Relation soignants/soignés et santé connectée (« Digital Health »)

7 août 2016
Les innovations technologiques autour de la santé (« Digital Health ») bouleversent le rapport entre les soignants et les patients hyper connectés et informés. En quelques clics, n’importe quel patient a la possibilité de contrôler son état de santé, de comprendre ses symptômes et de s’inscrire sur des réseaux sociaux dédiés à sa maladie pour en discuter. L’avenir de la médecine classique serait-il remis en question ?
En médecine, l’efficience ne peut être égal à la productivité, puisque la mesure ultime est de sauver des vies quel qu’en soit le prix.
Le système de santé tente toujours d’atteindre deux buts contradictoires, une réduction des coûts et une médecine de qualité. La collaboration en réseau des médecins et soignants, ou en parcours de soins, empêche les doublons d’examens biologiques ou radiologiques.
Jusqu’à présent, les progrès technologiques débouchaient sur l’engagement de nouveau personnel et non pas par un accroissement de la productivité (à chaque nouvelle machine IRM, de nouveaux techniciens ont été engagés). Globalement, dans chaque pays, l’emploi a augmenté proportionnellement aux coûts de la santé, car les coûts salariaux représentent près de 80% du budget des établissements.
Aujourd’hui, les géants du Net comme Google et Apple investissent massivement dans la santé, avec des projets dans le domaine du diagnostic en direct et permanent qui nécessite le traitement de beaucoup d’informations (lentilles intelligentes pour la gestion en temps réel du diabète, "Apple Watch" pour la détection avancée des attaques cardiaques, etc.).
Les programmes informatiques d’intelligence artificielle ont comme but de répondre intelligemment à des questions formulées en langue naturelle. Ainsi, SIRI (Apple), NOW (Google), CORTANA (Microsoft), "M" de Facebook, WATSON (IBM) sont capables de répondre de manière ciblée et très à propos aux questions de l’interlocuteur en analysant sa question et en allant chercher dans le "Big Data" des réponses intelligentes. Ces assistants vocaux vont offrir dans les prochaines années - et en particulier au grand public - un accompagnement intelligent pour toutes questions médicales.
Aujourd’hui, plus de 60 % des français se tournent en priorité vers Internet pour leurs recherches concernant la Santé. C’est devenu un réflexe pour chacun d’entre nous : dès que l’on a le moindre petit problème ou symptôme, on consulte Internet. Sur les réseaux sociaux, les communautés de patients, sont elles aussi, en train de révolutionner l’accès à l’information médicale et la relation entre les patients et leurs médecins mais aussi avec leurs proches.
Chaque jour, des volumes gigantesques d’informations sont rapportés par les internautes dans les forums et les réseaux sociaux, sur les effets indésirables des médicaments. Balances intelligentes, compteurs de pas, t-shirts mesurant les battements du coeur, chaussettes enregistrant la température corporelle…. la Digital Health, c’est aussi les objets connectés.
Les professionnels de santé, et en particulier les infirmiers doivent utiliser le développement de l’e-santé pour placer le patient au cœur de leurs pratiques. Ces nouveaux outils contribuent aussi à la responsabilisation des patients et en les aidant à suivre correctement leur traitement grâce aux nombreux rappels, informations et bonnes pratiques. c’est donc un bon complément à l’éducation thérapeutique délivrée par l’infirmière.
A l’heure du "big data", pouvoir traiter et utiliser une telle masse de données est un enjeu de taille pour les professionnels infirmiers, car cela pourrait permettre d’améliorer la qualité des soins et de personnaliser les traitements. Avec les réseaux sociaux et les applications, les professionnels reçoivent énormément de données et cela suppose que les professionnels de santé aient le temps de les gérer. Si les infirmières n’investissent pas ce champs, d’autres acteurs moins qualifiés pourraient le faire à notre place.
Ces programmes informatiques se résument à un calcul statistique à partir de millions de données, ils ne peuvent tenir compte des particularités de chacun, ce qui reste encore l’apanage de l’infirmière, pour qui chaque patient est unique, et doit être traité comme tel. La notion de "GHM groupe homogène de malades" ne correspond qu’à une donnée comptable, pas à une vérité médicale.
La Digital Health est donc un marché en plein essor qui change la relation entre les patients et les professionnels de la santé : aux infirmières de renforcer leur place d’éducatrices de santé, pour mieux prendre soins des patients et renforcer leur autonomie.
Voir également :
http://www.syndicat-infirmier.com/Relation-soignant-soigne-respecter.html
http://www.syndicat-infirmier.com/Relation-soignant-soignes-notre.html
http://www.syndicat-infirmier.com/Un-patient-doit-il-participer-a-la.html
http://www.syndicat-infirmier.com/Le-respect-dans-la-relation.html