Le ministre des "canons à eau" soutient l’homme des huissiers

13 juin 2015
La gauche caviar se serre les coudes face au petit peuple des blouses blanches qui ose manifester sous les fenêtres de leurs salons dorés...
"En tete du cortège, ni bousculade, ni provocation. Quand les forces de l’ordre passent à l’attaque, sans la moindre sommation, c’est la surprise puis la consternation. Deux blessés sont évacués. On en comptera cinq de plus en fin de journée, dont un jeune homme victime d’un traumatisme cranien et une élève infirmière de Bichat ayant le tympan perforé par le jet d’un canon à eau. Bilan ahurissant qui va émouvoir l’opinion publique et provoquer le durcissement du mouvement infirmier. On a osé tirer sur des infirmières."
Cet extrait d’un article de presse ne correspond pas au gazage des blouses blanches devant l’Élysée le 11 juin 2015. Cette fois, en dehors de la vidéo passée sur canal plus, la presse est restée silencieuse sur cette répression incompréhensible d’une manifestation pacifique d’hospitaliers. Elle correspond à la manifestation infirmière du 17 octobre 1991, dont on peut voir les extraits au 20h des télévisions de l’époque :
http://www.ina.fr/video/CAB91053411
http://www.ina.fr/video/CAB91053349
Le 11 juin 2015, nous étions 15.000 à manifester du Siège de l’APHP (Hôtel de Ville) à l’Elysée : comme nous demandions à ce qu’une délégation soit reçue, nous avons eu droit à du Gaz lacrymo . Les images montrent bien que la délégation est allée au devant des policiers, sans insulter ou jeter des pavés, les soignants ne sont pas des délinquants :
http://m.canalplus.fr/?vid=1275804
https://www.youtube.com/watch?v=TNIb1FQAJ4o
Heureusement, un camion des sapeurs pompiers de Paris est venu porter secours aux victimes, tout en s’interposant au plus près pour protéger les soignants des violences policières.
En 1991 donc, les infirmières avaient déjà été victimes des canons à eau du lors d’une manifestation pacifique. Bruno Durieux était alors le Ministre délégué auprès du ministre des Affaires sociales, Claude Evin. Le même Claude Evin qui juste le lendemain du gazage des blouses blanches, apporte dans la presse son soutien à son collègue de répression, le Haut-commissaire aux solidarités, devenu un Père fouettard à l’AP-HP.
Comment qualifier autrement le fait d’envoyer un huissier prendre des photos et des noms d’agents réunis pacifiquement pour un pique-nique dans les jardins de la Pitié Salpétrière ? De demander à ses directeurs de fermer des selfs du personnel, quitte à jeter les plats chauds ?
Dernier exemple de cette répression désormais ordinaire dans le plus grand CHU de France : :
http://www.syndicat-infirmier.com/Repression-ordinaire-a-l-AP-HP.html
Docteur Jekyll et Mister Hyde ?
Son dialogue social, c’est du bla-bla pour la presse, car depuis un mois, Martin Hirsch s’amuse à nous envoyer des policiers ou des huissiers, alors qu’il n’y a eu aucune violence, aucune dégradation. Alors que les syndicats ont un comportement responsable, lui est dans l’affrontement, pas dans la recherche d’un compromis. Sur le terrain, des directeurs arrachent nos affiches... pour mettre les leurs, des A3 de propagande pour vendre leur projet.
Sur un budget annuel de 7 milliards d’euros, l’AP-HP n’avait un déficit que de 8 millions en 2013, et de 9 millions en 2014. Présenté le 8 juin 2015 en commission médicale d’établissement (CME), l’État prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) 2015 de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) présente un retour à l’équilibre marqué par un excédent de 40 millions d’euros. Par ailleurs, la dette est en baisse de 13% depuis 3 ans.
"Comment Martin Hirsch peut-il croire que les agents vont le laisser faire 30 millions d’économies sur le dos du personnel, alors que l’AP-HP prévoit 40 millions de bénéfice ?" demande Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC). "On se retrouve dans la situation des entreprises privées qui licencient alors qu’elles font des bénéfices !"
"Depuis 4 ans, du fait d’une succession de plans d’économies, l’AP-HP a du réduire ses dépenses de 150 millions par an, soit 600 millions d’économies, en supprimant du personnel, en baissant la qualité du matériel, en vendant des locaux, en fermant des lits : aujourd’hui, il n’y a plus de gras, on a atteint l’os !" précise Thierry Amouroux.
"Avec une logique industrielle de flux tendu, l’infirmière d’un service se retrouve sans seringue de 10 cc ou de compresses, et doit aller aller en chercher dans un autre service. Telle autre devra garder sa blouse deux ou trois jours faute de blouse de rechange. Parfois on manque même de draps pour changer les lits, comme à l’HEGP. Le quotidien infirmier, c’est gérer le manque."
"C’est aussi s’adapter à du matériel déficient, car à bas coût, dont on jette une partie car il est défectueux. C’est revenir régulièrement surveiller une perfusion dont le goutte-à-goutte se dérègle, aux dépens du temps d’écoute, de relation d’aide et d’accompagnement."
Plus de détails sur http://www.syndicat-infirmier.com/-AP-HP-hopitaux-de-Paris-.html