Hôpital Tenon APHP : alerte concernant la sécurité des patients et du personnel soignant

22 octobre 2010

Lettre ouverte de l’équipe des urgences de Tenon

Nous, per­son­nel soi­gnant, tenons à vous infor­mer de la situa­tion alar­mante des urgen­ces SAU de l’hôpi­tal Tenon de l’AP-HP. Nous pen­sons que nous ne sommes pas en mesure aujourd’hui d’assu­rer la com­plète sécu­rité des patients ainsi que notre propre sécu­rité.

Le per­son­nel soi­gnant s’est mis en grève en Décembre 2009 por­tant la gra­vité de la situa­tion à la connais­sance de l’APH-HP et des auto­ri­tés com­pé­ten­tes. Durant depuis donc un an, la situa­tion s’est encore dété­rio­rée et, nous le crai­gnons est appe­lée à ne pas s’amé­lio­rer à court terme.

Les dif­fi­cultés que ren­contrent les urgen­ces sont les sui­van­tes :
- Principalement, les sous effec­tifs chro­ni­ques. Actuellement, 31 postes infir­miers sont pour­vus sur les 37 prévus pour assu­rer un ser­vice normal. Le per­son­nel inté­ri­maire en mis­sion ponc­tuelle, qui est la prin­ci­pale réponse de la part de notre direc­tion, ne comble que rare­ment nos besoins en nombre et n’est en géré­ral pas immé­dia­te­ment opé­ra­tion­nel pour tra­vailler aux urgen­ces et s’adap­ter aux spé­ci­fi­ci­tés du ser­vice (logi­ciel infor­ma­ti­que, orga­ni­sa­tion du ser­vice). Il en résulte une charge de tra­vail sup­plé­men­taire pour un per­son­nel titu­laire déjà épuisé.
- Insécurité : les agents en charge de l’accueil ne sont pas pro­té­gés des agres­sions des patients eux-mêmes et des accom­pa­gnants. Les agres­sions phy­si­ques sont fré­quen­tes : coups, cra­chats, insul­tes. Nous n’avons pas eu à déplo­rer encore d’agres­sion phy­si­que grave.
- La vétusté des locaux et le manque de maté­riels com­pa­rés aux autres ser­vi­ces d’urgence de Paris aug­men­tent la péni­bi­lité de notre tra­vail.

Ces condi­tions de tra­vail empê­chent d’atti­rer de nou­veaux agents. En effet, le ser­vice n’a pas recruté suf­fi­sam­ment depuis 2009 et incite même cer­tains à le quit­ter : 2 des infir­miers recru­tés après la grève sont déjà partis. Parmi les anciens infir­miers on compte 5 nou­veaux départs dont 3 d’ici la fin novem­bre ce qui por­tera le sous-effec­tif à 28/37. Parmi les cadres : un cadre de proxi­mité a changé de ser­vice et le cadre supé­rieur, nommé pour redres­ser la situa­tion a donné sa démis­sion au bout de 6 mois !

Depuis un an nous avons tra­vaillé en sous-effec­tif (par­fois 1 infir­mier au lieu de 3 en méde­cine/trau­ma­to­lo­gie), fait des heures sup­plé­men­tai­res, changé ou sup­primé nos repos, signe de notre volonté com­mune d’appor­ter des soins de qua­lité aux patients.

Mais voilà, aujourd’hui nous sommes tous à bout de force, à bout de nerfs. Notre santé est en danger, et la santé de nos patients est en danger. Nous vous en aler­tons : les condi­tions de tra­vail dans les­quel­les nous tra­vaillons ne nous per­met­tent plus d’assu­rer la sécu­rité de nos patients.

Faute d’une réponse claire et pré­cise de la part de la direc­tion de l’hôpi­tal Tenon et malgré les nom­breu­ses réu­nions avec elle, nous inter­pel­lons donc à pré­sent la presse, le CHSCT, l’Agence régio­nale de santé, le siège de l’AP-HP, les urgen­tis­tes de l’AP-HP, la minis­tre de la santé Mme Bachelot, dont la mis­sion est de « rendre le sys­tème de santé plus effi­cace » pour savoir com­ment elle et ses par­te­nai­res peu­vent répon­dre aux ris­ques que nous fai­sons encou­rir à nos patients et que nous encou­rons nous-mêmes et agir enfin pour résou­dre les pro­blè­mes que ren­contrent les urgen­ces de l’hôpi­tal Tenon. Nous vous deman­dons de saisir le comité afin que celui-ci étudie la situa­tion aux urgen­ces de Tenon.

En espé­rant que vous pren­drez en compte l’urgence de la situa­tion et dans l’attente d ?une réponse de votre part, rece­vez nos sin­cè­res salu­ta­tions.

L’équipe para­mé­di­cale des urgen­ces de Tenon.

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