Vaccins COVID19 : analyse infirmière du bénéfice/risque par SNPI

15 décembre 2020
Notre devoir d’infirmières est d’informer correctement la population, pour que chacun prenne sa décision en toute connaissance de cause, par un consentement libre et éclairé, et non par des injonctions. Entre discours alarmistes et thèses complotistes, il y a une juste mesure, avec un "bénéfice-risque" individuel en fonction de l’état de santé personnel (âge, obésité, maladies chroniques) et du contexte familial (personnes à risques).
Pour ce qui est de la vaccination COVID19, le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI rappelle que tous ces vaccins évaluent efficacité pour empêcher la MALADIE (donc les symptômes / la pneumonie) mais pas l’INFECTION (donc le risque de transmission)
**** Nous disposons de données partielles sur 2 vaccins :
1) PFIZER/BIOTECH, un document d’information sur l’étude C4591001 (43.000 personnes, 2 mois après seconde injection, essentiellement USA et RU).
Problèmes pour le SNPI :
testé sur seulement 1617 plus de 75 ans (dont la moitié avec placebo), alors que les premiers vaccinés seront des résidents en EHPAD (souvent plus de 85 ans).
des effets secondaires souvent bénins mais très fréquents :(fatigue, maux de tête, courbatures) qui amènent à conseiller de prévoir un jour de congé le lendemain de la seconde injection
suite à des cas de réactions d’hypersensibilités chez des soignants, le NHS recommande de ne pas administrer ce vaccin aux personnes présentant des antécédents allergiques (même alimentaire).
https://www.vidal.fr/actualites/26337-vaccin-pfizer-biontech-contre-la-covid-19-enfin-des-donnees-a-analyser.html
2) Le 15 décembre 2020, Moderna et la FDA (Food and Drug Administration) ont chacun publié un document d’information sur l’étude mRNA-1273 (30 418 personnes aux États-Unis).
Le vaccin Moderna se conserve à -20°C (stockage longue durée), puis entre 2 et 8°C pendant 1 mois.
Une injection de vaccin mRNA-1273 contient 3,3 fois plus d’ARN messager qu’une injection de vaccin BNT162b de PFIZER/BIOTECH.
Problèmes pour le SNPI :
Testé sur seulement 1712 personnes de plus de 75 ans (dont la moitié avec placebo), la question de la protection des plus de 75 ans demeure.
Nous manquons de données sur la transmission du virus par des personnes vaccinées et néanmoins atteintes de formes asymptomatiques. Les données des tests PCR entre les 2 injections semblent même confirmer qu’une partie des personnes vaccinées peuvent présenter des formes asymptomatiques avec PCR nasopharyngienne positive (ce qui reste à montrer après un schéma vaccinal complet de 2 injections) : dans cette étude, 14 personnes vaccinées (une seule injection effectuée 4 semaines auparavant avec un taux de protection estimé à 80,2 %) ont été testées positives par PCR...
Les effets indésirables semblent être plus fréquents chez les personnes de moins de 65 ans, ainsi qu’après la 2e injection. Les effets le plus couramment observés sont une douleur au point d’injection, une fatigue, des maux de tête et des courbatures.
https://www.vidal.fr/actualites/26382-vaccin-moderna-c-est-la-meme-chanson-que-le-vaccin-pfizer-biontech-avec-quelques-bemols.html
Alors que c’est une question essentielle pour le contrôle de la pandémie, nous ne savons rien sur la transmission du virus par des personnes vaccinées et néanmoins atteintes de formes asymptomatiques. En l’absence de données sur cette question, le respect des gestes barrières devra persister en dépit de la vaccination, tant que la pandémie ne sera pas contrôlée.
Mêmes interrogations (aucune info sur une éventuelle diminution de contagiosité, Quid des patients ayant déjà fait une COVID ?) dans l’article d’analyse :
L’évaluation de la balance bénéfice-risque va conditionner l’utilisation à grande échelle des vaccins contre le Covid. Conformément aux recommandations HAS, protéger rapidement nos anciens avec les vaccins disponibles est un impératif, vu les risques de décès liés au Covid. Mais qu’en est-il pour un adulte en bonne santé, pour une maladie avec autant d’asymptomatiques ?
