Infirmières inculpées à Mérignac et au Havre

14 août 2009

Notre pro­fes­sion a fait de nou­veau la une de l’actua­lité en août, avec les affai­res de Mérignac (erreur de patient) et du Havre (mort de pré­ma­tu­rés). Après la mort d’un enfant de trois ans à Paris la nuit de Noël (erreur de pro­duit) et celle d’un bébé de six mois le Jour de l’An (erreur de débit), c’est une cruelle façon pour le public de réa­li­ser le très haut niveau de res­pon­sa­bi­li­tés qu’ont quo­ti­dien­ne­ment les 500.000 infir­miè­res qui exer­cent en France.

Chaque jour, à chaque geste, chaque infir­mière vit avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Nous sommes des êtres humains, et l’erreur est humaine. Nous exer­çons une pro­fes­sion à haut risque, et nous por­tons la plus grande res­pon­sa­bi­lité qui soit : celle de la vie d’autrui.

Or, le manque de per­son­nel, de moyens, de repos et d’un cadre de tra­vail cor­rect peut deve­nir source d’erreur de la part de n’importe quel soi­gnant.

Les condi­tions de tra­vail à l’hôpi­tal se sont consi­dé­ra­ble­ment dégra­dées car les établissements doi­vent faire des économies, alors on rogne sur tout, et de nom­breux postes sont sup­pri­més, les pre­miè­res années chez les admi­nis­tra­tifs et les tech­ni­ques, main­te­nant chez les soi­gnants. La dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail est telle que l’effec­tif normal est pra­ti­que­ment sem­bla­ble à l’effec­tif mini­mum du week-end, les repos dûs s’accu­mu­lent, et lors des vacan­ces sco­lai­res nous attei­gnons le point de rup­ture.

En agis­sant ainsi, les res­pon­sa­bles d’établissements créent les condi­tions pour conduire à des erreurs médi­ca­les : étant en pre­mière ligne, les infir­miè­res sont mises en situa­tion de com­met­tre des erreurs.

Selon l’Observatoire des ris­ques médi­caux (ORM), en 2006, sur 735 dos­siers, les actes de soins ont été la pre­mière cause d’acci­dent (80 %) après les actes de diag­nos­tic (11 %).

Nous invi­tons donc les infir­miè­res sala­riées qui ne l’ont pas encore fait à pren­dre sans tarder une assu­rance "res­pon­sa­bi­lité civile pro­fes­sion­nelle" , et à rem­plir une fiche d’alerte lors de chaque situa­tion dif­fi­cile, pour pré­ve­nir par écrit l’admi­nis­tra­teur de garde, et les élus du CHSCT d’une situa­tion dan­ge­reuse.

Nous vous invi­tons également à nous indi­quer les pré­sen­ta­tions médi­ca­men­teu­ses sour­ces de confu­sion , afin de cons­ti­tuer une banque de don­nées sur des pré­sen­ta­tions et étiquettes de médi­ca­ments qui majo­rent le risque d’erreur.

La situa­tion est grave, il convient de réagir en pro­fes­sion­nels pour pré­ve­nir les ris­ques.

Plus d’infor­ma­tions :

Erreurs de médi­ca­ments : règles à obser­ver

Responsabilite juri­di­que de l’infir­mière

Les erreurs de medi­ca­tion,

Comment l’erreur arrive : le point de rup­ture est atteint,

Les patients paient le prix du manque de per­son­nel et des sur­char­ges de tra­vail,

Document(s) joint(s) à l'article
tract - (287.1 kio) - PDF
Partager l'article
     



Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Déclasser les sciences infirmières, c’est affaiblir la santé publique

Une décision administrative peut parfois révéler une vision politique. C’est le cas du choix (…)

Universités d’Hiver de l’HAD : IA, éthique et sens du soin

Participer ce mercredi 10 décembre aux Universités d’Hiver de l’HAD a été un vrai moment de (…)

Intérim infirmier : la fausse solution qui masque la vraie crise du soin

Limiter l’intérim pour les jeunes infirmiers serait, dit-on, une mesure de « sécurité ». (…)

Élection du nouveau Conseil National du syndicat infirmier SNPI

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) a procédé, lors de son (…)

Contribution du SNPI : Projet d’arrêté “Actes et soins infirmiers”

L’arrêté relatif aux actes infirmiers constitue un moment déterminant pour donner effet à la loi (…)

Arrêté “Actes et soins infirmiers” : pourquoi le SNPI demande une réécriture ambitieuse

Le projet d’arrêté définissant les actes infirmiers devait permettre de mettre enfin en (…)