France 5, Enquête de santé "Infirmières : profession en danger"

8 novembre 2011

Emission diffusée à 20h30 le 08.11.11 sur France 5, Enquête de santé "Infirmières : profession en danger"
Prochaine diffusion du documentaire le lundi 5 décembre 2011 à 00:32

En ville, à la cam­pa­gne, en libé­ral ou à l’hôpi­tal, les infir­miè­res sont plus de 500 000 en France, soit deux fois plus que les méde­cins. Quelles sont leurs condi­tions de tra­vail ? Quelle est leur place dans le sys­tème de soins ? Enquête de santé, pré­senté par Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes, leur donne la parole avec le docu­men­taire Les Blues des infir­miè­res et un débat en pla­teau.

Parce qu’elles aiment leur métier, elles sup­por­tent tout : les bas salai­res, les heures sup­plé­men­tai­res, le manque de reconnais­sance, les mau­vai­ses condi­tions de tra­vail. Au jour le jour, pour l’exer­cer le mieux pos­si­ble, elles jon­glent avec le manque de per­son­nel et la détresse, voire la vio­lence des mala­des. Bien qu’una­ni­me­ment appré­ciées, les infir­miè­res — les femmes cons­ti­tuent 80 % de la pro­fes­sion — ont le blues. Pour cerner tous les aspects de cette crise et de l’évolution du métier, la réa­li­sa­trice Géraldine Laura a suivi dans leur quo­ti­dien quatre pro­fes­sion­nels : Cathy à l’hôpi­tal de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Laura aux urgen­ces du CHU de Nantes, Brigitte, infir­mière libé­rale à Nice, et Philippe, également indé­pen­dant, dans la Creuse.

Quatre exem­ples de per­son­nes qui font passer leur vie privée au second plan pour se dévouer à leurs patients, pour un salaire de 1 600 euros bruts en début de car­rière. Maillon indis­pen­sa­ble de la chaîne, les infir­miè­res sont l’inter­face avec les méde­cins, mais n’ont pas le droit de pres­crip­tion. A titre d’exem­ple, aux urgen­ces du CHU de Nantes, Laura et une tren­taine de col­lè­gues pren­nent en charge deux cents per­son­nes par jour en moyenne. Dans ce ser­vice comme dans beau­coup d’autres, les condi­tions de tra­vail se dégra­dent : les files d’attente des mala­des s’allon­gent dans des cou­loirs trans­for­més en salles d’examen, mais les créa­tions de postes sont gelées. Pour que la conti­nuité des soins soit assu­rée, les jours de repos et de récu­pé­ra­tion sont repor­tés, voire sup­pri­més.

Du sacer­doce au burn-out

Autre cas de figure, mais mêmes sous-effec­tifs et mêmes plan­nings inte­na­bles : Cathy, à la Pitié-Salpêtrière, en hôpi­tal de jour, passe plus de temps dans un bureau à gérer des tâches admi­nis­tra­ti­ves qu’auprès des patients. Pour échapper à ce carcan hos­pi­ta­lier et à la pres­sion économique, de plus en plus de blou­ses blan­ches sont atti­rées par l’exer­cice libé­ral, comme Philippe et Brigitte.

Le pre­mier, ins­tallé depuis vingt-cinq ans dans le sud de la Creuse, région rurale déser­tée par le corps médi­cal, tra­vaille soixante heures par semaine pour 3 000 euros nets men­suels et tient un rôle qui va bien au-delà des soins. La seconde, à Nice, est infir­mière depuis trente ans. Elle a fait le choix de passer du temps auprès de ses patients et d’exer­cer dans un rap­port de totale confiance avec les méde­cins.

Ce métier relè­ve­rait-il du sacer­doce ? Le cons­tat dressé par ce docu­men­taire est sans appel : près de 30 % du per­son­nel hos­pi­ta­lier serait en sur­me­nage et un tiers des nou­veaux diplô­més quit­tent la pro­fes­sion dans les cinq ans.

Stéphanie Thonnet

Points de vue

« On en arrive à des soins faits à la va-vite. On n’est pas loin de la mal­trai­tance. Mettre un bassin à une per­sonne âgée sur un bran­card dans un cou­loir à la vue de tout le monde, c’est de la mal­trai­tance (…). C’était ini­ma­gi­na­ble il y a vingt ans. »
Anne, infir­mière aux urgen­ces du CHU de Nantes

« Aujourd’hui, on demande au per­son­nel soi­gnant beau­coup plus qu’il y a quel­ques années, au nom de la sécu­rité et du prin­cipe de pré­cau­tion (…). Tout ça a un coût humain et un coût en temps. Les infir­miè­res ont à faire beau­coup plus de tâches qui ne sont pas direc­te­ment soi­gnan­tes. »
Pr Gilles Potel, chef de ser­vice des urgen­ces au CHU de Nantes

« On est dans une logi­que de faire du chif­fre, une logi­que indus­trielle à flux tendu qui ne va pas dans un uni­vers comme le nôtre. On est là pour être infir­mière, appor­ter des soins ; pas être une tech­ni­cienne spé­cia­li­sée dans une usine à soins. »
Thierry Amouroux, Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers — SNPI CFE-CGC

Plus de détails :
- http://www.fran­ce5.fr/et-vous/France-5-et-vous/France-5-et-vous/Les-pro­gram­mes/LE-MAG-N-45-2011/arti­cles/p-14308-Enquete-de-san­teIn­fir­mie­res-pro­fes­sion-en-danger.htm
- vidéo du repor­tage de Géraldine Laura "le blues des infir­miè­res" : http://docu­men­tai­res.fran­ce5.fr/docu­men­tai­res/les-blues-des-infir­mie­res résume bien l’état d’esprit géné­ral de la pro­fes­sion. Le pano­rama, résul­tat de ren­contres d’infir­miè­res hos­pi­ta­liè­res (à la Pitié-Salpêtrière et au CHU de Nantes) et libé­ra­les (à Nice et dans la Creuse), est édifiant. Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC, y inter­vient à deux repri­ses, à 24 mn, et à 27 mn 40.
Prochaine dif­fu­sion du docu­men­taire le lundi 5 décem­bre 2011 à 00:32

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