L’importance de l’infirmière dans l’approche populationnelle

L’importance de l’infirmière dans l’approche populationnelle

20 juillet 2024

L’approche populationnelle en santé vise à répondre aux besoins spécifiques de certains groupes de population en mettant l’accent sur la prévention, l’accompagnement et la qualité de la prise en charge des pathologies. En France, cette approche se concentre particulièrement sur la santé des jeunes et des femmes, identifiant des enjeux clés pour ces publics spécifiques. Dans ce cadre, le rôle de l’infirmière est fondamental pour assurer une prise en charge adaptée et efficace.

Accompagnement des jeunes

Les adolescents et les jeunes adultes, bien que généralement en bonne santé, présentent des besoins spécifiques en matière de santé mentale et physique. Selon l’enquête EnCLASS de 2022, une majorité de jeunes se déclare en excellente ou en bonne santé, mais une minorité significative nécessite des soins intensifs et coûteux. En effet, 31 % des jeunes concentrent 85 % des dépenses de santé dans cette tranche d’âge, principalement en raison de pathologies lourdes.

Depuis 2020, la consommation de médicaments psychotropes a augmenté parmi les jeunes, reflétant une détérioration de leur santé mentale, accentuée par la pandémie de Covid-19. Le nombre de jeunes sous psychotropes a augmenté de 18 % entre 2019 et 2023, avec une hausse plus prononcée chez les jeunes filles. Face à cette situation, l’Assurance Maladie et les pouvoirs publics ont intensifié leurs efforts pour améliorer la prise en charge psychologique et psychiatrique, notamment à travers des investissements dans la convention médicale et le dispositif Mon soutien psy.

Les infirmières sont souvent les premières à identifier les signes de détresse mentale chez les jeunes et à initier une prise en charge adaptée. Leur proximité avec les personnes suivies et leur capacité à établir une relation de confiance sont essentielles pour détecter et traiter les problèmes de santé mentale à un stade précoce.

Les infirmières de l’éducation nationale, en particulier, sont en première ligne pour surveiller la santé des adolescents et des jeunes adultes, fournir des conseils de prévention et diriger les jeunes vers des soins spécialisés si nécessaire. Leur rôle est également clé dans la gestion des traitements médicamenteux et le suivi des patients sous psychotropes, assurant ainsi une prise en charge continue et coordonnée.

L’approche populationnelle met également en lumière les disparités sociales en matière de santé. Les jeunes issus de milieux défavorisés sont plus susceptibles de souffrir de maladies respiratoires, psychiatriques et neurologiques. Les infirmières, par leur action sur le terrain, peuvent aider à réduire ces inégalités en santé. Elles interviennent dans les écoles, les centres de santé et directement au domicile des patients, fournissant des soins et des conseils adaptés aux besoins spécifiques des populations vulnérables.

L’infirmière et la santé des femmes

Bien que l’espérance de vie des femmes soit historiquement supérieure à celle des hommes, cet écart tend à se réduire, surtout lorsqu’on considère l’espérance de vie sans incapacité. Paradoxalement, les femmes se perçoivent en moins bonne santé que les hommes, malgré des comportements globalement plus favorables. Les infirmières ont un rôle clé dans l’amélioration de cette perception et de la réalité de la santé des femmes.

Les maladies cardiovasculaires posent des défis spécifiques aux femmes. Les coronaropathies, par exemple, peuvent se manifester par des symptômes atypiques chez les femmes, entraînant des retards de diagnostic et une mortalité accrue. De même, les symptômes de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) sont souvent confondus avec ceux de l’asthme chez les femmes, retardant ainsi le diagnostic et la prise en charge. D’une part, les femmes minimisent les symptômes des maladies cardiovasculaires, d’où une prise en charge plus tardive.

D’autre part, les préjugés médicaux vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires chez les femmes restent majeurs et signifient concrètement de nombreuses pertes de chances, car une femme victime de maladie cardiovasculaire est susceptible d’être d’abord traitée par anxiolytiques.
 https://www.larevuedupraticien.fr/article/inegalites-de-sante-selon-le-sexe-pour-les-maladies-cardiovasculaires
 https://www.slate.fr/story/206087/medecine-stereotypes-genre-biais-symptomes-diagnostic-maladie-femmes-hommmes
 https://www.linkedin.com/posts/haute-autorite-de-sante_sexegenresantaez-activity-7113537952349106176-gXRu?utm_source=share&utm_medium=member_desktop

Peu sensibles aux stéréotypes de genre, les infirmières sont essentielles dans le dépistage précoce de ces maladies. Par leur vigilance et leur expertise, elles peuvent reconnaître des signes souvent négligés, orienter les patientes vers les spécialistes appropriés et assurer un suivi régulier, améliorant ainsi les chances de survie et la qualité de vie des femmes atteintes de ces maladies.

Certaines maladies touchent exclusivement les femmes et nécessitent une prise en charge particulière. L’endométriose, qui affecte entre 2 % et 10 % des femmes en âge de procréer, et jusqu’à 50 % des femmes infertiles, en est un exemple. Cette pathologie est souvent entourée d’incertitudes diagnostiques et thérapeutiques, rendant sa prise en charge hétérogène.

Les infirmières jouent un rôle vital dans l’éducation et le soutien des femmes atteintes d’endométriose. Elles peuvent fournir des informations précises sur la maladie, aider à naviguer dans le système de santé pour obtenir un diagnostic précis et des traitements adaptés, et offrir un soutien psychologique essentiel. L’Assurance Maladie propose des actions pour améliorer le dépistage et la prise en charge de l’endométriose, mais l’implication des infirmières est indispensable pour la mise en œuvre de ces mesures.

L’approche populationnelle en santé en France, qui se concentre sur les besoins des jeunes et des femmes, souligne l’importance cruciale des infirmières. Leur rôle est indispensable pour offrir une prise en charge holistique, prévenir les maladies, réduire les inégalités et améliorer la qualité de vie des populations spécifiques. Par leur proximité avec les personnes soignées, et leur expertise et leurs compétences, les infirmières sont des actrices essentielles dans la mise en œuvre de cette approche et la promotion de la santé publique. Elles sont en première ligne pour répondre aux défis complexes de santé mentale chez les jeunes et de maladies spécifiques aux femmes, jouant ainsi un rôle déterminant dans la réalisation des objectifs de santé publique précise Thierry Amouroux, le porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers SNPI.

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