Qualité de vie au travail : les outils de la HAS

QVT qualité vie travail

9 octobre 2014

La qualité de vie au travail favorise la qualité et la sécurité des soins délivrés par les professionnels. Focus sur les travaux publiés par la HAS sur le sujet.

Les pro­fes­sion­nels de santé ont tou­jours exercé leurs mis­sions dans un envi­ron­ne­ment sous contrain­tes. Leurs effets sur la qua­lité de leur tra­vail et la qua­lité des soins sont mieux connus et docu­men­tés.

Les inter­rup­tions de tâches qui se mul­ti­plient, les désyn­chro­ni­sa­tions entre métiers du soin et orga­ni­sa­tions, peu­vent préexis­ter ou sur­ve­nir lors de chan­ge­ments dans la struc­tu­ra­tion des acti­vi­tés.

Les orga­ni­sa­tions his­to­ri­ques ou nou­vel­les sont par­fois res­pon­sa­bles de situa­tions de stress, de fati­gue et d’attein­tes phy­sio­lo­gi­ques ou psy­cho­lo­gi­ques, jusqu’à inter­ro­ger le sens du tra­vail à réa­li­ser. Certains soi­gnants sont régu­liè­re­ment confron­tés à la fin de vie, à des vio­len­ces ver­ba­les et phy­si­ques, des situa­tions qui ont un fort impact sur la qua­lité de vie au tra­vail. Or, la lit­té­ra­ture scien­ti­fi­que sur l’amé­lio­ra­tion du tra­vail montre de plus en plus que les actions cen­trées sur les condi­tions concrè­tes de sa réa­li­sa­tion et sur la fia­bi­lité du tra­vail en équipe sont de nature à pré­ve­nir les causes récur­ren­tes de mau­vais fonc­tion­ne­ment.

Définition de la qua­lité de vie au tra­vail

D’emblée, la HAS aborde la notion de qua­lité de vie au tra­vail dans une pers­pec­tive dif­fé­rente de l’établissement de nou­vel­les normes qui ren­for­ce­raient la pres­sion sur les établissements de santé et pren­draient le risque d’être déconnec­tées du quo­ti­dien et des contrain­tes des pro­fes­sion­nels.

« Il ne s’agit pas de sanc­tion­ner les établissements mais de les accom­pa­gner pour qu’ils s’empa­rent du sujet et arri­vent à amé­lio­rer leurs pra­ti­ques », sou­li­gne Véronique Ghadi, chef de projet au sein du ser­vice de déve­lop­pe­ment de la cer­ti­fi­ca­tion de la HAS.

Or, pour être en mesure d’aider les établissements de santé publics et privés, encore faut-il se mettre d’accord sur des défi­ni­tions : qu’entend-on par qua­lité de vie au tra­vail ? Puis sur des outils : sur quels leviers agir pour amé­lio­rer les pra­ti­ques ? C’est pour répon­dre à ces ques­tions que la HAS a sou­haité tra­vailler en par­te­na­riat avec l’Agence natio­nale d’amé­lio­ra­tion des condi­tions de tra­vail (Anact).

Une notion liée au contexte local

Définir la qua­lité de vie au tra­vail n’est pas simple. Cette notion est for­te­ment liée à l’his­toire, au contexte et aux enjeux pro­pres à chaque établissement de santé. « Nous avons adopté une démar­che dite com­pré­hen­sive, expli­que Véronique Ghadi. Le projet mené avec l’Anact a permis de ren­contrer les dif­fé­ren­tes par­ties concer­nées, pro­fes­sion­nels, établissements de santé, orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les, afin que chacun puisse expri­mer son point de vue sur la qua­lité de vie au tra­vail. » Puis les avis ont été croi­sés afin d’obte­nir un socle commun de connais­san­ces autour de ce sujet, tra­vaux et réflexions ayant fait l’objet de trois publi­ca­tions, dis­po­ni­bles sur le site de la HAS.

« La qua­lité de vie au tra­vail est intrin­sè­que­ment liée à l’objec­tif de maî­trise glo­bale et sec­to­rielle des ris­ques des établissements de santé, pour­suit Véronique Ghadi. Autrement dit, le rai­son­ne­ment consiste à affir­mer que l’établissement doit viser un modèle équilibré, qui tienne compte à la fois de l’accueil des usa­gers, de la qua­lité des soins, de la qua­lité de vie au tra­vail et du bon usage des res­sour­ces lui garan­tis­sant sa péren­nité pro­fes­sion­nelle et économique. »

Comment mesu­rer la qua­lité de vie au tra­vail

La HAS met à la dis­po­si­tion des pro­fes­sion­nels de santé des indi­ca­teurs de qua­lité et de sécu­rité des soins qui sont des outils d’évaluation et d’amé­lio­ra­tion des pra­ti­ques. Un consor­tium a été créé, Clarté, afin de pro­duire, d’expé­ri­men­ter puis de géné­ra­li­ser des indi­ca­teurs, concer­nant notam­ment la qua­lité de vie au tra­vail.

Quatre indi­ca­teurs ont été rete­nus : la satis­fac­tion au tra­vail, l’impor­tance du turn-over, la rota­tion du per­son­nel et enfin, le taux d’absen­téisme.

Un nouvel abord du dia­lo­gue social

Enfin, la réflexion menée avec les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les a sur­tout permis à la HAS de ren­contrer des acteurs avec qui elle ne col­la­bo­rait pas anté­rieu­re­ment. Ils ont pu, eux aussi, témoi­gner de leurs dif­fi­cultés à échapper aux seules appro­ches « souf­france au tra­vail » pour favo­ri­ser la prise en compte du tra­vail, de son contenu, de ses condi­tions de réa­li­sa­tion dans les dif­fé­rents pro­jets et déci­sions prises. Ceci afin de limi­ter/réduire les causes raci­nes des fac­teurs de stress. Ils sont sou­vent sub­mer­gés par les récla­ma­tions et les insa­tis­fac­tions des per­son­nels.

« Cette réflexion com­mune a sur­tout permis que chacun apprenne à se connaî­tre, confirme Véronique Ghadi. Les syn­di­cats com­pren­nent que la HAS cher­che des cri­tè­res d’évaluation non pour sanc­tion­ner, mais pour amé­lio­rer les pra­ti­ques. La HAS est cons­ciente de la dif­fi­culté des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les à mettre en forme des infor­ma­tions qui soient per­ti­nen­tes dans le cadre de cette évaluation… »

La ques­tion de la qua­lité de vie au tra­vail doit faire partie inté­grante de la culture des établissements de santé. « Y com­pris lorsqu’ils sont confron­tés à des objec­tifs dif­fi­ci­les de retour à l’équilibre finan­cier ou de fusions entre deux établissements, insiste Véronique Ghadi. Il ne faut sur­tout pas penser qu’il s’agit d’un pro­blème secondaire. Traiter de la qua­lité de vie au tra­vail est selon nous une des condi­tions de réus­site de ce retour dura­ble à l’équilibre finan­cier ou au succès d’un regrou­pe­ment, d’une coo­pé­ra­tion ou d’une fusion. »

Pour plus de détails : Lettre d’infor­ma­tion de la HAS • n° 41 • Octobre-décem­bre 2014
- http://www.has-sante.fr/por­tail/jcms/c_1766363/fr/qua­lite-de-vie-au-tra­vail-les-outils-de-la-has

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