Santé et accès aux soins : double peine pour les femmes en situation précaire

27 août 2017
La santé et l’accès aux soins des femmes en situation de précarité est le thème du dernier rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE). Remis le 7 juillet 2017 à Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, le rapport dresse un constat très préoccupant des inégalités de santé dont sont victimes les femmes précaires.
Un accès aux soins entravé pour près de 9,5 millions de femmes
Les femmes, qui constituent la majorité des personnes précaires (53% des personnes pauvres et 57% des bénéficiaires du revenu de solidarité active), se privent souvent de soins.
Selon une étude de juin 2016, les femmes représentent 64% du total des personnes ayant reporté ou renoncé à des soins au cours des douze derniers mois, soit 9,5 millions de femmes chaque année.
Le manque d’argent est la première cause de renoncement aux soins (impossibilité notamment de payer les dépassements d’honoraires).
Les freins culturels et symboliques jouent également. Les femmes précaires recourent plus tardivement et difficilement aux professionnels de santé. Leurs préoccupations quotidiennes font passer leur santé au dernier plan, après leurs enfants ou leurs difficultés financières. En outre, les aides financières trop complexes rendent également plus compliqué l’accès aux soins (un tiers des bénéficiaires potentiels de la CMU-C ne la demande pas).
Une santé dégradée qui s’explique par plusieurs facteurs
L’état de santé dégradé des femmes précaires est lié à leurs conditions de vie et de travail pénibles et stressantes qui les exposent à des risques psychosociaux, des maladies professionnelles, des accidents de travail et de trajet. Depuis 2001, les accidents du travail ont augmenté de 81% chez les employées de la santé, du nettoyage et du travail temporaire.
Les femmes précaires recourent moins souvent aux campagnes de dépistage notamment des cancers du sein et de l’utérus.
Enfin, le corps médical nie parfois certaines spécificités des femmes au détriment d’un dépistage et d’un traitement efficaces de certaines pathologies. C’est le cas des maladies cardiovasculaires qui sont la première cause de mortalité des femmes, en particulier des plus défavorisées. Ces maladies causent trois fois plus de décès prématurés chez les ouvrières que chez les cadres et professions intermédiaires.
Les recommandations du HCE
Le HCE formule 21 recommandations à destination des pouvoirs publics, autour de trois axes :
mieux évaluer la pénibilité des postes majoritairement occupés par les femmes en situation précaire ;
adapter l’offre de soins et la prise en charge aux besoins de ces femmes ;
intégrer le genre dans les politiques publiques de réduction des inégalités sociales de santé.