Papillomavirus : Appel des 50 pour un dépistage et une vaccination universelle (HPV)
24 mars 2019
Communiqué de presse du 20 mars 2019
Infections et cancers dus aux papillomavirus (HPV) : avec des Académies, Collèges, Sociétés et Syndicats médicaux, le SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers) a signé l’ « Appel des 50 », pour un dépistage et une vaccination universelle contre le papillomavirus, soutenu par des personnalités médicales et 6 associations de parents et de dépistage.
Le papillomavirus est responsable de nombreux cancers et d’autres maladies touchant l’homme et la femme. Si la France a réalisé un premier pas avec la généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus, les sociétés médicales signataires, regroupées dans un collectif scientifique, insistent aujourd’hui sur l’urgence :
– d’organiser un dépistage efficace (accès, utilisation des tests HPV),
– d’augmenter la couverture vaccinale des populations déjà ciblées en rétablissant activement la vérité scientifique et donc la confiance vis-à-vis de ces vaccins actifs et très bien tolérés,
– de lancer la vaccination universelle gratuite ou remboursée, sans distinction de sexe ou de risque, pour protéger filles et garçons, réduire les inégalités et participer, avec les autres pays, à l’élimination des cancers HPV induits, en suivant la recommandation de l’OMS.
Chaque année, en France, les papillomavirus humains (« HPV ») sont à l’origine de :
– Plus de 6 300 cancers : col de l’utérus (2900), pharynx (amygdales, 1400), anus (1512), vulve, vagin, pénis (500)1
– Environ 30 000 lésions précancéreuses du col dont les traitements ne sont pas sans conséquences (risque accru d’accouchement prématuré et/ou de fausses couches).
– Environ 100 000 diagnostics de verrues génitales avec des récidives fréquentes et des traitements ayant un impact sur la vie sexuelle et affective, ainsi qu’un certain nombre de papillomatoses laryngées
– Ces maladies représentant aussi un coût important pour la collectivité : 500 millions €/an2.
La vaccination HPV est déjà recommandée et remboursée en France pour 3 populations :
– Les jeunes filles de 11 à 14 ans (rattrapage possible jusqu’à 19 ans révolus)
– Les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), jusqu’à 26 ans
– Les patients immunodéprimés
Cette politique de prévention peine à atteindre ses objectifs : la couverture vaccinale chez les jeunes filles avoisine les 20 %3, loin de l’objectif fixé par le plan Cancer (60%). Dans ces conditions, les jeunes filles insuffisamment vaccinées, et les jeunes garçons, qui ne bénéficient ni de la vaccination, ni d’une protection indirecte via une couverture vaccinale élevée chez les filles (immunité de groupe), ni d’un dépistage sont particulièrement exposés au risque d’infection par les papillomavirus : un tiers des cancers liés aux HPV1 et la moitié des verrues génitales touchent les hommes.
Nécessité d’une politique de vaccination ambitieuse pour les jeunes filles et les garçons
Dans ce contexte, le collectif soutient la décision de la Ministre des Solidarités et de la santé de saisir la Commission technique des vaccinations (CTV) de la Haute autorité de santé afin d’évaluer la pertinence d’une recommandation dite de vaccination universelle. Celle-ci devrait permettre une prise en charge de la vaccination de l’ensemble des filles et garçons.
Cette politique vaccinale aurait 2 avantages :
– Permettre de proposer à tous, filles et garçons, un accès équitable à la vaccination HPV, dans un objectif de prévention directe contre les maladies causées par ces virus.
– Renforcer le phénomène d’immunité de groupe, les garçons vaccinés se protégeant et protégeant indirectement les filles. Cette protection indirecte des jeunes filles par les garçons est particulièrement importante dans un pays comme la France où la couverture vaccinale demeure faible.
Cette décision ne doit pas être retardée comme on nous le laisse entendre
Dès aujourd’hui, les données scientifiques et médico-économiques sont déjà abondantes et disponibles. Elles permettent la prise de décision que la santé des femmes et des hommes de notre pays exige. Un décalage dans le temps placerait une nouvelle fois la France comme un pays à contre-courant sur cette vaccination HPV :
– plus de 20 pays développés ont déjà adopté une stratégie de vaccination universelle
– et plusieurs pays européens, malgré des couvertures vaccinales élevées chez les filles, ont récemment accéléré la mise en œuvre de cette politique (Allemagne, Grande-Bretagne, Danemark, Irlande).
– Les Etats-Unis vaccinent les garçons et les filles, avec une couverture vaccinale au moins deux fois plus élevée que celle de la France.
Dans le Livre Blanc des premiers Etats généraux de la prévention des cancers, publié en novembre 2018, la Ligue Contre le Cancer et le conseil économique social et environnemental, en partenariat en particulier avec l’INCA et Santé Publique France, appellent à proposer systématiquement la vaccination HPV aux garçons et aux filles. L’Académie Nationale de Pharmacie a publié ses recommandations dans le même sens en février 2019
Le collectif lance aujourd’hui un appel aux pouvoirs publics, à la communauté médicale, à la société civile, aux associations de patients et aux médias :
Ensemble, mobilisons-nous pour éliminer, en France, les cancers liés aux HPV. Les moyens pour atteindre cet objectif sont connus : déployer et faire évoluer rapidement la politique de dépistage du cancer du col de l’utérus, mettre en œuvre une politique vaccinale ambitieuse pour les jeunes filles et les garçons.
A chacun aujourd’hui de prendre ses responsabilités pour que nous puissions offrir une chance égale à tous et remporter collectivement une formidable et historique victoire contre le cancer. La France ne doit pas rester attentiste à prévenir ces cancers évitables et le dernier pays du monde à laisser s’installer une perte de chance inégalitaire entre garçons et filles.
Le communiqué avec la liste des signataires est en téléchargement en fin d’article :