fi­sam­ment de temps pour accom­plir son tra­vail.
- 88 % des sondés ont le sen­ti­ment crois­sant d’accé­lé­ra­tion des ryth­mes de tra­vail soit une aug­men­ta­tion de +9 points en deux ans.
- Pour 84 %, la charge de tra­vail est jugée plus lourde (cet item atteint le niveau le plus élevé depuis deux ans).
- De plus 59 % des per­son­nes inter­ro­gées, décla­rent avoir des dif­fi­cultés crois­san­tes pour conci­lier vie privée et vie pro­fes­sion­nelle (+3 points par rap­port à sep­tem­bre 2005).

De même, ce baro­mè­tre montre que les efforts des cadres sont tou­jours perçus comme mal reconnus (47 %) et sur­tout mal récom­pen­sés, 79 % des sondés subis­sent des inter­rup­tions du tra­vail, 48 % des confron­ta­tions à des clients agres­sifs et pour 44 % des situa­tions de concur­rence avec des col­lè­gues qui sont de plus en plus fré­quen­tes. Enfin, le temps pour accom­plir son tra­vail est consi­déré comme insuf­fi­sant pour 67 % des sondés.

Le stress entraîne la mau­vaise per­for­mance. Non seu­le­ment le coût économique est porté par les arrêts de tra­vail et frais de santé voire de répa­ra­tion des per­son­nes concer­nées, mais plus encore il faut inté­grer la dimi­nu­tion de qua­lité induite par cet état.

Dans le cadre de la loi sur les retrai­tes du 21 août 2003, il a été prévu l’ouver­ture de négo­cia­tions sur la défi­ni­tion et la prise en compte de la péni­bi­lité au tra­vail. Les négo­cia­tions se sont ouver­tes en février 2005. La CFE-CGC, très mobi­li­sée sur le pro­blème du stress, a défendu l’idée que la péni­bi­lité n’est pas seu­le­ment phy­si­que, mais qu’elle est également men­tale et psy­chi­que. Le patro­nat fran­çais l’a admis en inté­grant la réfé­rence à l’accord cadre euro­péen sur le stress, dans les deux pre­miers pro­jets d’accords sur la péni­bi­lité qu’il a pré­senté.

Toutefois pour la CFE-CGC, cette réfé­rence seule ne suffit pas. Il est néces­saire que les par­te­nai­res sociaux s’enga­gent dans la mise en place d’outils per­met­tant de pré­ve­nir les situa­tions de stress, les répa­rer ou les réduire, dans les hypo­thè­ses où il est impos­si­ble de l’éradiquer. C’est pour­quoi, la CFE-CGC prône une réflexion por­tant sur la cons­truc­tion d’outils d’iden­ti­fi­ca­tion des situa­tions de stress patho­gè­nes.

La CFE-CGC est à l’ori­gine de la sen­si­bi­li­sa­tion au pro­blème du stress et aux ris­ques de mala­dies qu’il génère. Elle milite pour la reconnais­sance du carac­tère pro­fes­sion­nel des mala­dies engen­drées par le stress. En effet, à l’heure actuelle, les mala­dies dues au stress, ne figu­rent pas au tableau des mala­dies pro­fes­sion­nel­les ouvrant droit à une répa­ra­tion de la bran­che acci­dent du tra­vail - mala­die pro­fes­sion­nelle, tou­te­fois, les méde­cins du tra­vail ten­tent d’uti­li­ser toutes les brè­ches régle­men­tai­res.

Les seniors par­ti­cu­liè­re­ment tou­chés par le stress

Le stress se ren­contre dans des situa­tions de tra­vail main­te­nant bien iden­ti­fiées :
C’est le mélange d’une charge de tra­vail élevée ou insuf­fi­sante avec :
- un manque de reconnais­sance
- un manque de sens
- une perte d’auto­no­mie
- une contrainte éthique
- une contrainte émotionnelle
- une contrainte rela­tion­nelle

Les seniors à qui l’on pro­pose de conti­nuer ou de repren­dre la car­rière pro­fes­sion­nelle se trou­vent, bien malgré eux dans une situa­tion qui cumule cer­tains de ces fac­teurs :
- Une moin­dre reconnais­sance... alors qu’ils ont le sen­ti­ment de ne pas être déva­lo­ri­sés et que les études démon­trent qu’ils pré­sen­tent des capa­ci­tés cog­ni­ti­ves équivalentes aux autres, même si leurs stra­té­gies opé­ra­toi­res sont par­fois dif­fé­ren­tes !
- Un sens de l’action peu clair : leur emploi se situe de plus en plus dans la pré­ca­rité avec des contrats de courte durée et sans pers­pec­tive (pro­blème de sens).
- Une moin­dre auto­no­mie : les seniors appren­nent et réa­gis­sent avec autant d’effi­ca­cité et de rapi­dité, la par­ti­cu­la­rité étant que leur stra­té­gie n’est pas tou­jours la même. Ceci dit, il faut que les infor­ma­tions soient pré­sen­tées de manière adap­tée et que la phase d’appren­tis­sage soit res­pec­tée. C’est rare­ment le cas.
- Une situa­tion de logi­que contra­dic­toire : il faut que l’on tra­vaille plus long­temps car la durée de vie aug­mente mais, dans le même temps, le rap­port retraité sur coti­sant s’effon­dre.

S’il est vrai, également, que le rap­port retraité sur coti­sant inter­pelle c’est plus sur le rap­port entre inac­tifs (retrai­tés, pré­re­trai­tés, inva­li­des et chô­meurs) et actifs qu’il faut ana­ly­ser !

La réa­lité est qu’il faut tra­vailler plus long­temps alors que les entre­pri­ses n’offrent pas d’emplois cor­res­pon­dant. Plus encore, le succès des rachats des années d’études le démon­tre, la fuite des cadres devant les mau­vai­ses condi­tions de tra­vail illus­tre bien que les entre­pri­ses ne jouent pas le jeu !

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