Revalorisations salariales : douche froide !

7 juin 2009

La pre­mière réu­nion de négo­cia­tions sala­ria­les, le 2 juin 2009, ne débou­che que sur une grande décep­tion : la nou­velle grille infir­mière ne sera étudiée qu’à partir de sep­tem­bre, pour n’abou­tir qu’à la signa­ture d’un éventuel d’accord qu’en décem­bre !

Clairement :
- pas un cen­time de plus en 2009. Le minis­tère de la santé sou­haite les pre­miers effets de la reva­lo­ri­sa­tion de la caté­go­rie B n’inter­vien­nent qu’en 2010 !
- pour le reclas­se­ment des IDE en caté­go­rie A, cela va pren­dre des années et ne débu­tera pas avant long­temps !

A ce stade, on sait seu­le­ment avec cer­ti­tude que les infir­miers qui com­men­ce­ront leur for­ma­tion en sep­tem­bre 2009 et sor­ti­ront diplô­més en 2012 seront inté­grés dans la caté­go­rie A de la Fonction Publique (reconnais­sance d’un niveau licence) et que les diplô­més d’avant 2012 seront également visés. Ainsi, le chef de l’État a indi­qué le 13 mars à propos des infir­miers déjà en poste : «  On ne veut pas de deux sta­tuts et des gens plus ou moins bien payés selon la date d’entrée dans le métier  » lors de son dépla­ce­ment au Centre hos­pi­ta­lier de Rambouillet (Yvelines),

Pour le reste, c’est-à-dire la négo­cia­tion sur les consé­quen­ces sta­tu­tai­res et finan­ciè­res du pas­sage des infir­miers en caté­go­rie A, la minis­tre de la Santé a mis en avant la néces­sité d’un dia­lo­gue social « extrê­me­ment appro­fondi ». « La restruc­tu­ra­tion de la caté­go­rie A de la FPH devra faire en sorte d’éviter qu’il y ait une tête hyper­tro­phiée par rap­port aux autres caté­go­ries », a indi­qué Roselyne Bachelot.

Les négo­cia­tions à venir devraient donc dans un pre­mier temps se foca­li­ser sur la réponse à appor­ter à cer­tai­nes ques­tions : quel public infir­mier sera concerné et à partir de quand ?

UN RECLASSEMENT AUX CONSÉQUENCES MULTIPLES

Concernant la future grille indi­ciaire de la caté­go­rie B, cela relève du "jeu de dupes" :
- certes, les indi­ces de début et de fin de car­rière (mul­ti­ple de la valeur du point qui indi­que le mon­tant du salaire) vont aug­men­ter, ce qui repré­sente une amé­lio­ra­tion (modeste) pour les IDE du 2ème échelon et celles en fin de classe sup,
- mais pour toutes les autres, l’allon­ge­ment de la durée de car­rière à 32 ans fait que l’on mettra beau­coup plus de temps à "gravir les échelons" !
- nous avons ainsi cal­culé qu’une nou­velle diplô­mée per­drait ainsi 40.000 euros sur l’ensem­ble de sa car­rière ! Vous parlez d’une reva­lo­ri­sa­tion !

L’objet de la négo­cia­tion concer­nant les para­mé­di­caux sera la reclas­si­fi­ca­tion dans la caté­go­rie A avec la restruc­tu­ra­tion indi­ciaire que cela impli­que des per­son­nels infir­miers actuel­le­ment situés en CII (grille inter­mé­diaire entre la caté­go­rie B et la A).

Ce reclas­se­ment va également impac­ter :
- les 14 pro­fes­sions para­mé­di­ca­les en caté­go­rie B,
- les infir­miè­res pué­ri­cultri­ces, les infir­miers de blocs opé­ra­toi­res, les cadres de santé ou les infir­miers anes­thé­sis­tes qui sont déja en caté­go­rie A

PÉRIMÈTRE ET ÉTALEMENT À DÉTERMINER

« Les inter­ro­ga­tions que nous avons por­tent sur l’étalement de l’effet du pas­sage en caté­go­rie A et sur la prise d’effet pour les pre­miers infir­miers qui béné­fi­cie­ront de ce reclas­se­ment », expli­que Thierry Amouroux, Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC qui rap­pelle que le sort des sur­veillants (caté­go­rie B, deve­nus cadres de santé, en caté­go­rie A) s’était réglé en trois ans et celui des ins­ti­tu­teurs (caté­go­rie B, deve­nus pro­fes­seurs des écoles, en caté­go­rie A) en une décen­nie.

