Mutualisation : une infirmière de nuit pour 3 EHPAD soit 300 résidents

29 août 2017
L’ARS Ile-de-France supervise 695 EHPAD, et depuis janvier 2013, elle a lancé une expérimentation pour mutualiser la présence d’une infirmière de nuit en EHPAD, sur la base d’une IDE de nuit pour 300 résidents soit pour 3 établissements proches. Quatre ans après, l’expérimentation concerne 22 EHPAD.
L’infirmière de nuit est salariée de l’EHPAD principal, mais est amenée à travailler de la même manière pour les 3 établissements, sans faire de distinction entre l’établissement employeur et les autres participants. Sauf dans le département 95 où le dispositif est porté par un SSIAD servant de coordonnateur et d’employeur.
"Aujourd’hui, l’ARS Ile-de-France souhaite généraliser l’accès à une "compétence" infirmière la nuit en EHPAD, dès... 2017 ! Comme nous sommes à 4 mois de Noel, on peut y croire, d’autant qu’elle ne donnera pratiquement aucun moyen aux EHPAD pour le faire ! déclare Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC. Il est même plutôt question d’astreintes infirmières de nuit (avec déplacement sur site si nécessaire) proposées à des infirmières déjà en poste, ou exerçant dans le secteur libéral".
L’ARS Ile-de-France a mandaté Gerond’If pour réaliser une étude d’impact médico-économique de son dispositif expérimental, menée à partir d’indicateurs sur quatre ans : diminution significative de la durée d’hospitalisation, avec 4 jours d’hospitalisation par an et par résident en moins chez les résidents des Ehpad expérimentateurs que chez ceux que des autres Ehpad.
L’expérimentation a aussi permis de diminuer les hospitalisations des résidents de ces Ehpad après un passage aux urgences d’un tiers par rapport aux autres établissements et a facilité les retours en établissement après un passage aux urgences, souligne l’ARS.
Chiffrant le coût du dispositif expérimental actuel à "environ 1,3 million d’euros par an, au plan dépenses de fonctionnement", l’ARS Ile-de-France pourrait, dès 2018, pour pérenniser l’existant voire plus, utiliser "une partie des quelque 5 millions d’euros de crédits complémentaires dont elle dispose pour financer des projets innovants".
Pour le SNPI, encore une fois nous voyons les limites cette la logique comptable :
on parle du coût de fonctionnement, mais il n’y a pas de chiffrage des effets bénéfiques constatés, comme ces 4 jour d’hospitalisation par an et par résident,
si sur les 5 millions, 1,3 sont utilisés pour ces 22 EHPAD, on ne voit pas comment généraliser aux 700 EHPAD avec le reste !
Enfin, sur le fond, vu ce que l’on arrive à gagner avec une infirmière pour 3 EHPAD, imaginez le gain avec une infirmière de nuit par EHPAD ! Avec les économies réalisées sur des hospitalisations évitées, ces gains d’efficience pourraient être redistribués aux EHPAD pour la prise en soins la nuit. Ainsi, l’assurance maladie serait gagnante tout en apportant un gain qualitatif aux résidents en EHPAD. Car le plus incroyable c’est que savoir que l’on dispose d’une seule infirmière pour 300 résidents, écartelée entre 3 EHPAD, serait une avancée, dans la cinquième puissance mondiale ! déplore Thierry Amouroux
Voir également :
EHPAD : les compétences soignantes confrontées à la logique comptable http://www.syndicat-infirmier.com/EHPAD-les-competences-soignantes-confrontees-a-la-logique-comptable.html
EHPAD et malnutrition : maltraitance institutionnelle http://www.syndicat-infirmier.com/EHPAD-et-malnutrition-maltraitance-institutionnelle.html
Infirmière en EHPAD : fiche de poste http://www.syndicat-infirmier.com/Infirmiere-en-EHPAD-fiche-de-poste.html
L’infirmière coordinatrice ou référente en EHPAD : http://www.syndicat-infirmier.com/L-infirmiere-coordinatrice-ou.html
Dossier EHPAD : http://www.syndicat-infirmier.com/-Nouvelle-Gouvernance-.html