Les patients paient le prix du manque de personnel et des surcharges de travail
3 juillet 2009
Une enquête internationale jette la lumière sur les opinions des infirmières quant à leur profession et à la qualité des environnements de soins. Elle a été présentée lors du 24e Congrès international du CII, Conseil international des infirmières le 01.07.09.
Selon une vaste enquête internationale au cours de laquelle plus de deux mille infirmières se sont exprimées sur les défis et opportunités auxquels est confrontée la profession infirmière, les surcharges de travail et la dotation insuffisante en personnel compromettent les soins aux patients et les résultats de santé.
« Les infirmières constituent le plus important groupe de professionnels de la santé dans le monde », observe le Directeur général du CII, M. David Benton. « Nous voulons mieux comprendre la perspective des infirmières sur leur travail et sur leurs contextes de pratique. Les résultats de notre enquête internationale nourriront la Campagne pour des environnements favorables à la pratique que le CII et ses partenaires ont lancée pour améliorer l’environnement de pratique des infirmières ainsi que la qualité des soins. »
Les treize millions d’infirmières dans le monde œuvrant dans des hôpitaux, cliniques, dispensaires et autres contextes de soins constituent l’épine dorsale des systèmes de santé. Le Conseil international des infirmières et Pfizer (division des affaires médicales externes) ont collaboré à la réalisation d’une étude représentative conduite auprès de 2.203 infirmières dans onze pays : Afrique du Sud, Brésil, Canada, Colombie, États-Unis, Japon, Kenya, Ouganda, Portugal, Royaume-Uni et Taiwan.
L’enquête montre notamment que neuf infirmières sur dix (92%) se déclarent soumises à des contraintes de temps les empêchant de consacrer à leurs patients l’attention qu’elles estiment nécessaire. Pratiquement toutes les infirmières interrogées (96%) estiment que le fait de consacrer davantage de temps à leurs patients permettrait d’améliorer leur santé de manière sensible.
« Les infirmières jouent un rôle important de défenseurs des patients, sur lesquels elles ont toujours centré leur travail. Notre recherche montre d’ailleurs que, pour les infirmières, l’aspect le plus favorable de leur profession réside dans le contact avec les patients », déclare Mme Paula DeCola (R.N., M.Sc.), du bureau du responsable des affaires médicales de Pfizer, Inc. (division des affaires médicales externes). « Cette enquête confirme les recherches du Dr Linda Aiken de l’Université de Pennsylvanie : les infirmières estiment que l’insuffisance des effectifs et la surcharge de travail ont un impact négatif sur la qualité des soins prodigués aux patients. »
Les résultats de l’enquête dévoilent certains autres défis auxquels sont confrontées les infirmières, ainsi que plusieurs opportunités de changement :
Près de la moitié des infirmières interrogées (46%) estiment que leur charge de travail s’est aggravée depuis cinq ans, avec des conséquences potentielles sur la qualité des soins prodigués aux patients.
Les infirmières sont particulièrement préoccupées par les charges de travail trop importantes (42%), l’insuffisance de leurs salaires et avantages sociaux (22%), la non-reconnaissance de leur travail (15%) et le poids de la bureaucratie (13%). L’aspect le plus favorable de leur profession est d’aider les patients : les infirmières, à 37%, valorisent particulièrement le contact avec les patients.
53% des infirmières estiment qu’elles seront « très probablement » encore dans la profession d’ici à cinq ans. Cependant, l’engagement varie fortement suivant les pays. Les infirmières du Portugal (77%), du Brésil (75%), du Canada (71%) et des États-Unis (68%) pensent qu’elles seront encore employées dans le secteur infirmier dans cinq ans. Par contre, les infirmières de pays confrontés à de graves pénuries de main-d’oeuvre et à une importante charge de morbidité sont moins catégoriques à cet égard : Afrique du Sud (33%), Kenya (38%), Ouganda (32%) et Taïwan (33%).
Les infirmières sont favorables à une extension de leurs responsabilités en matière de soins de santé, en particulier l’autorité de prescrire des médicaments à leurs patients. Huit infirmières sur dix (83%) interrogées disent ne pas disposer de cette autorité, sept infirmières sur dix (70%) se déclarant en faveur de l’octroi d’une telle compétence. Les infirmières de Colombie (61%), des États-Unis (59%) et de Taïwan (57%) y sont les moins favorables, tandis que les infirmières du Kenya (94%), du Canada (87%), du Royaume-Uni (87%), de l’Ouganda (84%) et d’Afrique du Sud (83%) y sont particulièrement favorables.
La recherche montre que l’indépendance des infirmières et la maîtrise de leur domaine de pratique, une dotation en personnel adéquate, une meilleure participation aux décisions influençant leur travail et les soins aux patients, ainsi qu’un meilleur équilibre entre leurs vies professionnelle et personnelle déterminent la probabilité que les infirmières resteront employées dans le secteur.
« Nombre d’infirmières de par le monde envisagent d’abandonner la profession, ce qui compliquera la tâche de systèmes de soins de santé déjà surchargés, en particulier dans des pays comme le Kenya, l’Ouganda et l’Afrique du Sud. Il est urgent de répondre aux besoins des infirmières en augmentant les effectifs, en leur accordant davantage d’indépendance professionnelle et en les intégrant aux prises décisions. Les infirmières doivent absolument faire entendre leur voix dans les débats qui accompagnent la croissance, le développement et la mutation des systèmes de santé », conclut M. Benton.
Pour de plus amples renseignements sur l’enquête et sa méthodologie, lire l’article.
Le Conseil international des infirmières (CII) est une fédération de 133 associations nationales d’infirmières (ANIs) représentant des millions d’infirmières à travers le monde. Géré par des infirmières pour des infirmières, le CII est la voix internationale des infirmières. Il œuvre dans le but de garantir des soins de qualité pour tous et de solides politiques de santé partout dans le monde.