Télésoin, télémédecine : quand le soin reste une présence

18 octobre 2025

La télémédecine n’est pas un simple progrès technique. C’est une transformation clinique majeure. Derrière les promesses du numérique, une question demeure : qui soigne, et comment, quand la distance devient la norme ?

Dans les faits, la télésanté répond à une urgence : celle de territoires désertés, de patients âgés ou chroniques isolés, et de soignants en nombre insuffisant. Mais un lien numérique n’est pas toujours un lien de soin. Tout dépend de la manière dont elle est mise en œuvre, et surtout, de la place donnée aux soignants de proximité.

Il faut distinguer deux réalités :
🔹 Celle d’un soignant qui sollicite l’expertise d’un autre professionnel à distance, pour une plaie complexe, une lecture d’examen ou un ajustement thérapeutique. Dans ce cas, le patient est accompagné, observé, évalué. L’acte reste clinique, parce qu’un soignant est présent.
🔹 Et celle, bien différente, d’un patient seul face à un écran. Là, le risque est grand : absence d’examen physique, données incomplètes, dispositifs mal positionnés, interprétations biaisées. Le numérique, sans médiation soignante, devient une illusion de soin.

Les infirmières jouent un rôle central dans cette distinction. Elles assurent la qualité des données cliniques, la continuité du suivi, la sécurité du patient. Elles sont le maillon clinique qui rend le soin à distance fiable, humain et efficace. Sans leur présence, la télésanté perd son ancrage dans la réalité du corps, du regard, du ressenti.

Les Assises de la Télémédecine le rappellent : la qualité et l’éthique ne peuvent être sacrifiées sur l’autel de la technologie. Le soin à distance n’a de sens que s’il s’appuie sur une relation de confiance, une coordination entre professionnels et une formation adaptée. Sans cela, on crée une double inégalité : numérique et sanitaire.

Les infirmières, en première ligne des suivis à domicile, ont un rôle clé dans cette hybridation des pratiques. Observer, éduquer, prévenir, accompagner : ces gestes de soin se transposent, mais ne se substituent pas. Ils exigent des outils fiables, une reconnaissance claire des actes de télésoin, et une protection des données conforme aux exigences éthiques.

Soigner à distance, oui, mais jamais sans proximité humaine. Parce qu’entre un écran et une présence, c’est toujours la relation qui soigne. La technologie ne remplace pas le toucher, l’écoute, l’observation. Elle doit prolonger la main du soignant, pas l’effacer.

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