Idée fausse : l’Ordre c’est Vichy

8 février 2006

Combien de fois n’avons nous pas entendu cette contre vérité historique ? En réponse, voici le "devoir de mémoire" réalisé par Claude Ameline, le Secrétaire Général de l’Ordre des Pharmaciens.

La nais­sance et le nom de l’Ordre des Pharmaciens sont-ils liés au régime de Vichy ? La réponse est clai­re­ment : non.

Dès 1925, devant l’anar­chie des créa­tions d’offi­ci­nes et les abus com­mer­ciaux pra­ti­qués par cer­tains de leurs exploi­tants, l’Association géné­rale des Syndicats phar­ma­ceu­ti­ques de France réclama vigou­reu­se­ment la créa­tion d’une ins­tance de régu­la­tion déon­to­lo­gi­que. Son projet s’ins­pi­rait de ce qui exis­tait déjà pour les phar­ma­ciens d’Alsace-Lorraine depuis 1897.

L’appel­la­tion pré­co­ni­sée par l’AGSPF était : Ordre des Pharmaciens, à l’image de l’Ordre des Avocats, qui régu­lait l’exer­cice de ces der­niers, sans inter­rup­tion, depuis 1810.

En 1939, les phar­ma­ciens, consul­tés par réfé­ren­dum, deman­daient à une majo­rité de 80 % la créa­tion de cet Ordre. Le projet était prêt à la veille de la guerre.

Le régime de Vichy en reprit quel­ques éléments à son compte dans un acte dit loi du 11 sep­tem­bre 1941, mais en le déna­tu­rant pro­fon­dé­ment selon son idéo­lo­gie cor­po­ra­tive : l’orga­ni­sa­tion créée se sub­sti­tuait aux syn­di­cats, sup­pri­més. Elle était censée défen­dre à la fois les inté­rêts maté­riels de ses mem­bres et la déon­to­lo­gie.

De plus, Vichy écarta la notion et le terme d’Ordre, que les syn­di­cats avaient prônés, pour créer à la place des ins­tan­ces qu’il dénomma :
 cham­bres dépar­te­men­ta­les des phar­ma­ciens ;
 conseils régio­naux des phar­ma­ciens ;
 et conseil supé­rieur de la phar­ma­cie !

A la Libération, une ordon­nance du 5 mai 1945 (pré­pa­rée par le minis­tre com­mu­niste de la Santé publi­que François Billoux) sup­prima cette orga­ni­sa­tion à la fois anti­dé­mo­cra­ti­que et détour­née de sa seule voca­tion légi­time : la défense de la santé publi­que et des patients, à tra­vers les prin­ci­pes de com­pé­tence et de déon­to­lo­gie. Le même texte créa l’Ordre que la pro­fes­sion sou­hai­tait depuis 20 ans.

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