Sur les 48 candidats-vaccins actuellement en essais cliniques sur l’homme, seuls onze sont entrés dans la phase 3, selon l’Organisation mondiale de la santé. Nous n’avons donc pas de données sur le bénéfice/risques pour chaque groupe de population. Si un vaccin apparaît plus efficace qu’un autre sur les personnes âgées par exemple, il devrait être privilégié par rapport à un autre.
https://www.syndicat-infirmier.com/Donnez-votre-opinion-sur-les-futurs-vaccins-COVID19.html
https://www.ladepeche.fr/amp/2020/11/26/coronavirus-on-na-pas-assez-de-donnees-sur-la-securite-des-vaccins-alertent-des-scientifiques-9222509.php?__twitter_impression=true
Attention, position HAS sur la vaccination des personnes déjà COVID19
En réponse à une saisine complémentaire de la Direction générale de la santé, le 18.12.20, la HAS a précisé son avis sur les populations à vacciner, notamment les personnes âgées résidant en hébergement collectif, autre que les EHPAD.
Les moins de 16 ans et les femmes enceintes sont exclus de la vaccination pour l’instant car les études n’ont pas étudié leurs cas. De plus les recommandations nationales étrangères (notamment anglaises) identifiées à ce stade ne recommandent pas la vaccination pendant la grossesse.
"La HAS estime à ce stade qu’il n’y a pas lieu de vacciner systématiquement les personnes ayant déjà développé une forme symptomatique de la Covid-19. Toutefois, dans le respect des recommandations préliminaires du 30 novembre, ces personnes doivent pouvoir être vaccinées si elles le souhaitent à l’issue d’une décision partagée avec le médecin. Dans ce cas, il parait alors préférable de respecter un délai minimal de 3 mois à partir du début des symptômes."
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3225633/fr/vaccination-contre-la-covid-19-la-has-precise-ses-recommandations-sur-la-priorisation-des-publics-cibles
La HAS a repris cette même position sur les personnes déjà atteintes du COVID19, dans sa fiche du 7 janvier 2021.
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-12/reponses_rapides_dans_le_cadre_de_la_covid-19_-_consultation_de_prevaccination_contre_la_covid-19_en_soins_de_premier_recour.pdf
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L’Académie nationale de médecine se montre réservée face à la possibilité de retarder l’injection de la deuxième dose de vaccin contre le Sars-CoV-2. Dans un communiqué daté du 12 janvier, elle estime qu’il faut se conformer "autant que possible" au schéma vaccinal prescrit par le fabricant, et ne différer l’injection de la seconde dose "que si les circonstances l’exigent" (manque de doses disponibles), avec un dépassement maximal de 3 semaines. Cet élargissement du délai devant être réservé aux personnes âgées de moins de 50 ans et ne présentant aucun facteur de risque de forme grave de Covid-19.
https://www.egora.fr/actus-medicales/infectiologie/63685-retarder-la-2eme-dose-de-vaccin-anti-covid-un-danger-selon-l#xtor=EPR-3-1[News_En_Bref]-20210113-[_1]
Si les résultats communiqués par les laboratoires sont globalement encourageants, de nombreux questions persistent, tant sur la durée de l’immunité conférée que sur la protection des personnes les plus à risque de formes sévères, l’impact sur la transmission du virus par les personnes vaccinées, ou la toxicité à long terme.
Invité de France 2 le 29 décembre, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé que la liste des personnes prioritaires pour recevoir le vaccin serait élargie, “d’ici la fin du mois de janvier” aux “professionnels de santé âgés 50 ans et plus ou qui souffrent de maladies qui les exposent à des risques de forme grave”.
Le SNPI est opposé à une vaccination obligatoire des soignants, ainsi qu’à une vaccination obligatoire des citoyens. Les citoyens sont des adultes, il faut convaincre et non contraindre. Voir le face à face dans la vidéo de 4mn sur RT : https://www.youtube.com/watch?v=rSwWSHpuoDU&feature=youtu.be
En effet, beaucoup d’entre nous ont été contaminés lors de la première vague ou lors de la seconde, et que nous nous avons des anticorps. Et la Haute autorité de santé a dit que pour l’instant, il ne fallait pas vacciner si on est déjà porteur d’anticorps. Donc on est en attente de données scientifiques.
https://www.20minutes.fr/societe/2941615-20201230-coronavirus-non-vaccination-interdite-personnes-deja-contaminees
La position du SNPI en réaction au "DGS urgent" du 31.12.20 :
https://www.syndicat-infirmier.com/Vaccination-COVID19-des-soignants-reaction-SNPI-au-DGS-Urgent-du-31-12-20.html
Information et accord du patient pour la vaccination, comment ça marche ?
