Ordre infirmier : vote de l’Assemblée Nationale ce matin

14 décembre 2006

Nous sommes à la fin du pro­ces­sus légis­la­tif. L’Assemblée Nationale a adopté la pro­po­si­tion de loi en juin, mais le Sénat ayant intro­duit des amen­de­ments d’amé­lio­ra­tion en octo­bre, le texte devait repas­ser en deuxième lec­ture à l’Assemblée Nationale, où il ne devrait pas être modi­fié : après le vote de ce matin, jeudi 14 décem­bre, la Loi por­tant créa­tion de l’Ordre des Infirmiers sera alors défi­ni­ti­ve­ment votée, et pas­sera au Journal Officiel.

Chacun doit avoir cons­cience qu’il ne s’agit pas d’une démar­che cor­po­ra­tiste. L’objec­tif est d’avoir une ins­tance capa­ble d’expri­mer une vision infir­mière de la poli­ti­que de santé. Aujourd’hui, sur les ques­tions de santé, nous avons l’opi­nion des méde­cins, des admi­nis­tra­tifs, des économistes de santé, mais pas celle des pro­fes­sion­nels de santé que sont les 450.000 infir­miè­res.

Or, de part sa for­ma­tion en santé publi­que, ses com­pé­ten­ces en pré­ven­tion, et son savoir-faire en éducation de la santé, l’infir­mière a beau­coup à appor­ter pour une meilleure prise en charge des besoins de santé de la popu­la­tion.

L’exem­ple des pays euro­péens dotés d’un ordre infir­mier est par­lant :

En Espagne, les dis­pen­sai­res ont été main­te­nus, alors qu’en France il a fallu atten­dre des années d’engor­ge­ment des urgen­ces hos­pi­ta­liè­res pour créer des « mai­sons médi­ca­les »,

En Angleterre, la dou­leur est gérée depuis des décen­nies, alors qu’en France les méde­cins consi­dé­raient la dou­leur comme un signe cli­ni­que qu’il ne fal­lait pas mas­quer, car ils ne sont formés à la dou­leur que depuis la loi Kouchner de 1995.

Le syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC insiste sur l’inté­rêt d’un ordre infir­mier pour répon­dre aux besoins de santé de la popu­la­tion :

L’apport de la vision infir­mière en terme de santé publi­que, de pré­ven­tion et d’éducation à la santé comme dans les pays dotés d’un ordre infir­mier (de nom­breux pays euro­péens dis­po­sent d’un ordre infir­mier : les scan­di­na­ves et les anglo-saxons depuis long­temps, mais également l’Autriche et des pays latins comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal, et la Grèce. Même des nou­veaux mem­bres en sont dotés (Malte, Lituanie, Slovénie, Croatie)

L’uti­lité de dis­po­ser d’un inter­loc­cu­teur dans des cas de mena­ces d’épidémies (ex pour la grippe aviaire, pas de relais pour les infir­miè­res, mais relais par l’ordre pour les méde­cins et les phar­ma­ciens)

Pour notre néces­saire struc­tu­ra­tion afin de mieux contri­buer à un tra­vail en col­la­bo­ra­tion avec les autres pro­fes­sions de santé.

Cela aura également un impact sur la pro­fes­sion, en terme de reconnais­sance, et donc d’attrac­ti­vité, alors que de nom­breux postes sont vacants. Sans comp­ter son impact sur l’évolution de la pro­fes­sion par le déve­lop­pe­ment de la science infir­mière et la créa­tion d’une banque de don­nées des recher­ches alors qu’actuel­le­ment, aucun endroit ne cen­tra­lise les éléments de recher­che infir­mière.

La for­mule juri­di­que "ordre pro­fes­sion­nel" a été rete­nue, car elle est la seule à auto­ri­ser l’adhé­sion obli­ga­toire, dans le res­pect de la Constitution et de la Convention euro­péenne de sau­ve­garde des droits de l’homme. Malgré de mul­ti­ples ten­ta­ti­ves, la pro­fes­sion ne peut se struc­tu­rer par elle même, elle a donc impé­ra­ti­ve­ment besoin de ce "coup de pouce" régle­men­taire.

Il est grand temps d’enga­ger une réelle réflexion sur la place de la pro­fes­sion infir­mière, et ce dans une appro­che citoyenne de la santé. Nous vou­lons per­met­tre à toute infir­mière de s’impli­quer dans le débat public que cons­ti­tue aujourd’hui la santé et la pro­tec­tion sociale.

Nous vou­lons conju­guer la phi­lo­so­phie des soins et une réa­lité économique, sans en accep­ter la pré­ten­due infailli­ble contrainte. Nous vou­lons un Ordre de la Profession Infirmière, non pour son aspect dis­ci­pli­naire, mais pour per­met­tre la cohé­sion des infir­miè­res, et défen­dre la qua­lité des pres­ta­tions qu’elles déli­vrent au public.

L’infir­mière ne doit pas atten­dre la consi­dé­ra­tion d’autrui du fait de son tra­vail, mais se consi­dé­rer et faire consi­dé­rer son tra­vail. La créa­tion d’un ordre n’est pas une fin en soi. C’est l’ins­tru­ment par lequel la pro­fes­sion pourra enfin s’affir­mer.

DOSSIER ORDRE INFIRMIER

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