Selon lui, il convien­drait de com­men­cer par les infir­miers les plus anciens étant donné qu’il faut six mois d’ancien­neté dans un indice pour pou­voir en béné­fi­cier au moment de pren­dre sa retraite.

Outre la date d’effet et l’étalement de la mesure, Thierry Amouroux s’inter­roge que le mon­tant de la reva­lo­ri­sa­tion : « Passer en caté­go­rie A, cela ne veut pas for­cé­ment dire un gain impor­tant en euros. Les IBODE, les IADE et les infir­miè­res pué­ri­cultri­ces sont déjà en caté­go­rie A depuis 2001, leurs salai­res ne sont pas pour autant miro­bo­lants ». Une Ibode, indi­que-t-il, débute sa car­rière à l’hôpi­tal public à 1 558 euros nets et la ter­mine à 2 549 euros ; une Iade (5 ans d’études) débute à 1 670 euros nets pour finir à 2 697 euros. Une IDE com­mence sa car­rière à moins de 1 500 euros nets pour attein­dre 2 300 euros.

« Avec les départs à la retraite qui vont s’accé­lé­rer dans les pro­chai­nes années, on va être dans des situa­tions de vrais man­ques », sou­li­gne-t-il, car la moitié des infir­miè­res hos­pi­ta­liè­res par­tent en retraite d’ici 2015. « On dit sou­vent que la durée moyenne de car­rière d’une infir­mière à l’hôpi­tal est de 12 ans. Mais c’est une moyenne... On a ainsi une courbe en U avec la moitié des infir­miers qui ont tra­vaillé 31 ans et de jeunes diplô­més qui tra­vaillent moins de 5 ans. »

LA QUESTION DE LA RETRAITE À RÉSOUDRE

Parmi les dif­fi­cultés à résou­dre lors de ces négo­cia­tions, Roselyne Bachelot a notam­ment relevé la ques­tion de la retraite. En effet, le pas­sage des IDE (infir­miers diplô­més d’État) d’une caté­go­rie à l’autre pour­rait avoir un impact impor­tant puis­que l’âge de départ à la retraite des infir­miè­res (caté­go­rie B) est actuel­le­ment pos­si­ble à partir de 55 ans.

Le SNPI CFE-CGC refuse le lien avec tout allon­ge­ment de la durée d’acti­vité, sur le modèle des infir­miè­res spé­cia­li­sées, qui sont pas­sées en caté­go­rie A en 2001, sans report de la date de départ en retraite. Toutes les études mon­trent la péni­bi­lité de notre pro­fes­sion, et l’usure pro­fes­sion­nelle qui en découle. Or l’âge de la retraite doit être fonc­tion de la péni­bi­lité : le niveau d’étude ou la caté­go­rie sta­tu­taire A n’ont rien à voir.

Et la CNRACL (caisse de retraite des agents des col­lec­ti­vi­tés loca­les) ne devrait pas, expli­que Thierry Amouroux, connaî­tre de dif­fi­cultés majeu­res pour absor­ber ce sur­coût compte tenu de sa situa­tion excé­den­taire. « La CNRACL a un rap­port de 2,6 coti­sants pour un retraité et ce régime par­ti­cu­lier est lar­ge­ment excé­den­taire puis­que qu’il aide même le régime géné­ral à tra­vers des com­pen­sa­tions et sur­com­pen­sa­tions ».

Pour ce syn­di­ca­liste infir­mier, on assiste à un « véri­ta­ble gâchis humain » avec une for­ma­tion de 38 mois déli­vrée à des jeunes infir­miers qui aban­don­nent le métier bien trop rapi­de­ment. « Lorsqu’on essaye de chif­frer le coût de cette réforme [LMD], il faut pren­dre en compte ce que cela va per­met­tre d’économiser si les jeunes res­tent plus long­temps dans la pro­fes­sion », sou­li­gne-t-il. Depuis 45 ans, cal­cule Thierry Amouroux, on a formé un mil­lion d’infir­miè­res et 500 000 exer­cent réel­le­ment. « Le pro­blème, ce n’est pas qu’on manque d’infir­miè­res, c’est qu’on rem­plit depuis dans années un ton­neau percé ».

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