Il a été décidé et annoncé au niveau national que la vaccination COVID ne sera pas obligatoire et résultera du libre choix de chacun. Le recueil du consentement se fait dans le cadre du droit et des règles habituelles, connues et pratiquées par les médecins : délivrance d’une information loyale, claire et appropriée, respect du consentement libre et éclairé de la personne.
En pratique, c’est la consultation pré-vaccinale qui permet d’informer le patient, de répondre à ses questions et de recueillir son accord oral. Elle permet également de vérifier l’absence de contre-indication à la vaccination. Cette consultation doit être tracée dans le dossier du patient. Il n’y a pas de délai imposé entre la réalisation de cette consultation et la vaccination.
Si le patient n’est pas apte à donner son accord, la démarche sera celle qui est menée de manière ordinaire dans cette situation, selon que le patient fait l’objet d’une mesure de protection ou non.
Consignes pour les soignants :
Le vaccin peut entraîner des effets secondaires bénins dans les 48 premières heures après la vaccination. L’administration de paracétamol peut être proposée.
De rares accidents d’anaphylaxie ont été observés dans les minutes suivant l’injection. Il est donc nécessaire de détecter les personnes à risque et de disposer sur place d’adrénaline injectable.
documents du ministère https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/vaccination_covid_affiches_ehpad_usld.pdf
Après l’annonce de la stratégie de vaccination par le gouvernement jeudi 3 décembre, le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) Thierry Amouroux salue la décision de renoncer aux "vaccinodromes" mais soulève les inquiétudes des soignants, faute de données scientifiques publiées.
https://www.ladepeche.fr/2020/12/04/strategie-vaccinale-on-est-un-peu-inquiets-reagit-le-syndicat-des-infirmiers-9238345.php
Nous partageons pleinement les propos du Pr Alain Fischer, président du "conseil d’orientation pour la stratégie vaccinale", dans son intervention faite à la tribune de la conférence de presse du Premier Ministre le 3 décembre, à coté de Jean Castex
Lors du débat "La grande confrontation" organisé le 8 décembre 2020 sur LCI intitulé "Vaccin : vérités et mensonges", David Pujadas recevait le ministre de la Santé, Olivier Véran, confronté aux questions de 4 Français en direct sur le plateau, dont Thierry Amouroux, qui a pu l’interroger sur les enjeux de la vaccination COVID19 (effet sur la protection individuelle contre la maladie, effet sur la transmission,...) en particulier de 39’ à 44’, puis de 58’ à 1h03, et enfin à 1h19
https://www.lci.fr/sante/video-covid-19-vaccin-deconfinement-restrictions-revivez-la-grande-confrontation-d-olivier-veran-sur-lci-2172165.html
En tant qu’infirmiers, nous connaissons le bénéfice des 11 vaccinations obligatoires en France, et déplorons les dangers parfois mortels que font courir aux plus fragiles ceux qui refusent une vaccination contre la rougeole. Nous invitons également les personnes fragiles ou âgées à se faire vacciner chaque année contre la grippe. Et les soignants au contact des personnes âgés ou porteurs de maladies chroniques, à pratiquer cette vaccination antigrippale altruiste pour protéger leurs patients.
Toutefois, si en étant vacciné COVID19, cela nous transforme seulement en personnes asymptomatiques mais toujours contagieuses, cela pose question. C’est d’autant plus important pour nous parce qu’on travaille avec des personnes fragiles. La vaccination pour nous est avant tout altruiste, mais si le vaccin COVID19 ne permet pas de contrôler la transmission, c’est un problème. Nous avons besoin de réponses scientifiques sur ce point.
https://www.europe1.fr/sante/covid-19-les-soignants-peu-enclins-a-se-faire-vacciner-4009389
Afin d’anticiper les intentions des Français en matière de vaccination contre le COVID-19, Santé publique France, l’INSERM et le CNRS lancent une enquête en population générale visant à mieux comprendre l’adoption des mesures de protection et mesurer l’acceptabilité à la vaccination contre le COVID-19 dans la population adulte âgée de 18 à 64 ans. Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers vous invite à répondre au questionnaire en ligne (il prend environ 15 minutes pour véritablement vous laisser vous exprimer sur les divers scénarios) : http://surveyd.bilendi.com/survey/selfserve/53b/g001/bva?COVID=2# ?
