APHP : l’hypnose soulage la douleur des enfants à Robert Debré

29 décembre 2010

Contre la dou­leur, l’hyp­nose s’impose peu à peu. Autrefois contro­ver­sée, sa pra­ti­que reste encore mar­gi­nale à l’hôpi­tal, bien qu’elle se déve­loppe pro­gres­si­ve­ment notam­ment pour gérer la dou­leur et le stress des enfants hos­pi­ta­li­sés.

Le tra­vail effec­tué depuis une dizaine d’années par des méde­cins et des psy­cho­lo­gues fait entrer petit à petit l’hyp­nose, cet état de veille para­doxal , dans les box des ser­vi­ces d’accueil des urgen­ces et dans les cham­bres d’hôpi­tal. Le but ? Réduire la dou­leur du patient en foca­li­sant son atten­tion sur autre chose avec des tech­ni­ques aujourd’hui répu­tées effi­ca­ces, en par­ti­cu­lier chez les enfants, glo­ba­le­ment plus récep­tifs à l’hyp­nose que les adul­tes.

Médecin res­pon­sa­ble de l’Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur à l’hôpi­tal pédia­tri­que Robert Debré (Assistance publi­que-hôpi­taux de Paris), Chantal Wood, spé­cia­li­sée dans l’usage de l’hyp­nose pour réduire la dou­leur de l’enfant, nous expli­que.

L’hyp­nose, c’est …

Un état modi­fié de cons­cience natu­rel qui se pro­duit dans notre vie quo­ti­dienne, à dif­fé­rents moments de la jour­née quand notre atten­tion se « déconnecte », s’évade. « Faire de l’hyp­nose » avec un enfant consiste à lui pro­po­ser d’uti­li­ser une res­source qu’il pos­sède déjà, mais à un moment où il n’a pas l’idée de l’uti­li­ser. Autrement dit, tout le monde a fait l’expé­rience que lors­que l’on est dou­lou­reux et qu’on regarde un film cap­ti­vant, tout se passe comme si la dou­leur était moins pré­sente. L’hyp­nose est donc une pro­po­si­tion pour uti­li­ser plus volon­tai­re­ment cette res­source à laquelle les enfants sont très sen­si­bles car ils l’uti­li­sent spon­ta­né­ment lorsqu’ils sont « rêveurs » ou « dans la lune ». Cet outil thé­ra­peu­ti­que ludi­que modi­fie de manière réelle les sen­sa­tions dou­lou­reu­ses.

Son uti­li­sa­tion requiert…

D’établir une rela­tion thé­ra­peu­ti­que de qua­lité entre l’enfant et son thé­ra­peute mais aussi de savoir adap­ter son lan­gage à celui du jeune patient, connaî­tre ses goûts, ses pré­fé­ren­ces, son monde sen­so­riel. De même, il faut savoir adap­ter les tech­ni­ques d’hyp­nose à l’âge de l’enfant, à son niveau de déve­lop­pe­ment cog­ni­tif car celui-ci déter­mine ce qu’il com­prend de sa mala­die et de sa dou­leur. Les capa­ci­tés à l’hyp­nose sont limi­tées avant l’âge de 3 ans, attei­gnent leur apogée entre 7 et 14 ans, puis décrois­sent un peu pen­dant l’ado­les­cence.

Les tech­ni­ques hyp­no­ti­ques visent …

A entrer dans le monde per­son­nel de l’enfant par un nou­veau mode de com­mu­ni­ca­tion en uti­li­sant des images, des méta­pho­res et des sug­ges­tions, par des sti­mu­la­tions acti­ves ou inte­rac­ti­ves, comme par exem­ple deman­der à l’enfant dou­lou­reux quel « voyage » il sou­haite faire, sug­gé­rer une his­toire, ou encore jouer avec les doigts, les mains. Aussi, est-il pri­mor­dial pour le thé­ra­peute d’être créa­tif, intui­tif et res­pec­tueux du monde ima­gi­naire du jeune patient. Celui-ci, grâce à son ima­gi­naire, va pou­voir foca­li­ser son atten­tion sur quel­que chose de dif­fé­rent, d’agréa­ble, car plus il se concen­tre sur une pensée posi­tive, agréa­ble, moins il est à l’écoute du contexte anxio­gène, de sa dou­leur. Par ailleurs, les parents peu­vent aider le thé­ra­peute car ils connais­sent les goûts, les inté­rêts de leur enfant, sa manière de faire face à la dou­leur.

Enfin, l’hyp­nose est une tech­ni­que à l’appro­che sin­gu­lière dans le domaine du soin, elle permet une com­plé­men­ta­rité de pra­ti­que entre l’enfant, sa famille, l’équipe soi­gnante et le thé­ra­peute. Ce qu’elle mobi­lise vient pro­gres­si­ve­ment aider l’enfant à se sentir plus actif dans sa prise en charge de la dou­leur et à moins la subir, voire à en être sou­lagé.

Source : http://www.leweb­zine.aphp.fr/spip.php?arti­cle655

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