Un jour de carence pour punir les hospitaliers

7 janvier 2018
Depuis le 1er janvier 2018, le jour de carence pour maladie des agents publics (fonctionnaires et contractuels) est rétabli dans la Fonction publique, pour des raisons purement idéologiques.
D’une part, essayer d’attiser le conflit public/privé : "ces faignants de fonctionnaires hurlent pour une journée, alors que dans le privé c’est trois jours". Mais c’est volontairement oublier que les trois-quarts des salariés du privé ont heureusement ces trois journées prises en charge par les conventions collectives. Alors que pour tous les fonctionnaires cette journée ne sera ni payée ni compensée.
D’autre part, on sait que c’est une erreur économique, qui va couter plus cher à l’Assurance Maladie. En effet, le jour de carence pour les fonctionnaires avait été mis en place en janvier 2012, puis supprimé en 2014 car la ministre de la fonction publique de l’époque avait alors jugé cette mesure « injuste, inutile et inefficace ».
Selon une étude de l’Insee, le jour de carence appliqué en 2012 et 2013 a réduit « fortement » les absences pour raisons de santé de deux jours, mais augmenté celles de longue durée pour les fonctionnaires.
En effet, le jour de carence a fait augmenter de 25 % la prévalence des absences d’une semaine à trois mois. L’Insee avance plusieurs hypothèses à cette hausse :
Les agents auraient prolongé un peu leurs arrêts pour être sûr d’être guéris, sachant que prendre un arrêt court en cas de rechute était pénalisant, à cause de la carence.
Les agents ne prenant plus d’arrêts courts en cas de petites maladies, leur santé se serait dégradée, ce qui aurait entraîné des arrêts plus longs. Car au lieu de consulter leur médecin pour qu’il leur prescrive un arrêt maladie court, ils ne se soigneraient pas et leur santé se dégraderait. Si bien qu’in fine, leur arrêt maladie se révélerait bien plus long qu’il n’aurait dû l’être à la base.
Et au final, les soignants qui vont venir travailler tout en étant malades, vont davantage contaminer les patients ! Mais l’indicateur "infections nosocomiales" est dans le tableau de suivi du "directeur de la qualité", pas dans celui du DRH !