Pathologies justifiant une vaccination prioritaire contre le COVID-19
● l’obésité (IMC 30 ), particulièrement chez les plus jeunes,
● la bronchopathie chronique obstructive et l’insuffisance respiratoire,
● l’hypertension artérielle compliquée,
● l’insuffisance cardiaque,
● le diabète (de type 1 et de type 2),
● l’insuffisance rénale chronique,
● les cancers et maladies hématologiques malignes actifs et de moins de 3 ans,
● La transplantation d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques,
● la trisomie 21.
Par ailleurs, nous soignants, nous estimons très pédagogique que les 42 membres du gouvernement soient publiquement vaccinés par des médecins civils, AVANT nos anciens en #ehpad pour donner l’exemple. L’argument des ministres de garder les vaccins pour les plus fragiles est purement fallacieux : pour des millions de doses, on est pas à 42 injections. Aux États-Unis, le président élu Joe Biden et les anciens présidents américains Barack Obama, George W. Bush, Bill Clinton se sont dits prêts à se faire vacciner publiquement contre le Covid-19 afin d’encourager leurs concitoyens à en faire de même.
https://www.bfmtv.com/politique/covid-19-pourquoi-les-membres-du-gouvernement-ne-se-feront-pas-vacciner-en-priorite_AN-202012040150.html
Le risque de maladie aggravée associée à la vaccination (VAED) existe bel et bien dans la COVID-19 (comme en témoignent les travaux sur les vaccins contre le SRAS). La surveillance risque d’être rendue complexe par plusieurs facteurs, dont le délai considérable habituellement constaté entre la vaccination et la VAED (au moins 2 ans pour la dengue, par exemple) :
https://www.vidal.fr/actualites/26105-vaccins-contre-la-covid-19-doit-on-s-inquieter-du-risque-de-maladie-aggravee-chez-les-personnes-vaccinees.html
Enfin, à coté des vaccins, le SNPI estime important de trouver un médicament contre le covid19,
comme par exemple l’antibiotique Clofoctol étudié par l’institut Pasteur de Lille :
http://www.syndicat-infirmier.com/Covid19-et-Clofoctol-l-antibiotique-teste-par-l-Institut-Pasteur-de-Lille.html
ou les travaux des chercheurs de l’Institut des sciences biomédicales de la Georgia State University sur l’antiviral Molnupiravir, pouvant agir sur la transmission du virus
https://medicalxpress.com/news/2020-12-oral-drug-blocks-sars-cov-transmission.html
https://fr.news.yahoo.com/covid-19-molnupiravir-stopper-transmission-virus-24-h-133941842.html
COVID long à manifestations tardives
En temps ordinaire, la Food and Drug Administration FDA, responsable des médicaments, exige six mois de suivi. Mais pour le COVID19 elle a consenti à réduire les délais à 2 mois.
Pourtant, combien de contaminés de mars/avril ont encore des signes de "COVID long" en décembre ?
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/vaccins-contre-le-covid-19-comment-les-effets-secondaires-potentiels-sont-ils-evalues_4202285.html
Le « COVID long » est défini par l’ensemble des manifestations tardives survenant après une infection par SARS-CoV 2. La prévalence du long COVID est inconnue mais certains auteurs rapportent que jusqu’à 10-15% des patients continuent d’avoir des symptômes 3 semaines après le début de la maladie.
Nous invitons un maximum de personnes à participer à l’étude lancée sur le "Covid long", dans l’objectif de développer un questionnaire pour une mesure valide et fiable de l’évolution du COVID long : https://compare.aphp.fr/actualites/182-consequences-a-long-terme-de-la-covid-19.html
Quelle logistique de vaccination
Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI se félicite de la stratégie graduée proposée par la HAS pour la vaccination COVID19 (voir ci-dessous). Reste à savoir si l’intendance suivra, car au vu de la rapide pénurie de vaccin grippal cette année, on réalise que notre gouvernement s’est spécialisé dans la gestion des manques (de masques, puis de tests, et aujourd’hui de vaccin grippal).
Le syndicat des infirmiers estime indispensable de s’appuyer sur les infirmiers libéraux pour les personnes fragiles et la médecine du travail pour les hospitaliers.
