Sénat : le SNPI entendu par la Commission d’enquête sur la situation de l’hôpital

12 décembre 2021
Un lit sur 5 est fermé dans les hôpitaux publics, faute de personnel. Les conclusions de l’enquête flash du président du Conseil scientifique, François Delfraissy, ont entrainé la création au Sénat d’une commission d’enquête sur « la santé et la situation de l’hôpital public ».
Les représentants des personnels soignants et des praticiens ont été entendus le 9 décembre. Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers SNPI CFE-CGC, fait état d’un dangereux « cercle infernal » à l’œuvre. « Plus il y a de départs, plus les conditions de travail se dégradent pour ceux qui restent. Et plus les conditions de travail se dégradent, plus vous avez de nouveaux départs. » Les professionnels sont « laminés », « broyés par le système ».
Thierry Amouroux considère que le covid-19 aurait pu provoquer une forme de prise de conscience. Les espoirs ont été « douchés ». « Nous pensions vraiment qu’il y allait avoir un monde d’après, au moins pour la santé. Dès le 11 mai [2020], nos bureaucrates sont revenus avec leurs petits tableaux de bord pour reprendre les plans d’économies là où ils étaient ». Le mouvement s’est poursuivi, en pleine année de crise sanitaire, avec la fermeture de 5 700 lits, selon une étude du ministère de la Santé. « Nous sommes le seul pays au monde à avoir fermé des lits en période épidémique pour des raisons économiques », s’énerve l’infirmier.
https://youtu.be/Y16-QoXtv2M
Thierry Amouroux expose la dure réalité de ses collègues, celle d’infirmières « sans cesse sur le qui-vive » par la multiplication des tâches, rappelées pendant leurs congés en cas d’arrêts maladies, « déplacées comme des pions » sur le planning. « Il y a une vraie perte de sens », résume-t-il. « Une infirmière hospitalière n’est pas une technicienne spécialisée dans une usine à soins. Elle est là aussi pour prendre soin, accompagner, faire de l’éducation thérapeutique… »
Thierry Amouroux, représentant les infirmiers, souligne que les 183 euros mensuels en plus sur la feuille de paye restent encore décalés par rapport au salaire moyen des infirmiers en Europe. L’augmentation n’a pas permis d’enrayer les départs. Selon le Syndicat national des professionnels infirmiers, 7 500 postes vacants d’infirmiers étaient recensés en juin 2020, en septembre 2020, ils étaient 34 000 (la France compte de l’ordre de 700 000 infirmiers et infirmières). Aujourd’hui, ce sont 60 000 postes qui manquent selon Thierry Amouroux. Et l’enjeu va donc être de faire revenir au moins un tiers des 180 000 professionnels qui ont cessé d’exercer et qui ont changé de voie.
Et puis, il y a ce symbole qui a particulièrement hérissé le Syndicat national des professionnels infirmiers. « La communauté hospitalière a été particulièrement interpellée par ce qu’il s’est passé à Brive, avec une direction qui s’est permis de faire venir des comédiens pour tester les soignants en plein pic Covid », s’indigne Thierry Amouroux, qui n’hésite pas à parler d’illustration de la « maltraitance institutionnelle ».
https://twitter.com/publicsenat/status/1468941576680394762
Voir la vidéo de l’audition :
http://videos.senat.fr/video.2657345_61b1fd2b7d136.audition-commune-de-representants-de-praticiens-et-des-personnels-soignants
Plus d’informations :
« Des départs massifs de soignants » : la commission d’enquête du Sénat face à la déliquescence de l’hôpital
https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/des-departs-massifs-de-soignants-la-commission-d-enquete-du-senat-face-a-la
Dysfonctionnements à l’hôpital : « Nous ne sommes plus capable de garantir la prise en charge des situations médicales courantes »
https://www.actusoins.com/356307/dysfonctionnements-a-lhopital-nous-ne-sommes-plus-capable-de-garantir-la-prise-en-charge-des-situations-medicales-courantes.html