Manque de moyens : le Gouvernement est sourd !
12 janvier 2009
71% des Français estiment que l’hôpital a besoin de moyens supplémentaires
En janvier 2009, notre profession a fait la une de l’actualité, à l’occasion de la polémique sur la sécurité dans les hôpitaux. Hélas, les décideurs politiques semblent n’avoir rien compris : pour eux, ce n’est pas une question de moyens ou d’effectifs, mais d’organisation.
Pourtant, c’est bien l’actuel Président du Sénat qui a indiqué dans le "rapport Larcher" que 100.000 lits ont été supprimés depuis 1992.
Pourtant, c’est bien la Ministre de la Santé Roselyne Bachelot qui a indiqué qu’il ne restait que 11 lits de réanimation de disponibles dans une région de 12 millions d’habitants, après la mort d’un homme dans une ambulance du SAMU.
Lorsque le chef de l’Etat parle "d’une augmentation cumulée de 50 % de la dépense hôpital de 1998 à 2008" (ce qui fait seulement 5 % par an), il se garde bien de préciser de combien les charges ont augmenté ! De même, pendant cette période, les soins de ville ont augmentés de plus de 60 % !
Selon la FHF, Fédération Hospitalière de France, le déficit total des hôpitaux aurait atteint entre 800 millions et un milliard d’euros fin 2008, dont 450 millions pour les CHU. Ce montant correspond à 30.000 emplois.
Avec les plans d’économies qui se succèdent dans les hôpitaux, la dégradation des conditions de travail est telle que l’effectif normal est pratiquement semblable à l’effectif minimum du week-end, les repos dus s’accumulent, et lors des vacances scolaires nous avons atteint le point de rupture.
Lors de son allocution de Strasbourg, le Président de la République a indiqué qu’il soutiendrait les infirmières : au delà des mots sans suite, qu’il rende donc la profession attractive, par une revalorisation des salaires, et une véritable reconnaissance sociale.
Aujourd’hui, une infirmière sur deux arrête de travailler à l’hôpital dans les cinq ans qui suivent son diplôme, alors qu’elle a été formée en 38 mois ! C’est un véritable gâchis humain, mais aussi économique.
D’ici 2015, 55 % des infirmières hospitalières vont partir à la retraite, selon l’Observatoire des Emplois et des Métiers. Alors qui va nous soigner dans six ans ?
Il y a largement assez d’infirmières formées, mais il faut rendre l’hôpital attractif (salaire, conditions de travail, mesures sociales) pour qu’elles acceptent de revenir exercer leur profession.
Lors d’un sondage BVA-BPI-Les Echos-France Info, près de 71% des personnes interrogées ont estimé que "pour être efficaces, les hôpitaux ont besoin de moyens financiers supplémentaires comme le réclament les organisations syndicales". A l’inverse, 22% des sondés jugent possible de les rendre plus efficaces sans augmenter les moyens qui leur sont alloués, "comme le défendent le président de la République et le gouvernement", rapporte le quotidien Les Echos.
Ce sondage a été réalisé par téléphone le 16 et 17 janvier, auprès d’un échantillon de 1009 personnes représentatif de la population française de 15 ans et plus.