Souffrance au travail et coopération dans l’équipe

8 mai 2017

Et si la coopération entre collègues était la solution pour ne plus souffrir du travail ?

Avec l’accrois­se­ment des patho­lo­gies men­ta­les au tra­vail, l’expé­rience pro­fes­sion­nelle peut par­fois entraî­ner chez cer­tai­nes per­son­nes des signes de dépres­sion, des situa­tions de trau­ma­tisme ou de har­cè­le­ment. Alors que la santé du corps dépend des condi­tions du tra­vail, la santé men­tale est prin­ci­pa­le­ment liée à l’orga­ni­sa­tion du tra­vail.

Parmi les causes prin­ci­pa­le­ment iden­ti­fiées, quatre métho­des intro­dui­tes dans les années 1990 :
- l’évaluation indi­vi­duelle des per­for­man­ces,
- la qua­lité totale et les cri­tè­res de cer­ti­fi­ca­tion (normes Iso),
- la flexi­bi­li­sa­tion (CDD, inté­rim, temps par­tiel imposé, etc.)
- et la stan­dar­di­sa­tion des tâches.

La bru­ta­lité du pro­ces­sus tend à nous faire croire que c’est une fata­lité, une évolution irré­mé­dia­ble. C’est pour­tant une erreur, nombre de cadres et diri­geants dou­tent de la ratio­na­lité de cette ges­tion que l’on dési­gne sous le nom de « gou­ver­nance par les nom­bres ». Et ce sont géné­ra­le­ment des diri­geants à la tête de PME qui ont pris le risque de rompre avec ces métho­des. Il a ainsi été pos­si­ble d’expé­ri­men­ter d’autres orga­ni­sa­tions du tra­vail depuis une dizaine d’années et de réta­blir des rap­ports de qua­lité entre les sala­riés et l’orga­ni­sa­tion du tra­vail, avec de spec­ta­cu­lai­res amé­lio­ra­tions sur la santé men­tale.

Cette trans­for­ma­tion repose sur la cons­cience que le tra­vail n’est pas seu­le­ment un rap­port entre l‘indi­vidu et la tâche à accom­plir. La qua­lité et la pro­duc­ti­vité du tra­vail dépen­dent de la mobi­li­sa­tion de res­sour­ces per­son­nel­les, mais pas uni­que­ment. Elles dépen­dent aussi de l’intel­li­gence au plu­riel, c’est-à-dire de la for­ma­tion de col­lec­tifs ou d’équipes de tra­vail, conju­guant les intel­li­gen­ces indi­vi­duel­les pour forger la coo­pé­ra­tion. Pour éviter une caco­pho­nie d’intel­li­gen­ces indi­vi­duel­les, il faut cons­truire la coo­pé­ra­tion grâce à l’intel­li­gence déli­bé­ra­tive. La dis­cus­sion col­lec­tive sur les dif­fé­rents modes opé­ra­toi­res pos­si­bles permet d’abou­tir à un accord entre col­lè­gues, à partir duquel se cons­trui­sent les règles de tra­vail. La coo­pé­ra­tion conjure la soli­tude, apporte l’entraide et la pré­ve­nance, le savoir-vivre et la soli­da­rité. Des éléments déci­sifs en matière de pré­ven­tion des patho­lo­gies men­ta­les au tra­vail.

En effet, la santé men­tale dépend fon­da­men­ta­le­ment des autres, de la confiance, de la loyauté et de la soli­da­rité que l’on met au ser­vice d’un objet commun. Dans les entre­pri­ses qui ont pris le risque de s’écarter de la « gou­ver­nance par les nom­bres », la coo­pé­ra­tion fondée sur la déli­bé­ra­tion col­lec­tive s’est mon­trée effi­cace pour pré­ve­nir la souf­france au tra­vail. Le rôle d’espa­ces de convi­via­lité for­mels, comme des réu­nions d’équipes, ou infor­mels comme la machine à café ou la kit­che­nette, est alors essen­tiel.
Cependant, ces expé­rien­ces res­tent rares et ne pour­ront se déve­lop­per que si elles sont sou­te­nues par des poli­ti­ques publi­ques qui les feront connaî­tre et aide­ront à les trans­met­tre au sein des entre­pri­ses et de la for­ma­tion.

Source : « Coopérer entre col­lè­gues, la solu­tion pour ne plus souf­frir au tra­vail », The Conversation, 02/04/2017 Source

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