Compte épargne-temps (CET) à l’hôpital

23 novembre 2011

Depuis l’ins­tau­ra­tion des 35 heures en 2002, les per­son­nels hos­pi­ta­liers ont stocké des mil­lions d’heures de RTT qu’ils n’ont pas pu pren­dre, faute de per­son­nel. Dans les seuls hôpi­taux pari­siens, l’AP-HP doit plus d’un mil­lion de jours à ses 77.000 agents, soit une moyenne de 13 jours par agents.

Faute de rem­pla­ce­ments, les infir­miè­res sont obli­gées d’ouvrir des CET, Comptes Epargne Temps, qui ne peu­vent être uti­li­sés, tou­jours faute de per­son­nel, sauf lors d’un départ (muta­tion, retraite), ce qui fait que l’IDE figure vir­tuel­le­ment sur un plan­ning pen­dant des semai­nes avant que quelqu’un d’autre soit recruté.

Par exem­ple, 608 emplois d’infir­miers et infir­miè­res sur 16 000 res­tent vacants dans les hôpi­taux pari­siens. Du fait de la sur­charge de tra­vail pour celles qui res­tent en poste :
- 10 % des effec­tifs, soit 1.600 infir­miè­res, seraient en outre absents pour rai­sons de mala­die, for­ma­tion pro­fes­sion­nelle ou congé mater­nité.
- 20 % des infir­miè­res sont en inva­li­dité lors de leur départ en retraite
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Penurie-infir­miere-a-l-AP-HP.html

Dans les ser­vi­ces, nous n’y arri­vons plus : sous-effec­tif, non rem­pla­ce­ment des absen­ces, aug­men­ta­tion de la charge de tra­vail, glis­se­ment de tâches, mobi­lité, etc.

Notre vie privée est per­tur­bée par le non res­pect des plan­nings, la flexi­bi­lité des horai­res, les appels télé­pho­ni­ques au domi­cile pour rem­pla­cer, la grande équipe impo­sée, etc.

Les for­ma­tions sont refu­sées d’entrée, ou bien sup­pri­mées au der­nier moment faute d’effec­tif.

Paiement des heures : l’arna­que de 2008

En 2008, les Heures Supplémentaires avaient été sol­dées à l’hôpi­tal car les négo­cia­tions sur la rému­né­ra­tion des heures sup. et des CET dans la Fonction Publique Hospitalière se sont ter­mi­nées par une bra­de­rie :
- 80 euros brut par jour pour "l’indem­ni­sa­tion des jours épargnés dans un CET", soit le coût horaire d’une infir­mière débu­tante.
- 13 euros brut "l’indem­ni­sa­tion des heures sup­plé­men­tai­res res­tant dues au 31 décem­bre 2007", soit le coût horaire d’une infir­mière en milieu de car­rière, donc toutes les IDE de classe sup, les infir­miè­res spé­cia­li­sées et les cadres infir­miers étaient per­dants : tra­vailler plus pour gagner moins !

A l’époque, sur les 23 mil­lions d’heures concer­nées :
- 7.590.000 concer­naient les IDE (33 %)
- 1.380.000 concer­naient les infir­miè­res spé­cia­li­sées (6 %)
- 1.403.000 concer­naient les cadres infir­miers (6%)

Au total, seuls 30 % des heures 2008 avaient été payées, les agents refu­sant majo­ri­tai­re­ment d’être sous-payés pour le tra­vail fait en plus.
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/2008-Heures-Supplementaires.html

Pénurie et sur­charge de tra­vail

Et dans un contexte où la sur­charge de tra­vail comme le manque de per­son­nel se fait res­sen­tir dans de nom­breux ser­vi­ces, on note une aug­men­ta­tion des erreurs médi­ca­les :
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Majoration-du-risque-d-erreurs-de.html

Ces pro­blè­mes ont été abor­dés lors l’émission de France 5, Enquête de santé "Infirmières : pro­fes­sion en danger", dif­fu­sée à 20h30 le 08.11.11. Le repor­tage de Géraldine Laura "le blues des infir­miè­res" sera de nou­veau dif­fu­sée le lundi 5 décem­bre 2011 :
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/France-5-Enquete-de-sante.html

Voir également l’arti­cle paru dans la presse :
- http://www.20mi­nu­tes.fr/societe/829180-compte-epar­gne-temps-hopi­tal-on-va-mur-selon-thierry-amou­roux

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC se bat régu­liè­re­ment pour :
- une véri­ta­ble reconnais­sance uni­ver­si­taire LMD (licence pour les IDE, master pour les infir­miè­res spé­cia­li­sées) avec un ensei­gne­ment pro­fes­sion­nel du cœur de métier, comme dans les autres pays de l’Union Européenne
- une reva­lo­ri­sa­tion du salaire net du per­son­nel infir­mier (notre perte de pou­voir d’achat est de 21,6 % depuis 2001) avec une véri­ta­ble caté­go­rie A pour tous, sans chan­tage à la retraite
- une juste rému­né­ra­tion des contrain­tes, com­pa­ra­ble aux métiers du com­merce et des ser­vi­ces (qui sont payés double les diman­ches et fériés), et qui ne doi­vent pas se conten­ter d’un euro par heure de nuit !
- une reconnais­sance de la péni­bi­lité de notre pro­fes­sion (seconde car­rière, départ avancé à la retraite)
- le recen­trage de notre acti­vité sur les soins : avoir plus de temps à consa­crer aux patients, en rédui­sant les taches admi­nis­tra­ti­ves et la ges­tion du télé­phone,
- la reconnais­sance des infir­miè­res cli­ni­cien­nes, de l’exper­tise acquise par des DU (Diplômes Universitaires) ou en for­ma­tion conti­nue.

Ce n’est que lors­que la pro­fes­sion infir­mière sera reconnue à hau­teur de ses com­pé­ten­ces et de ses res­pon­sa­bi­li­tés qu’elle rede­vien­dra attrac­tive, et que l’admi­nis­tra­tion arri­vera à fidé­li­ser le per­son­nel en poste (la durée de vie pro­fes­sion­nelle d’une IDE est de 12 ans).

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