Souffrance au travail et pénibilité du travail infirmier #souffranceInfirmiere

10 mars 2019
La pénibilité du travail infirmier est de plusieurs natures (physique, psychique, mentale) :
augmentation de la charge de travail : diminution de la durée moyenne de séjour, hausse de la gravité des cas (du fait du développement des alternatives à l’hospitalisation, des hôpitaux de jour, etc.), manque d’effectifs
horaires perturbant la vie personnelle : travail de nuit, en horaires alternés, en "grande équipe", repos décalés ou supprimés, etc.
manutention de malades ou de charges lourdes,
exposition aux produits toxiques (produits de chimio, etc.)
La pression psychologique s’est aggravée ces dernières années avec :
la peur des agressions, suite à une hausse de l’agressivité (particulièrement aux urgences), et à la médiatisation de certaines affaires
un sentiment de solitude du fait du manque d’effectif
Surtout, il y a une véritable insatisfaction au travail avec la distance entre ce que nous sommes, et ce que l’on nous demande de faire au quotidien. Il faut cesser de nous amener à enchaîner les actes de soins, au dépend du sens qui motive ces soins : l’infirmière a besoin de penser son action, et non d’être une simple exécutante d’actes techniques. De plus en plus, nous quittons le travail en nous sentant coupable de ne plus pouvoir faire notre travail comme nous aimerions le faire.
L’infirmière hospitalière a le sentiment d’être réduite à une technicienne spécialisée dans une usine à soins.
Le SNPI CFE-CGC estime que cette pénibilité doit être reconnue à toute infirmière, qu’elle exerce dans le public ou dans le privé, au travers d’un départ anticipé à la retraite.
Nous réclamons une "reconnaissance de la pénibilité de la profession, dans le public comme dans le privé. Car l’espérance de vie d’une infirmière, c’est 78 ans, contre 85 ans en moyenne pour les femmes en France (caisse de retraite CNRACL). De même, 30 % des aides-soignantes et 20 % des infirmières partent en retraite avec un taux d’invalidité" précise Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC), qui représente des professionnels de l’hôpital, des cliniques et des entreprises.
Sur la base de ce constat objectif, la loi Fillon de 2003 sur la réforme des retraites avait accordé à partir du 1er janvier 2008 une majoration de durée d’assurance au fonctionnaire hospitalier égale à un dixième de la période de service (par exemple 1 an pour 10 ans effectués).
Mais cela n’est plus le cas avec la réforme Bachelot de 2010, avec le passage en catégorie A de la fonction publique. Et rien n’a été prévu pour une infirmière exerçant dans le privé. Or au cours de sa carrière, une IDE exerce souvent dans les trois secteurs (public, privé, libéral), il nous semble donc logique de raisonner en pénibilité liée au métier, et non au statut. Aussi, le SNPI CFE-CGC réclame une majoration de durée d’assurance pour toutes les infirmières salariées
La "réparation" est une chose, mais la "prévention" est indispensable pour faire baisser le nombre d’IDE en invalidité : Le SNPI CFE-CGC propose donc que les infirmières expérimentées, lors de leur fin de carrière, soient détachées un jour par semaine pour assurer :
le tutorat des nouvelles diplômées, des infirmières de l’équipe de suppléance, des infirmières intérimaires,
l’encadrement des étudiants en soins infirmiers en stage dans le pôle,
des cours en IFSI sur leur domaine d’expertise,
des consultations infirmières pour assurer l’accompagnement, la relation d’aide et l’éducation thérapeutique des patients.
Pour le SNPI CFE-CGC il convient d’organiser les secondes parties de carrière, afin de tenir compte à la fois de l’usure professionnelle et du problème de la transmission des savoirs issus de l’expérience :
pendant longtemps, le brassage dans les services entre les nouveaux savoirs théoriques apportés par les nouvelles diplômées et les savoirs pratiques issus de l’expérience acquise par les infirmières expérimentées permettait une bonne qualité des soins,
aujourd’hui, on constate déjà un déséquilibre démographique, avec beaucoup d’infirmières qui ont moins de cinq ans de diplôme, et des IDE à dix ans de la retraite, alors que la durée de vie professionnelle d’une IDE reste faible, et que la charge de travail limite les échanges professionnels : le "compagnonnage" naturel ne sera donc plus assuré.
Afin de prévenir l’épuisement professionnel, l’employeur devrait aussi être capable de souplesse, pour permettre à une IDE qui a besoin de "souffler", de changer quelques semaines de service, afin de se "reconstituer", avant de reprendre son poste d’origine.
Pour que l’infirmière puisse diversifier son parcours professionnel, le SNPI CFE-CGC souhaite que la formation continue assure des formations d’enrichissement des pratiques cliniques infirmières. En effet, de plus en plus les formations sécuritaires ou institutionnelles (incendie, accréditation, système informatique, nouvelle gouvernance, tarification, etc.) concentrent les efforts de formation, aux dépends des besoins réels des professionnels. Les obligations du DPC développement professionnel continu sont faiblement respectées par les établissements de santé.
En cas de problème :
pensez à faire un signalement à l’Observatoire de la souffrance au travail (OSAT infirmier) sur le site https://souffrance-infirmiere.fr/
vous pouvez également vous exprimer sur les réseaux sociaux avec #souffranceInfirmière ou https://twitter.com/SouffranceIDE
Voir également :
Souffrance au travail : témoignages d’infirmières https://www.syndicat-infirmier.com/Souffrance-au-travail-temoignages-d-infirmieres.html
Souffrance infirmière : infirmiers maltraités, patients en danger ! https://www.syndicat-infirmier.com/Souffrance-infirmiere-infirmiers-maltraites-patients-en-danger.html
Infirmiers : 30 % des nouveaux diplômés abandonnent dans les 5 ans https://www.syndicat-infirmier.com/Infirmiers-30-des-nouveaux-diplomes-abandonnent-dans-les-5-ans.html
Il y a urgence, pour nous tous : #nosviesdabord https://www.syndicat-infirmier.com/Il-y-a-urgence-pour-nous-tous-nosviesdabord.html