A partir de la phase 2 proposée par la HAS, le SNPI est particulièrement méfiant sur l’organisation de "vaccinodromes" dans des gymnases ou hall d’aéroports fermés comme en Allemagne. Le gouvernement a indiqué le 3/12 ne pas y être favorable, mais ils changent d’avis sur tout (masques, tests, écoles,...), donc nous restons vigilants.
Nous avons gardé un goût amer des dérives liées à la circulaire Hortefeux du 21 août 2009 relative à la vaccination de masse pour H1N1, qui allait à l’encontre de nos pratiques professionnelles. Celle-ci organisait en effet un fractionnement des tâches.
Or, qu’une équipe soignante prépare les injections, puis qu’une deuxième injecte et enfin qu’une troisième équipe, administrative, assure la traçabilité à l’hôpital, constitue une faute professionnelle : la même personne doit préparer, injecter et noter ce qu’elle a fait. Nous avions dénoncé cela lors de la Commission d’Enquête parlementaire :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-off/i2226.asp#P689_235258
http://www.syndicat-infirmier.com/Commission-d-enquete-H1N1-le-SNPI.html
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Par communiqué mis en ligne le 30 novembre 2020, la HAS affine ses recommandations sur la priorisation des populations à vacciner contre la Covid-19. Cette stratégie - par phase et par ordre de priorité - répond à un double objectif : réduire les hospitalisations et les décès et maintenir les activités essentielles du pays, particulièrement celles du système de santé pendant l’épidémie. Deux critères principaux ont été pris en compte par la HAS pour établir cette priorisation : l’existence d’un facteur de risque individuel de développer une forme grave de la maladie et l’exposition accrue au virus.
Le 28 juillet dernier, la HAS avait publié des recommandations préliminaires sur la stratégie vaccinale contre la Covid-19 qui posait une première priorisation des populations à vacciner. Sur saisine du directeur général de la santé, la HAS actualise aujourd’hui son avis initial, et affine la priorisation des populations à vacciner à partir des nouvelles données disponibles : évolution du contexte épidémique, premières données des candidats vaccins déjà disponibles ou attendues à court terme et allocation limitée et progressive des doses de vaccins en France et en Europe.
Les premiers objectifs du programme de vaccination contre le Sars-Cov-2 seront de réduire la morbi-mortalité attribuable à la maladie (hospitalisations, admissions en soins intensifs et décès) et de maintenir les activités essentielles du pays, particulièrement celles du système de santé pendant l’épidémie.
Pour que la stratégie vaccinale vise le contrôle de l’épidémie, il est nécessaire d’attendre que les études établissent la preuve que les vaccins ont une efficacité possible sur la transmission du virus et que la disponibilité des vaccins soit suffisante.
Ces recommandations seront à actualiser et à adapter en fonction des données sur chaque vaccin, de leur disponibilité effective et des tensions éventuelles sur l’approvisionnement. La HAS rappelle qu’elle ne préconise pas, à ce stade, de rendre obligatoire la vaccination contre la Covid-19.
Deux critères de priorisation : le risque de faire une forme grave de la Covid-19 et le risque d’exposition au virus
Afin d’établir la priorisation des personnes à vacciner à l’initiation de la campagne de vaccination, la HAS a mené une revue de la littérature scientifique en vue d’identifier les facteurs de risques de formes graves, c’est-à-dire conduisant à une hospitalisation ou au décès, ainsi que les facteurs de risque d’exposition en secteur professionnel ou selon les modes d’hébergement.
Les deux facteurs de risque de formes graves les plus importants sont l’âge avant tout, ainsi que la présence de comorbidités. La HAS retient les comorbidités identifiées dans les publications scientifiques comme à risque avéré d’hospitalisations ou de décès : obésité (IMC 30) en particulier chez les plus jeunes, BPCO et insuffisance respiratoire, hypertension artérielle compliquée, insuffisance cardiaque, diabète de types 1 et 2, insuffisance rénale chronique, cancers récents de moins de trois ans, transplantation d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques et trisomie 21. D’autres pathologies ou formes de handicap pourront être intégrées au fur et à mesure de l’acquisition des connaissances.
Concernant le risque d’exposition, la HAS a établi au terme de son analyse que les professionnels les plus à risque sont les professionnels de santé médicaux, les paramédicaux et auxiliaires médicaux, les brancardiers ainsi que les travailleurs sociaux et les personnels du secteur des services à la personne susceptibles d’accueillir et d’être en contact avec des patients infectés par le SARS-CoV-2.
Une stratégie par étape et par ordre de priorité
La HAS a élaboré une stratégie vaccinale préliminaire, en commençant par prioriser les personnes les plus à risque de forme grave et les plus exposées au virus, pour tenir compte d’une arrivée progressive de doses de vaccins au fil de l’année 2021. Elle identifie ainsi cinq phases. Les trois premières couvrent la phase critique d’initiation de la campagne de vaccination et ont pour objectif de permettre la vaccination de l’ensemble des personnes à risque de forme grave de Covid-19 afin de réduire les hospitalisations et les décès et les personnes qui sont fortement exposées au virus. Les deux phases suivantes devraient permettre d’ouvrir largement la vaccination aux plus de 18 ans sans comorbidités et seront précisées au fur et à mesure de l’atteinte des objectifs des phases précédentes.
Première phase à l’arrivée des toutes premières doses
Compte tenu du nombre limité de doses qui seront disponibles au démarrage de la campagne de vaccination, la HAS recommande de vacciner en priorité des priorités les personnes âgées résidant en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou tout autre hébergement collectif. Représentant un tiers des décès, ce sont les premières victimes de la maladie depuis le début de l’épidémie.
Parmi les professionnels qui répondent au critère d’exposition mentionnés plus haut, la HAS recommande de commencer à vacciner dans cette première phase les professionnels du secteur de la santé, du secteur médico-social et du transport sanitaire dont l’activité ne doit pas être interrompue en période épidémique, en ciblant prioritairement ceux qui sont amenés à être en contact prolongé et régulier avec des personnes susceptibles d’être infectées par le Sars-Cov-2 et qui présentent eux-mêmes un risque de forme grave (professionnels de plus de 65 ans et/ou avec comorbidité(s)). Il s’agit ainsi des professionnels des EHPAD, des unités de soins de longue durée (USLD).
Deuxième phase critique
Pour cette seconde phase - et dès lors qu’un nombre plus important de doses sera disponible - la HAS recommande de vacciner les personnes ayant plus de 75 ans, puis les personnes de 65 à 74 ans ayant une comorbidité, puis les autres personnes de 65-74 ans. La HAS recommande par ailleurs de poursuivre la vaccination des professionnels du secteur de la santé, du médico-social et du transport sanitaire, en priorisant les professionnels âgés de plus de 50 ans ou présentant une comorbidité, quel que soit leur mode/lieu d’exercice.
Troisième phase critique
L’objectif reste la réduction des hospitalisations et des décès. En complément des personnes ciblées aux précédentes phases qui n’auront pas encore pu être vaccinées, la HAS préconise de vacciner l’ensemble des personnes plus de 50 ans ou de moins de 50 ans mais à risque de forme grave du fait de leurs comorbidités. Par ailleurs, à ce stade de la montée en charge de l’approvisionnement en vaccins, outre la vaccination de l’ensemble des professionnels du secteur de la santé et du médico-social, la vaccination des professionnels issus des secteurs indispensables au fonctionnement du pays pourra être entreprise et déterminée par le gouvernement, secteurs de la sécurité ou de l’éducation par exemple.
Quatrième phase
Les phases précédentes auront déjà permis de cibler les personnes (professionnels ou individus) les plus à risque. Durant cette quatrième phase, il s’agit donc de vacciner les personnes fortement exposées au virus du Sars-Cov-2 et qui n’auraient pas été vaccinées antérieurement (car moins de 50 ans et sans comorbidité). Cela concerne notamment les professionnels dont l’environnement de travail favorise une infection (contacts réguliers du public, milieu clos...) ou les personnes vulnérables ou précaires ayant un pronostic moins favorable en cas d’infection par la Covid-19 (résident en hôpital psychiatrique, sans domicile fixe, détenus...).
Cinquième phase
La HAS estime qu’à cette cinquième phase - sous réserve que les allocations de doses vaccinales auront été suffisantes pour vacciner chacune des populations prioritaires – la vaccination des personnes de plus de 18 ans et sans comorbidité pourrait alors être initiée.
Voir également (article du 08.10.12) https://www.vidal.fr/actualites/25914-vaccins-contre-la-covid-19-un-point-sur-les-essais-de-phase-iii-en-cours.html